… pour qui l’école n’est pas le seul lieu d’apprentissage !
« La petite musique du Monde » porte un regard inattendu sur l’apprentissage en général
et l’école en particulier ! Un sujet difficile, parfois brûlant.
Pour ce nouveau livre numérique, écrit par Cathy Dutruch (dont c’est la deuxième contribution pour LSQR) et illustré par Farah Allègue, La Souris Qui Raconte questionne.
Leurs réponses, parfois crues, entre tendresse et passion ! Merci à vous deux.

LSQR : Cathy comment avez-vous imaginé votre récit ? Parlez-nous un peu plus en détail de Victor.

C. : Victor est la synthèse imaginaire (ou qui sait…) de plusieurs enfants « différents » rencontrés au cours de ma vie d’enseignante (et de pas enseignante).
Il est aussi un clin d’œil littéraire à Victor, le célèbre enfant sauvage dont tout le monde connaît l’histoire. L’appeler Victor était un choix délibéré. Une référence, pour parler des « enfants sauvages ». J’ai de l’affection pour ce Victor là ! Mais pour tous les Victor aussi.
Si les enfants sauvages élevés par des loups ont disparu, il existe encore des « enfants sauvages ». Des enfants vivant dans des tribus lointaines et dont la « socialisation » ne répond pas à nos codes d’éducation, par exemple. Des enfants non scolarisés principalement.
Il y a ceux qui n’entrent pas dans le « moule » adéquat, qui ne peuvent pas intégrer le mode école, pour tout un tas de raisons, ces enfants là, je les aime et je les respecte. Il faut écouter leur refus et comprendre leur impossibilité à accepter un « modèle » préétabli. J’aime aussi ceux qui entrent dans le moule et en sortent dès qu’ils quittent l’école !
Je ne parle pas ici des enfants différents confrontés à un problème psychologique ou physique qui fait qu’ils ne peuvent pas pratiquer l’école comme les autres. Non ça c’est une autre histoire.
Victor élève des oiseaux parce qu’il est intelligent, pas parce qu’il est déficient.

LSQR : Et vous Farah, comment vous êtes-vous immergée dans le personnage ?

F. : J’ai tout de suite été interpellée par l’histoire du petit Victor. Qui ne s’est pas déjà senti enfermé dans un système ? Qui n’as pas déjà eu envie de se détacher des règles seulement pour apprécier la vie pour ce qu’elle est ? Victor nous représente tous un petit peu, chacun de nous a un petit enfant sauvage à l’intérieur de soi. Pour m’immerger dans le personnage, je n’ai donc eu qu’à gratter pour aller chercher cette partie là en moi.

LSQR : Cathy votre texte est sensible et poétique. Vous y pointez du doigt les écueils d’institutions trop rigides ! Qu’est ce que l’ex enseignante peut nous dire là-dessus ?

C. : Tout le monde aurait une expérience à raconter avec les institutions trop rigides ! Je connais peu d’adultes qui ont un souvenir merveilleux de l’école. Et si ce n’est l’école, alors c’est le collège ou le lycée qui a laissé des blessures.
Vous voulez mon avis d’ex enseignante ?
Je connais des enseignants dont le cartable est rempli de tendresse et de respect. Mais j’en connais aussi tant d’autres, mauvais, psycho-rigides, dangereux, n’ayant rien d’autre à transmettre qu’une obéissance sinistre à l’institution.
L’école publique est devenue un lieu conflictuel, dans lequel les enseignants méprisent les parents, et inversement. Elle appartient à une génération chômage qui a choisi ce métier par défaut… Les instits rejettent les parents hors des grilles, les accusant de ne pas assumer leurs obligations. Ce qui malheureusement, tragiquement est devenu vrai pour beaucoup. Donc, même si dans le lot il y a de bons instits, intelligents et respectueux, bons dans leur transmission du savoir, il y a maintenant tellement de parents démissionnaires, de parents haineux et anti fonctionnaires (on leur a bien inculqué ça aussi politiquement), de parents malheureux, chômeurs, en détresse, bref, tout ce mélange triste de la nouvelle société, et bien cela fait que le dialogue, l’échange est rompu. Pour toutes ces raisons, l’école publique ne peut plus remplir son rôle, pour toutes ces raisons, les parents sont en rupture avec l’école publique.
Et au milieu, ce n’est pas la maitresse qui est au feu comme dit la chanson, c’est l’enfant !
Mais enfin !…  Je dédie cette histoire à tous ces enseignants qui aiment leur métier et le font bien, sans se prendre pour des psys ou des juges aux affaires familiales.

On en aurait pour des heures à discuter…vous savez !

LSQR : En effet, votre discours est le reflet d’un problème fondamental majeur (politico quelque chose…), dont l’éducation nationale n’est que l’un des stigmates ! Comme vous dites on pourrait en discuter des heures. Alors tournons-nous vers le Canada, l’herbe est-elle plus verte dans le jardin du voisin ? Farah comment les enfants vivent-ils leur scolarité là-bas ?

F. : Je ne sais pas vraiment comment les enfants vivent le primaire ici puisque je ne suis arrivée au Canada qu’à l’âge de 16 ans. D’ailleurs, durant mes années d’études qui ont suivi, j’ai eu la chance de croiser le chemin de certains professeurs qui m’ont aidé à suivre mon cœur. Cela m’a énormément poussée dans mon choix de vivre de ma passion, et non d’un métier quelconque. Mais toute ma jeune scolarité, je l’ai vécue en Tunisie. C’était naturellement très différent, plus strict, moins ouvert pour les âmes artistiques. Mais j’en garde quand même de très bons souvenirs. J’ai été dans une école dirigée par des sœurs. Derrière leurs airs austères, elles ont un très grand cœur et surtout un grand amour pour la nature et l’enseignement.

LSQR : L’école si elle est une souffrance pour certains enfants, reste un passage obligé ! Alors, c’est quoi pour vous l’école idéale ?

C. : Ce n’est pas l’école qui est obligatoire, il faut le rappeler, c’est l’instruction ! Cela fait une sacrée différence. Passage obligé pourquoi ? Pour la socialisation ? Elle peut s’organiser autrement. Je connais de plus en plus de familles qui font le choix de scolariser leur enfant à la maison. Les gens s’organisent. Ce n’est pas donné à tout le monde, c’est vrai, mais cela n’empêche pas de proposer de nouvelles solutions. Vous souvenez vous de « libres enfants de Summerhill » ? C’était une belle expérience, bien que je ne la pense pas plausible. Les initiatives permettent d’avancer, de réfléchir. Donc soyons libres d’essayer autre chose.
L’école idéale n’est pas celle que nous avons en France, ça c’est sûr ! Pour personne, elle n’est idéale et elle tue l’école, l’idée belle de l’école.
Je me rapproche un peu de Maria Montessori, avec en plus l’idée de refuser que l’école ne fabrique des consommateurs, des machines à pensée unique, des formatés politiques, etc. Je rêve, souhaite et veux une école libre, libérée, ouverte aux apprentissages multiples, où de nombreux intervenants apporteraient leur savoir, qui ne serait plus ainsi dans les mains d’une seule personne, où les apprentissages seraient « repensés ». J’ai beaucoup réfléchi sur le sujet et je suis prête à me lancer dans l’aventure si cela intéresse quelqu’un ici, qui nous lit. Absolument prête !

F. : J’ai entendu parler d’une école en Australie où les enfants autant que les professeurs se mettaient pieds nus en classe et « discutaient » toute la journée de divers sujets. Ils avaient aussi une sortie par jour où ils se rendaient à la mer pour découvrir la faune. Pour moi, ce modèle s’approche assez de mon école idéale : une école où l’on apprend la vie par la pratique, par le réel, et non la tête plongée dans des livres.

LSQR : Il est des livres différents de ceux du savoir. Des livres « plaisir » que l’on choisit ! Que lisez-vous en ce moment même ou que vous venez de terminer ?

C. : En ce moment, je relis tous les Stephen King. J’admire cet auteur pour la structure des récits, les précisions, la minutie. Je prends des leçons. Vous voyez ? Apprendre, c’est aussi tout le temps, et comme ça.

F. : Pour ma part, je suis en train de lire « L’élégance du hérisson » de Muriel Barbery. Le thème n’est pas si loin de « La petite musique du Monde », il parle de bousculer les conventions sociales : les préjugés, les classes sociales, la superficialité, l’étiquette, etc. Ce livre est arrivé par hasard dans ma vie lorsque j’ai commencé à me poser pas mal de questions. Maintenant, il me guide doucement vers des réponses que je n’aurai peut-être pas envisagées avant.

LSQR : J’ai beaucoup aimé ce livre, Farah, quant à S. King, l’auteur sait tenir son lecteur en haleine, du début à la fin, mais je n’ai pas votre passion pour lui Cathy. Puisqu’on en parle, que pensez-vous que les livres apportent à leurs lecteurs ?

C. : Un voyage, pour commencer, un voyage imaginaire. Avec, le plaisir. Joie ou remue-méninge. Fabriquer ses propres images… Entrer dans le mode pensée et se construire, se défaire, se refaire…

F. : Les livres nous permettent d’évoluer spirituellement, de ne pas stagner, de chercher de l’inspiration, de découvrir, d’apprécier, de ne jamais se sentir seul mais surtout de nous donner la chance de vivre plusieurs vies à travers celle qui est la nôtre.

LSQR : Et que pensez-vous que les images apportent aux livres ?

C. : La même chose, non?

F. : L’image complète l’histoire et accentue le message du livre. Les deux réunis forment une belle harmonie, un tout qui amène l’histoire à un niveau de lecture différent.

LSQR : Et donc, que pensez-vous que les images apportent aux lecteurs ?

C. : Idem ! Ce n’est pas parce que Victor a un visage, créé par l’illustratrice, que cette image est définitive. Au contraire, elle ouvre de nouvelles « portes ». Ainsi lorsque j’ai découvert les illustrations de Farah, j’ai senti qu’un « autre livre » pouvait se lire, c’était une nouvelle histoire, elles sont si belles les illustrations de Farah!

F. : Je pense que les images touchent plus facilement les lecteurs. L’image augmente le pouvoir du texte. Les couleurs, les formes et les compositions attirent l’œil plus facilement. C’est un premier contact avec l’histoire qui doit donner envie au lecteur de découvrir l’histoire plus en profondeur.

LSQR : Une dernière question, pourquoi avoir accepté d’écrire et d’illustrer pour La Souris Qui Raconte, maison d’édition 100% numérique et qui n’édite pas de livre ?

C. : J’ai eu envie de tenter l’aventure. Nous verrons plus tard si j’entre dans la « frustration » de ne pas avoir le livre dans les mains. Mais l’aventure est agréable. On peut rêver de tribus d’Amazonie et apprécier le numérique, vous savez !

F. : J’ai tout de suite trouvé très intéressant le concept de LSQR. Certains livres sont durs à lire pour les enfants. Là, avec la musique, le son, les images et le texte, beaucoup d’enfants vont sûrement se réconcilier avec la lecture. J’aurais aimé avoir la chance de vivre l’expérience de LSQR durant mon enfance !

LSQR : Ah ! « … se réconcilier avec la lecture. » ! Il s’agit bien de cela en effet ! Lire !  « Qu’importe le flacon…» !


23 | 03
2011

Le Salon du Livre a fermé ses portes lundi soir. Il a été l’occasion de belles rencontres professionnelles et de conférences animées. Force est de constater que le livre numérique a encore du chemin à faire avant de prendre SA place dans la vaste « éditosphère » . Le paradoxe c’est que ce n’est pas auprès du grand public qu’il y a le plus à faire (pour ce que j’ai pu échanger) !… Mais ce n’est pas le sujet du jour.
Samedi, j’ai retrouvé Séverine Vidal sur le stand Grasset pour « Lâcher sa main » qu’elle dédicaçait. Séverine, boulimique de la plume, version 2.0 ! Séverine, dynamique, enthousiaste, passionnée, m’a honorée d’une très belle dédicace. Savouré en deux heures, ce très beau livre que vous pouvez aussi trouver en numérique, m’a bouleversée. Les critiques sont unanimes (cherchez « Lâchez sa main » dans Google, vous en aurez pléthore). Je ne vais donc pas en rajouter une énième qui n’apporterait rien de plus à ce qui a déjà été écrit. Ce dont je veux parler, c’est de cet amour extraordinaire entre une jeune fille de 15 ans et sa mère « folle, démente, tarée, ouf, guedin, crazy, dingue, dingo, à la ramasse, psycho quelque chose… ». C’est de l’amour de Fleur et de Tristan, c’est de l’amour d’une équipe sur un vieux rafiot, c’est de l’amour d’une auteure pour le texte. La passion de l’écriture. La passion d’une histoire, d’une tranche de vie, d’une métamorphose. C’est tout ça ce livre. C’est tout ça Séverine…

Et je suis heureuse en tant qu’éditrice d’avoir croisé le chemin d’une auteure qui monte… qui monte ! Les textes sont forts, impliqués, sincères. L’écriture est enlevée et riche, drôle et poignante. Une auteure à suivre, sur La Souris qui Raconte (deux titres à venir prochainement), et ailleurs également.


« A la veille du Salon du Livre une petite maison d’édition a peut-être trouvé la solution… »
Voilà le préambule du sujet du Journal Télévisé de France3 aujourd’hui. Ce billet est pour ceux qui ne l’ont pas vu, ou pour ceux qui veulent le revoir.

Merci à l’équipe d’Acrofish et de La petite Bibliothèque Ronde pour leur accueil, et merci aux enfants… évidemment !


Après Je suis le nombril du Monde, Séverine Vidal fait là encore preuve de talent et de malice dans cette histoire qui inaugure la collection à inventer de La Souris Qui Raconte.
« Chacun cherche Papy » est l’histoire de quatre enfants, et de son acolyte tout droit sorti de l’imaginaire de Séverine. Leurs aventures les conduisent à la recherche de leur Papy, mystérieusement disparu. Bérengère Le Gall donne vie aux personnages avec délicatesse et humour, et enfin Ivan Timsit anime le tout. Cette histoire pour enfants de 5 à 75 ans nécessite aussi de la programmation, question qu’aucun des protagonistes ne se perdent en route !

Vous l’aurez deviné, un bien beau livre à lire en ligne dès le mois d’avril.

"Chacun cherche Papy" illustration Bérengère Le Gall

10 | 03
2011

Le coup de cœur du mois est ! Une idée brillante pour exposer au grand jour les chefs d’œuvre de vos enfants. En sublimant leurs délicieux dessins, cette jeune maman révèle avec tendresse et amour les talents de nos chers petits bouts ! Il fallait y penser…

Les trois gammes proposées, « Petits artistes », Petits décorateurs », « Petits auteurs », vous permettront de disposer au choix d’un tableau, d’un coussin ou d’une parure de lit (et bien d’autres idées encore) dont l’artiste est… Votre enfant !

Pour ma part je suis toujours bluffée en tant que créatrice, de constater la richesse des idées des entrepreneuses ! Bravo Mdamepop !

©madamepopandkids