A.L.I.C.E est l’acronyme de Association pour la Lecture, l’Imagination, le Conte et l’Ecoute et ces trois jours passés à L’Aigle n’ont en rien démenti l’ambition de sa noble mission.
Françoise Garcia (trésorière de l’association) m’avait contactée il y a plusieurs mois de cela pour me convier à présenter La Souris Qui Raconte aux classes de la région. Départ jeudi dernier à 7h pour une arrivée à 8h30 à L’Aigle, direction le collège Molière où m’attendait madame la Principale. Les rencontres des cinq 6e ont commencé par l’accueil de deux classes en une, en grande difficulté. J’avais en face de moi 30 paires d’yeux complètement hermétiques à ma présentation (certains se sont même endormis m’a confié l’enseignante plus tard). Sachant que j’allais à la rencontre de 6e pour la première journée, j’avais préparé ma présentation en conséquence : explication de ce qu’est un éditeur papier et numérique, ce qui distingue l’un de l’autre, les différents supports possibles de lecture numérique avec questions pour créer l’échange ! Lorsque j’ai interrogé ces jeunes sur leurs dernières lectures, leurs réponses furent unanimes. Aucunes ! Je ne sais même pas si certains ont été sensibles à la lecture de Conte du haut de mon crâne, le titre de La Souris Qui Raconte le plus adapté à leur tranche d’âge, mais je ne suis pas arrivée à créer le lien, et j’en étais désolée. Parler lecture à des jeunes qui ne lisent rien de rien et qui, pour beaucoup, n’ont aucun livre chez eux, demande une approche qui m’a fait défaut. Pour ce qui est des autres classes, l’échange et le partage ont eu lieu. Leur intérêt à vite fait oublier la première heure de la journée, et je peux affirmer que certains d’entre eux sont vraiment tombés sous le charme du très beau conte de Séverine Vidal !
À la fin de la journée, j’ai été conduite pour écouter un conte dit par Bruno de La Salle dans un atelier annexé à un hôpital avec service de psychiatrie où l’on pratique l’art thérapie ! Dans l’assistance, des gens comme vous et moi, à priori, sauf que l’hôpital est aussi la résidence secondaire de ces hommes et femmes. Le conte, dit avec la voix musicale du conteur, était si « abracadabrantesque » qu’il m’est très difficile de relater ici les circonvolutions du texte mais l’attention et l’écoute des auditeurs étaient palpables, donnant au récit une dimension encore plus extraordinaire !
La première fois que j’ai entendu ce type de conte, c’était au salon du livre de Paris cette année, avec des conteurs œuvrant pour l’éditeur Oui Dire. Des récits qui semblent totalement décousus, à l’écoute desquels on se demande où le conteur nous conduit, et qui finalement arrivent bien quelque part ! Ils sont un régal pour l’oreille !
Le lendemain de nouveau cinq classes, primaires cette fois, des CE2 au CM2 à Aube et Randonnai.
— Bonjour les enfants, je m’appelle Françoise et je suis éditeur de livres numériques.
— Bonjour Françoise, répondaient-ils en cœur.
Explication rapide de ce qu’est un éditeur ! Notion totalement abstraite à cet âge où l’auteur est le plus largement assimilé à l’éditeur, sauf pour un érudit qui savait ! Et puis écoute et lecture de Thibaut au pays des livres, Antiproblemus veut sauver la terre, L’ogresse et Ogre doux dans des CDI largement équipés. Ordinateurs, rétro projecteur, TBI… Une très très belle journée, ponctuée de petites perles que seuls les enfants savent faire et qui s’est terminée par une ballade contée dans la ville de L’Aigle où quatre contes ont su retenir l’attention des plus dissipés !
Pour terminer, samedi, fête du Livre pour Enfants sur le thème du Voyage. Une organisation au top, des bénévoles ad hoc et une ambiance bon-enfant joyeuse et généreuse. On pouvait y découvrir les œuvres des patients de Laetitia (l’art thérapeute) et les œuvres des enfants des écoles de la région. Remarquables à bien des égards ! Pendant cette après-midi qui devait être une après-midi de dédicaces pour moi également (petit moment de panique, dédicacer quoi ? Les Cartes à Lire ? Ah non, je ne suis pas l’auteur !), j’ai eu la chance de rencontrer Hélène Micou qui dédicaçait ses Roulé le loup et Le chat ventru chez Didier Jeunesse. Elle a fait un tabac !!!
Difficile confrontation du papier et du numérique… Je présentais les Cartes à Lire de Conte du haut de mon crâne et Il suffit parfois d’un cygne qui ont quand même remporté leur petit succès, et j’ai pu les présenter à la libraire du salon représentant la librairie Le Passage.
Trois jours intenses et riches en rencontres ! Moments magiques, parenthèse enchantée… merci Françoise(s), merci Joselito !