Vous vous souvenez peut-être de la très jolie critique de « Conte du haut de mon crâne » sur le blog de Shangri-La. Je vous avais alors parlé sur FaceBook du film d’animation que j’avais découvert dans ce même article et dont l’accès a été mis en privé depuis (dommage, mais compréhensible).

Je vais vous parler ici du livre application qui a été réalisé suite au film.Un véritable coup de cœur !

Vous y retrouvez le film, dans son intégralité (16 minutes de pur bonheur), dont les nominations et récompenses donnent le vertige tellement elles sont nombreuses. J’en ai compté 30 ! Et puis le livre application. Il ne refait pas le film. Il l’enrichit en exploitant ce trésor, combiné à l’écran tactile de l’iPad. 27 pages d’une poésie extraordinaire, dont je ne vous dévoilerai que quelques images parce que vous devez acheter The Fantastic Flying Books of Mr Morris Lessmore, édité par Moonbot. Il est des livres qu’il faut avoir, celui-ci en fait partie !

Le texte lu n’est qu’en anglais, porté par une très belle voix masculine, mais traduit en 10 langues écrites. Le menu, accessible par le bouton de l’icône du logo Moonbot, en bas à droite de l’écran, découvre les options de votre lecture. Accueil, sommaire, voix off/on, bruitages off/on, musique off/on, texte off/on et enfin les versions de traduction du texte.

L’histoire. Un personnage, Morris Lessmore, qui n’est pas sans rappeler Buster Keaton, est installé sur son balcon et lit. Le texte commence ainsi :

Morris Lessmore aimait les mots. Il aimait les histoires. Il aimait les livres.
Sa vie était un livre qu’il avait écrit lui-même, soigneusement, une page après l’autre. Il l’ouvrait tous les matins et y racontait ses joies et ses peines, tout ce qu’il savait et tout ce qu’il espérait.
Mais toutes les histoires réservent des surprises.

Un vent terrible survient alors et emporte tout. Morris, ses livres, les lettres et les mots écrits dedans. C’est le début de son extraordinaire aventure dans un monde imaginaire, empli de livres. On y croise Caroll, Shelley, Stevenson, Dickens et des milliers d’autres anonymes ! Des grands et des petits. De légères informations vous indiquent là où agir sur l’écran, pour déclencher la tempête qui emporte Morris, par exemple. Vous pouvez nourrir les livres avec des céréales en lettres, et ainsi écrire des mots dans les bols. Vous pouvez aussi aider Morris a réparer les livres abimés ou les partager avec d’autres. J’aime particulièrement cette page, où, en faisant glisser les livres sur les personnages ceux-ci se transforment en lapin d’Alice ou Frankenstein !

Bref les livres vivent. Ils s’écrivent, se nourrissent, se partagent, se réparent. Et Morris en a la charge, jusqu’au jour où trop vieux pour continuer, il repart comme il était venu. Les livres restent seuls et silencieux après son départ, jusqu’au moment où…

Et notre histoire se termine comme elle a débuté.
En ouvrant un livre.


STAND LE MOTIF K83

L’affiche du Salon du Livre, cru 2012, est à mes yeux une pure merveille ! Sobre et élégante, son impact visuel est beaucoup plus direct que ne l’était Bouki. Personnage très BD qui renvoyait une image certes légère, mais du coup, restrictive sur les autres genres littéraires présentés au salon !

2012 année de l’envol…  Une colombe ouvre ses ailes dans un vol emprunt de liberté et dévoile un livre ouvert sur le rêve et l’imaginaire. Le choix du noir et blanc colle parfaitement à l’univers typographique du livre. Par contre le sujet général traité reste très « papier » en effet, rien de numérique là-dedans, abstraction faite du photomontage !

Pour autant, le numérique, s’il est moins à l’honneur que l’année dernière, y sera abordé de différentes façons. Ma présence d’abord, soyons fou ! La Souris Qui Raconte sera installée sur le stand K83, tenu par Le Motif. Un immense merci à toute l’équipe. C’est une opportunité formidable qui m’est donnée.  Ces 4 jours me permettront sans aucun doute de nouer de nouveaux contacts et de faire connaître aux éditeurs mes nouveaux axes de développement. En soumission depuis le 24 février, j’espère que le catalogue interactif de La Souris Qui Raconte, dont je vous dévoile ici la couverture, aura été validé par Apple.

Une autre belle surprise, due celle-là à la Délégation générale à la langue française et aux langues de France, est une conférence sur le thème :
Les technologies numériques : un risque pour la maîtrise du français ?
Je suis conviée à donner mon avis d’éditeur numérique pour la jeunesse. Le titre du thème fait un peu peur. « Risque » est assez anxiogène et j’aurai préféré quelque chose de plus léger… mais bon ! Je rassure ici mes lecteurs, le seul risque encouru est bien que les enfants préfèrent les livres numériques enrichis aux livres dont il est fatigant de tourner les pages (c’est du vécu !).

Je vous attend nombreux pendant ces 4 jours où j’aurai grand plaisir à vous faire découvrir le catalogue LSQR et ses nouveaux projets.


A la plume Anne-Gaëlle Balpe, dont c’est la première contribution avec La Souris Qui Raconte ; à la palette graphique, Julien Castanié, aidé de Farah Allegue pour les animations. Tous les trois se retrouvent autour d’un conte de Noël rare, parce qu’audacieux, où il est écrit avec beaucoup d’humour et de générosité que le Père Noël, n’est peut-être pas celui qu’on croit ! Autre regard…

LSQR : Anne-Gaëlle, pouvez-vous nous dire comment vous est apparue cette vérité sur le Père Noël et comment vous avez imaginé que ce conte soit appréhendé par les parents ?

Cette vérité m’est apparue… à la fenêtre ! Non je mens, car chez moi, il n’y en a pas (vraiment). Mais la vérité, c’est que je vis dans un département connu pour son métissage et ses cités ! La plupart des prénoms de l’histoire d’ailleurs sont ceux de personnes que je connais. Pour le reste… la petite étincelle de l’idée reste bien mystérieuse ! Tout ce que je sais, c’est que le prénom du Père-Noël m’est arrivé, comme ça, sans raison, et que j’ai tissé l’histoire autour de ce début.
Quant aux parents… cette histoire ne propose qu’une vérité de plus ! Le titre « toute LA vérité… » est volontairement provocateur, car bien sûr, il fait écho à toutes les vérités-vraies que les parents et les enfants se racontent. Un jour mon fils est rentré de l’école en me disant « mon copain dit qu’en fait, c’est Dieu qui apporte les cadeaux ». Son copain était musulman. Et là j’ai pensé : c’est amusant d’imaginer que dans chaque maison, il y a une version différente, et que les parents adaptent Noël (car on peut difficilement y échapper) à leurs croyances, à leurs convictions. Moi par exemple, je n’ai jamais dit à mes enfants que le Père-Noël des grands magasins était le vrai… parce que parfois il est vraiment miteux ! Je leur ai toujours dit que le vrai, on ne le voyait jamais et que les autres étaient là pour la déco. Tiens… on dirait que finalement j’ai trouvé l’origine de l’étincelle mystérieuse.

LSQR : L’aviez-vous soumis à d’autres éditeurs que La Souris Qui Raconte ?

Je crois l’avoir soumis à un ou deux autres éditeurs. Qui m’ont répondu que cette histoire était destinée à des enfants trop grands pour leurs collections. Mais je ne me souviens plus très bien… depuis j’ai fait des dizaines d’envois de texte, c’est un marathon quotidien (enfin, un peu moins depuis quelque temps).

LSQR : Quelles sont vos sources d’inspiration, vos auteurs phares ?

Mon auteur phare, que je relis parfois encore, est Roald Dahl. C’est bien simple, je le vénère. Lui et son illustrateur, Quentin Blake. D’ailleurs je me souviens parfaitement avoir été vraiment dans la chocolaterie de Charlie, vers dix ans. Si, si, c’est la vérité, j’ai trouvé un ticket d’or et je suis montée dans le grand ascenseur de verre. Le problème étant que je n’en suis jamais totalement revenue.
Mais cette source d’inspiration n’est peut-être pas très « visible » dans cette histoire. Elle l’est plus dans les romans pour jeunes lecteurs que j’ai écrit.
Sinon, petite (car c’est là qu’est née mon inspiration), j’ai totalement adulé la série Moumine de Tove Jansson, ainsi que L’année du Mistouflon de Anne-Marie Chapouton. Et j’ai commencé à vouloir écrire un roman quand j’ai vu L’histoire sans fin au cinéma (mais j’ai mis presque trente ans à le faire, finalement) ! C’est là, vraiment, que j’ai trouvé magique le fait de pouvoir inventer une histoire et emmener les gens dans d’autres mondes, comme dans le film, d’ailleurs.

LSQR : Vous avez été publiée chez Oskar en co-édition avec Séverine Vidal, auteur dont La Souris Qui Raconte a édité 3 titres. Pouvez-vous nous parler de cette expérience ? C’est plutôt rare des romans écrits à plusieurs mains, six en tout n’est-ce pas ?

Le pire étant que nous en avons écrit un à quatorze mains (On n’a rien vu venir, qui sortira en mars chez Alice Jeunesse) !

illustrations Aurore Petit

Pour Roulette Russe, chez Oskar, c’est Séverine qui nous a réunit, toutes les trois. On ne savait pas, alors, qu’on s’embarquerait dans une aventure aussi enthousiasmante et dans une amitié rare ! Le premier tome a été écrit un peu à la façon d’un cadavre exquis (en plus « construit »). La première a écrit un chapitre, l’a envoyé aux deux autres, qui l’ont lu, fait des remarques (comme « cocotte, le mot joasse ne se dit plus depuis 1986 »). La deuxième a écrit le deuxième chapitre, etc. Nous ne nous sommes vraiment mises d’accord que sur les derniers chapitres. C’était très excitant, d’écrire l’histoire au fur et à mesure, et de repasser le bébé à la suivante, en attendant fébrilement de voir ce qu’elle inventerait, et de découvrir des rebondissements inattendus ! Tout s’est passé par email. Car Sandrine Beau a cette drôle d’idée d’habiter loin de nous, au Pôle Nord-Est.
Pour le deuxième tome nous avons eu besoin d’anticiper davantage, et nous nous sommes consultées pour le scénario.
A part ça, on voit de plus en plus de romans écrit à plusieurs… il faut croire que les auteurs souffrent de solitude.

LSQR : Et vous Julien, qu’avez-vous ressenti à la lecture de « Toute la vérité sur le Père Noël » ?

Anne-Gaëlle a réussi à me faire replonger dans mes souvenirs d’enfant. Ce moment précis où j’ai dit à ma mère que je trouvais ça louche ces histoires de rennes volants…
J’ai été très content de mettre des images sur ses mots. Dès la première lecture, j’avais certaines pistes graphiques en tête que j’ai pu concrétiser par la suite.

LSQR : Pouvez-vous expliquer aux lecteurs comment vous travaillez vos illustrations ?

C’est un processus assez simple. Dans le premier temps, je m’imprègne des mots, pour bien cerner le ton et le sens des phrases à illustrer. Ensuite je fais un croquis de la scène tout en pensant à la place qu’occupera le texte ainsi qu’à l’espace que prendra l’animation de certaines parties de l’image.
Ces croquis sont envoyés à LSQR pour validation du style et du sens. Il ne me reste plus qu’à finaliser le dessin, le mettre en couleur et préparer les images pour l’animation.

LSQR : Quelles sont vos références, les artistes qui vous ont marqué ou inspiré ?

Les métiers de la création sont souvent un travail d’inspiration quotidien. L’inspiration est partout, dans la rue, dans les livres et même sur internet.
En revanche, je dirais que les personnes qui m’ont apportés sont celles que j’ai côtoyées durant mes études, à l’école de l’image des Gobelins et aux arts décoratifs de Strasbourg.
Car plus qu’une esthétique, se sont des démarches qui m’ont séduit et dont je me nourris.

LSQR : Vous et Farah vivez à Montréal, aviez-vous eu l’occasion de vous croiser auparavant ?

Il est vrai que le milieu de l’illustration est plutôt petit à Montréal, mais c’est une découverte, nous ne nous étions pas croisé précédemment. Une belle découverte !

LSQR : Comment avez-vous géré votre travail entre illustrations et animations, puisque c’est Farah qui s’est occupée de cette partie ?

Dès l’étape des croquis, j’avais une idée des animations que je voulais mettre en place. Je les ai suggérées à Farah qui les a complétées et enrichies avec ses propositions.
Ensuite, il me restait à produire les images nécessaires à l’animation. Par exemple pour qu’un personnage marche, il me faut dessiner plusieurs étapes successives du mouvement de la marche que l’on appelle des « images clefs ».
Farah se servait ensuite de ces images pour donner vie aux illustrations.

LSQR : Anne-Gaëlle et Julien, pour terminer, une question vérité. Santa Claus ou Fred ?

Anne-Gaëlle : Santa Fred !

Julien : Fred Claus bien sûr 🙂

LSQR : (rires) Une affaire d’hommes en somme ! Merci à tous les deux (trois) pour cette très belle collaboration. La Souris Qui Raconte doit mettre ses productions en stand-by (et donc ses interviews, moments de rencontre que j’aime particulièrement) le temps de retrouver la lumière. Elle vous en dira plus prochainement ici même !


20 | 02
2012

Les 15 février dernier, La Souris Qui Raconte était invitée à la journée InterTICE 2012, organisée par le CRDP de l’académie de Versailles, la mission TICE académique, l’inspection académique des Yvelines et la ville d’Élancourt.
Le salon était divisé en deux pôles. Pôle matériels et pôle ressources. Evidemment, nous étions installés dans les ressources.
Je vous en parlais ici, et il y était question de Séverine. C’est donc tout naturellement que Chacun cherche Papy s’est invité sur l’écran, face aux deux seuls enfants de la journée. Deux charmants jumeaux !
Ils ont bien passé une heure en notre compagnie !
A part cet épisode récréatif, nous avons fait de belles rencontres professionnelles, qu’il faudra travailler et transformer !


Ici vous avez pour habitude de trouver des sujets qui parlent de lecture, de livres, de création, visant particulièrement la jeunesse, mais avec une spécificité toute numérique.
Seulement voilà, certaines journées sont plus difficiles que d’autres. Un rendez-vous qui se passe mal. Un métro pris à contresens, parce qu’on tourne en boucle le rendez-vous qui s’est mal passé. Et, de retour à la maison, un foin du diable sur la toile autour d’un problème d’une injustice colossale, qui entre en résonnance avec ce rendez-vous foiré, prenant de fait une dimension personnelle ! Journée de m… !

David contre Goliath ou François Bon contre Gallimard.

François Bon, pour ceux qui ne le connaissent pas, c’est publie.net une maison d’édition 100% numérique. Quant à Gallimard, on ne les présente plus, bien qu’avec cette affaire, ils soient passés maître dans l’art du buzz ! Souvenez-vous de la rue Sébastien Bottin !
L’énorme dichotomie qui existe entre l’édition dématérialisée, que certains, comme François, pratiquent comme un art, et l’édition très physique (voire musclée) du papier devient trop violente !

Pour faire court, François Bon a mis en ligne la semaine dernière Le vieil homme et la mer dont il a lui-même fait la traduction. Seulement voilà, ce texte phare d’Ernest Hemingway, disparu en 1961, est édité par Gallimard dans sa première traduction.
L’affaire est compliquée. Je ne suis pas ici pour la juger et vous invite, si vous êtes curieux, à vous faire votre propre opinion en vous rendant sur tierslivre le blog de François. Vous y découvrirez des billets additionnels émanants d’autres blogueurs.

Je vous pose maintenant une question, pensez-vous que les 22 exemplaires vendus par publi.net au prix de 2,99€ méritent cet anathème ?

De quoi est-il vraiment question ici ? Pourquoi tant d’hostilité ?

Certains hommes courageux accomplissent un travail formidable par passion, par amour. Ils agissent avant tout parce qu’ils aiment ce qu’ils font. La lettre, le mot, la phrase… Cet amour là, ils veulent le partager, le transformer, au regard de l’autre, en un voyage inoubliable !

Lorsque vous avez la chance de trouver quelqu’un pour vous accompagner vers de nouveaux horizons, faits de beaux mots, de belles images, ne vous sentez-vous pas rassurés ? N’avez-vous pas envie de le suivre ?
Vous l’aimez ce quelqu’un. Vous avez envie que tout cet amour, que lui même vous donne, soit entendu, élargi, partagé ! C’est tout l’art des créateurs, François Bon en est un.

Attaquer François de la sorte, son travail, son œuvre, c’est frapper bien bas, et c’est bien triste… malheureusement à l’image d’une société (comme le dit FB) « prête à tous les gâchis pour maintenir son pouvoir » !