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2015
13 novembre 2015
Source Livres Hebdo

C’est sûr que ce billet aurait été rédigé sur un tout autre ton s’il avait été écrit avant vendredi soir. Seulement voilà, après l’horreur, les pleurs et l’incompréhension « Au nom de quoi ? » , il nous faut tous rebondir !

Un pays mis KO qui doit se relever malgré la violence du coup porté. En parler pour mieux continuer, expliquer aux plus jeunes – pas facile -, se projeter dans l’avenir pour entretenir le souvenir des disparus. Ne vivent-ils pas dans la mémoire des vivants ?
J’ai beaucoup pleuré, et aujourd’hui encore la boule dans la gorge est dure à avaler, mais je m’étais promis ce post sur Montreuil, dont l’échéance approche et qui revêtira certainement un bleu, blanc, rouge filigrané à l’image des nombreux profils Facebook. Alice sera en deuil.

SLPJ_2015

Pour de vrai, pour de faux – Réel et fiction dans la littérature de jeunesse, tel est le thème de cette 31e édition du Salon du Livre et de la Presse Jeunesse. Un thème qui aujourd’hui résonne étrangement. On aurait aimé que ce sinistre événement ne soit pas vrai. Un jeu, comme il en existe tant, où le vainqueur est celui qui fait le plus gros carnage. Une fois le bouton sur « Off » le vainqueur, satisfait de son score, s’étire en réfléchissant déjà à la stratégie de sa prochaine partie. Les événements de vendredi, comme ceux du 7 janvier, ont plus leur place dans une fiction gore de mauvais goût, où l’imagination de l’auteur s’applique à croquer les personnages les plus odieux. Le réel a frappé de plein fouet plus de 120 familles. Pensons à elles, écoutons-les, aimons-les et pleurons en sympathie avec elles pour qu’elles sachent qu’elles ne sont pas seules !
J’imagine aisément les dommages collatéraux qu’engendre une telle barbarie dans un quotidien programmé. Nous sommes à 17 jours de l’inauguration du salon. Les classes préparent leurs visites depuis des mois. Les organisateurs, éditeurs, fournisseurs, peaufinent actuellement les derniers détails d’une grand-messe de 6 jours (du 2 au 7 décembre). Annuler ? La question se posera. Je ne voudrais pas avoir à trancher ! Comme je veux croire que le salon se tiendra, La Souris Qui Raconte y sera au côté de ses amies L’Apprimerie et CotCotCot-Apps (pour nous trouver, cherchez le Grand Marché), derniers représentants « pure-player » d’un salon du livre papier, broché, piqué, collé ! Initialement, ce post aurait du aborder la déliquescence des acteurs numériques. Une émergence régressive avec subsistance hypothétique quasi absolue… mais comme tout cela est donc dérisoire !

Alice s’affichera grâce au talent de Rebecca Dautremer, Chiara Carrer, Antony Browne, Benjamin Lacombe et Gilles Bachelet. Et avec elle, des récits pour de vrai, pour de faux, pour dire aux enfants que LIRE c’est GRANDIR, S’ÉPANOUIR, S’ENRICHIR, CONSTRUIRE… !

Mais alors dit Alice, si le monde n’a absolument aucun sens qui nous empêche d’en inventer un ?

 


03 | 11
2015

ac500_salon_du_livre_skyDrôle de titre pour un débrief salon ! Promis, je vous dis pourquoi à la fin de l’article !

Grâce à Blandine Yazbeck, conseillère pédagogique à l’Institut Français du Liban, j’ai vécu, durant 5 jours, une formidable expérience humaine à l’occasion du 22e Salon du Livre Francophone de Beyrouth, intitulé cette année « Libres Livres » . Une appellation lourde de sens à Beyrouth !
Le principe du salon, faire se rencontrer, au BIEL ou dans les villes avoisinant Beyrouth, des auteurs et des classes pour des échanges avec les élèves. Pour La Souris Qui Raconte, et l’auteur Françoise Prêtre, ce sont 7 classes à qui j’ai parlé de mes deux livres Polo le Clodo et Adhi le petit porteur de soufre. La première surprise passée – car si je me sens légitime en tant qu’éditeur, je le suis beaucoup moins en tant qu’auteur – j’ai utilisé le travail des élèves sur ces deux livres pour élargir la réflexion, et leur apporter des précisions  sur ce qui différencie une maison d’édition papier d’une maison d’édition numérique. Et définir les rôles des uns et des autres dans cette grande famille qu’est l’Edition. J’étais l’unique représentante numérique, et les enfants libanais, fortement équipés, découvraient une autre façon de lire et d’utiliser leurs tablettes.

Sept classes, sept rencontres avec chacune son lot de surprises et d’émerveillement. Le lundi, j’étais à Sebeel dans l’école Rachel Eddé. Une école publique qui vise l’excellence. Construite grâce à des fonds privés, au-delà de dispenser ses cours, elle sensibilise les élèves sur les questions d’environnement, en particulier du tri des déchets, nœud névralgique de tension au Liban. Chaque classe est équipée en TBI. Quatre d’entre elles ont donc découvert L’ogresse, notre princesse irresponsable, qui n’a que faire de ce qui se passe sur la Terre et des conséquences de son incommensurable appétit ! Les enfants maîtrisent parfaitement le français, surtout dans les classes supérieures (11-12 ans pour celles que j’ai rencontrées), et comme je le remarquais à Tétouan, lisent parfaitement. L’accueil prodigué par cette école « modèle », tant par les élèves que par le corps enseignant, a été fantastique. Merci encore à la directrice, Mme Wadad Doueihi, pour le panier garni de spécialités locales.

Le tri, une préoccupation cruciale (et engagée)
Le tri, une préoccupation cruciale (et militante)

C’est ce qui ressortait de nos comptes rendus quotidiens entre auteurs, la qualité de l’accueil et la préparation de la visite de chacun d’entre nous. Reçus et ovationnés en héros, car les élèves lecteurs sont tout simplement « fans ». Fans de Dominique Dimey, fans de Yves-Marie Clément (l’une et l’autre récompensés par un prix dont les élèves étaient les jurés), fans de Gilles Barraqué, fans de Lenia Major, fans de Marion Achard, une équipe de choc au sein de laquelle a circulé une immense connivence ! Les débriefs nocturnes autour d’un verre de vin libanais (excellent) ou d’arak relataient tous ces rencontres incroyablement chaleureuses, et notre étonnement concernant le comportement attentionné et humble de nos hôtes (profs et élèves).

Au BIEL, j’ai rencontré d’autres classes. Il était toujours question de L’ogresse, présentée cette fois dans une salle de conférence avec écran et vidéo projecteur. Les élèves arrivent avec leurs questions. Ils ont lu Polo le Clodo ou Adhi le petit porteur de soufre. Une des classes n’ayant lu que les extraits gratuits, en invente les suites, et je ne peux m’empêcher de vous livrer leur vision de Polo :

Il n’est pas très beau Polo le clodo. Hirsute, il traîne souvent dans le métro. Il est bougon et ne sent pas très bon. Parfois Polo boit, pourtant c’est un chouette gars. Alors pourquoi en est-il arrivé là ?
Les hommes naissent égaux en droits. D’où que tu sois, émirats ou favelas, disposes-tu vraiment des mêmes lois ?
L’histoire de Polo a commencé comme beaucoup d’histoires, par  « il était une fois » un petit garçon. A la différence des autres petits garçons des histoires qui commencent par « il était une fois », aucune fée ne s’est penchée sur son berceau. Il n’a pas non plus rencontré de génie ni de lampe à frotter.
… alors il est un garçon sans parents, sans frères ni sœurs. Il vit dans la rue et les gens se moquent de lui.
Un jour, dans le métro, il rencontre une belle dame bien coiffée, bien parée, très parfumée. Il s’approche d’elle et lui dit : « Comme vous êtes belle ».
Elle lui sourit et dit : « Merci, et toi aussi tu peux être comme moi. Tu peux travailler dans mon jardin. »
Depuis lors, il se coupe les cheveux, il prend son bain tous les jours et il se parfume. Puis les gens s’étonnent en le voyant et ils deviennent ses amis.
Il est vrai que chacun a le droit au respect, mais il a aussi le devoir de respecter son corps et de bien le présenter en société.

Ça a été très dur de ne pas pleurer. Cette rencontre s’est avérée particulièrement singulière. Non seulement les élèves ont imaginé la suite de mes deux livres, mais ils m’ont aussi prédit mon avenir, et vous savez quoi… je serai ministre de la Jeunesse ! C’est beau non ?

Cadeaux illustrés sous forme de portrait
Cadeaux illustrés sous forme de portrait, vous reconnaissez les lunettes ?

Les enfants (et les enseignants) sont curieux, attentifs, respectueux, allocentriques… on pourrait prendre des leçons de civisme à leur contact si de ce côté-là de la Méditerranée on était moins blasé. Jamais rencontre de classe n’a été pour moi source de tant d’admiration partagée. Le Liban est un tout petit pays, coincé entre la Syrie, la Jordanie et Israël, et il est peuplé de bonnes personnes !
Et puis il y a l’effet Blandine. Personnage remarquable avec des bras et des jambes en plus, deux cœurs et une tête hyper rangée quand le corps semble débordé. Au-delà des rencontres scolaires, elle a aussi orchestré toutes sortes de rendez-vous. Chez Mr l’Ambassadeur, dans des restau top chef (depuis mon retour je boude la balance), avec des médias locaux… Chacun de nous a eu son moment de gloire cathodique sur MTV (avec mon ami Gilles sur la chaîne locale la plus regardée au Liban). La Souris qui Raconte, éditeur numérique a aussi interpellé deux journalistes Elga Trad de Femme Magazine et Nayla Rached d’Hebdo Magazine (le photographe a pris des dizaines de photos, désolée pour son choix où je ne parais plus avoir 30 ans Séverine !). Dire comment on revient d’un tel voyage est difficile, il faut le vivre. Alors croyez-moi, si Blandine Yazbeck vous invite, ne ratez pas l’occasion.

Quant à Martine, puisque je vous dois quelques explications, c’est le nom par lequel m’a sans cesse interpellé Dominique à peine les présentations faites dans la voiture de Blandine. S’en sont suivis des fous rires inénarrables ! Avant je détestais ce prénom, mais ça… c’était avant !

De d. à g. : Lénia, Gilles, Marion, Yves-Marie, Blandine, Dominique et Martine à Byblos. ©Nathalie
De d. à g. : Lénia, Gilles, Marion, Yves-Marie, Blandine, Dominique et Martine à Byblos. ©Nathalie

SLPJ_2015

Cette année ce sera du 2 au 7 décembre, même lieu, mêmes horaires. Un marathon de 6 jours pour l’un des plus grands salons du livre jeunesse en Europe, avec pour thématique « réel et fiction dans la littérature de jeunesse » !

La Souris Qui Raconte y sera pour la quatrième année consécutive. Elle y retrouvera ses acolytes de Carte à Lire, non plus sur le pôle numérique, comme les années précédentes, mais dans le Grand Marché, emplacement qui fait la part belle aux petits éditeurs indépendants. Plus de sectorisation papier Vs numérique, mais un melting-pot de talents. Je ne suis pas sûre de la pertinence de ce nouvel agencement. Le numérique, confronté au papier, surtout en littérature de jeunesse, ne trouve pas son équilibre. Mais le salon avait-il le choix ? Le pôle numérique dont le nombre d’exposants n’est allé qu’en diminuant depuis les trois dernières années, ne comptera que trois irréductibles, Cot-Cot-Cot App, L’Apprimerie (présente sous la dénomination Carte à Lire) et La Souris Qui Raconte. Cette année, L’Apprimerie mettra donc le paquet sur ses Cartes à Lire, avec des dédicaces prévues pour ses nouveautés. Et si la nuit écrit par Adèle Pédrola et illustré par Douglace. Stéphane Kiehl et Michaël Leblond pour le très attendu « Lapin bricoleur« , chez e-Toiles éditions, ces deux titres ayant reçu le soutien financier du CNE et du SLPJ au moment de l’attribution des « seules » bourses d’aide à la création numérique attribuées pour la 30e édition du salon. Et il y aura certainement d’autres dédicaces, puisque CAL présente trois nouveautés en 2015.

Pas de dédicaces pour LSQR, bien que Pour tout l’or du monde de Cathy Dutruch et Juliette Lancien ait été retenu pour les bonnes lectures numériques de cette année — trop contentes nous sommes ! — et donc soit potentiellement « pépitable ». Potentiellement, parce ce que je m’attends pas à la transformation, au vu des autres excellentes création dont « Boum! » qui a ma préférence, mais c’est déjà une super super bonne nouvelle !! Pour tout l’or du monde, initialement livre web, a été développé en ePub3 enrichi par L’Apprimerie et est disponible en Carte à Lire.

On vous attend nombreux du 2 au 7 décembre sur le Grand Marché niveau 1.


Depuis le 17 juillet, la première édition de la future incontournable Fête du Livre pour la Jeunesse a pris ses quartiers d’été un peu partout en France (et au-delà).

C’est presque sous la chaleur des tropiques que notre jeune public, issu d’un centre de loisirs du 19e parisien, nous retrouve chaque matin depuis mardi pour Lire en Short ! Pour vous rafraîchir sur la genèse du projet… à défaut de faire tomber les températures ambiantes !
Au programme, écriture, illustration, lecture et animation pour réaliser, sous des regards émerveillés, un livre sans papier (et presque sans crayon)… un livre NU-MÉ-RI-QUE !

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Ah si j’avais… explications

Accompagnée par Eugénie du Labo des Histoires les 12 enfants présents mardi avaient deux heures pour écrire, par groupe de quatre, une comptine en quatre alexandrins commençant par AH, SI J’AVAIS UN CHIEN… Les six premières syllabes étant toutes trouvées et faisant échos à Chiens & Chats l’expo (qui se déroule en ce moment à la Cité des Sciences et de l’Industrie), ils ne leur restaient plus qu’à trouver les quarante deux autres ! La consigne, proposée par Eugénie, consistait à demander aux enfants de décrire le chien dans les deux premiers vers, et d’imaginer ce qu’ils feraient avec lui dans les deux suivants, tout cela en rimes AABB ! Le résultat, débridé et fantaisiste, était bien au-delà de mes attentes. Les enfants ont improvisé et fait rimer toutes sortes de chiens ! Merci Eugénie, l’écrit était fait !

Le lendemain abordait la partie illustration. Sans crayon. Nous avions préparé avec Marianne, un patron de formes et des suggestions d’agencement de celles-ci pour la confection des animaux et des autres éléments d’illustrations, afin d’éviter les frustrations que peuvent entraîner des illustrations faites mains, avec force gomme !

Patron et suggestions
Patron et suggestions

Nous étions prêtes, Eugénie, Marianne, Meggie et moi, pour retrouver nos enfants de la veille et continuer l’aventure en short. Au lieu de seize enfants, vingt se sont présentés dont seulement quatre étaient présents la veille ! Il fallait raccrocher cette nouvelle moisson à l’atelier précédent et l’impliquer au mieux pour qu’elle s’approprie les histoires écrites par d’autres. Il fallait qu’ils comprennent le pourquoi du comment des ateliers. Nous leur avons ré-expliqué la conception d’un livre sans papier (et sans crayon)… un livre NU-MÉ-RI-QUE !
Le chariot préparé par Meggie proposant tout le matériel nécessaire était une véritable caverne d’Alibaba ! Des papiers de toutes les couleurs, canson, crépon et calques… de la feutrine… des plumes… des yeux mobiles… des formes en mousse… des chenilles… des pompons, et des dizaines de paires de ciseaux pour manipuler tout ça. Les quatre ateliers étaient comme une ruche où vingt abeilles allaient du chariot aux tables et des tables au chariot dans un va et vient créatif, coloré et pailleté ! Et nous, les reines (c’était trop tentant) essayions de fixer les idées de nos butineurs et butineuses ! Sont sorties des ateliers, des petites merveilles, dont je vous livre ici quelques exemples !

Couleur bonheur !
Couleur bonheur !

Après le mercredi, le jeudi. Et avec lui son lot de nouvelles têtes et de nouveaux absents. — « Il faut faire avec… ça se passe comme ça avec les centres de loisirs » nous explique Meggie, plus au fait de ces questions. A leurs corps défendants, ils viennent avec ce qu’ils ont d’une part et avec qui veut venir d’autre part ! Ce sont donc seize enfants dont sept nouvelles têtes qui allaient officier pour animer les illustrations faites la veille, sur un texte écrit l’avant-veille. Comme nous avions par ailleurs répété ce que seraient les animations, le nombre de scènes (changements de plans ou de décors), et les mouvements que nous devions donner aux illustrations pour raconter nos histoires, il fallut prendre un peu de temps pour expliquer une troisième fois notre propos.
Deux ateliers se sont alors activés sur deux tablettes fixées chacune à un pied. Les enfants déplaçaient précautionneusement plusieurs éléments simultanément avant de prendre les deux photos réglementaires, qui mises bout à bout, allaient nous conduire aux quelques cent vingt prises qui constitueraient les 10/12 secondes d’animation de chaque film. Un autre atelier était dévolu à la création de la page crédits, composée des mains des enfants (question de ne pas prendre les visages). Et enfin chaque groupe est passé par la case enregistrement pour la lecture de leurs quatre alexandrins. Pas de livre numérique estampillé LSQR sans lecture, et tous les enfants ont lu, même les 6 ans !

Atelier iStopMotion
Atelier iStopMotion

Quelles têtes allions nous retrouver et combien de nouvelles pour notre dernière matinée ? Pendant que Marianne et moi installions les deux tablettes pour terminer les animations commencées la veille, Eugénie et Meggie préparaient l’accueil de nos jeunes, et finalisaient le programme à venir. Les deux ateliers abandonnés jeudi ont repris là où ils s’étaient arrêtés, pendant que les autres enfants se peinturluraient une main pour l’animation qui servirait de générique.
La matinée s’est terminée dans la salle Shadock de la bibliothèque, la salle de cinéma, où nous avons tous découverts pour notre plus grand plaisir, trois dessins d’animation dont un réalisé par des enfants, en technique mixte, illustration au crayon noir gras, photographies, photomontage… bref une pépite, pétillante d’idées à regarder sur Viméo, si votre curiosité vous y conduit et qui a pour titre La Saint-Festin !

Photographier les mains… on peut !
Photographier les mains… on peut !

A l’heure où nous mettons sous presse, nous ne savons pas si la deuxième semaine initialement prévue et dont les comptines devaient commencer par AH, SI J’AVAIS UN CHAT… aura lieu. Le centre de loisirs, qui avait également bouclé ces prochaines matinées avec la Cité des Sciences, manque d’encadrants.
Lire en Short à la Cité a rassemblé cette semaine 37 enfants sur quatre matinées, un grand merci à eux !
Il reste encore à La Souris Qui Raconte la partie iBooks Author. Réunir les quatre comptines, les quatre animations et les petits bonus glanés tout au long du programme, et finaliser « Ah, si j’avais… » un chien, sûrement, un chat, on l’espère !


Hier se tenait au Campus Fonderie de l’Image une Masterclasse intitulée : « Créer en papier et en numérique : quelles contraintes, quels défis ? ». Destinée aux artistes et aux professionnels du livre et du transmedia, la journée a été ponctuée par 4 interventions toutes aussi passionnantes les unes que les autres ! Replay !

Le contexte d’abord. La journée (filmée au bout du lienétait organisée par Transbook dont je vous avais dit quelques mots à l’occasion de mon article sur la journée professionnelle du Salon du Livre et de la Presse Jeunesse de 2014.
Les axes d’intervention du projet sont :

Inciter les acteurs à investir les nouveaux business models et modes de création
Dynamiser les carrières des créateurs
Favoriser l’appropriation de pratiques de médiation innovantes.

de-nouvelles-perspectives-dans-la-relation-entre-le-tangible-et-le-numrique-dans-le-domaine-du-jeu-et-du-jouet-etienne-mineur-7-638Et c’est bien dans ce sens que le SLPJ, un des organisateurs phare de l’événement a préparé ces quatre rencontres, présentées sous forme de keynote. Pour ne pas être redondante avec l’enregistrement que je vous invite vivement à visionner sur le site de Transbook, je voulais revenir sur quelques moments forts. En premier lieu la présentation d’Etienne Mineur, décrit comme un pionnier de la création numérique en France, et qui, comme le dira plus tard Julie Stephen Chheng est « the one », ce en quoi je la rejoins totalement. La Souris Qui Raconte est fan, même si nous deux, on ne joue pas dans la même cour ! Lorsque l’on est éditeur, numérique ou non, Les Editions Volumiques font figure d’exemple. Et même si parfois leurs productions sont très loin du livre, parce que « objets connectés » plus que codex, la curiosité et l’ingéniosité de leur directeur de création nous transportent. Il nous présente ces objets, créés avant l’arrivée de l’Ipad et dont il nous assure qu’ils ne sont pas très compliqués à faire (un livre qui tourne les pages tout seul, qui sait où vous en êtes dans sa découverte, un autre qui s’efface définitivement au bout d’un certain temps…). Il nous explique le rapport physique à l’objet, qui ne doit pour autant pas occulter son but ultime, celui de raconter des histoires ! Merci Monsieur Mineur !

Julie Stephan ChhengLes histoires, il en a été largement question pendant toute cette journée. Julie Stephan Chheng, que j’avais aussi rencontrée au dernier salon de Montreuil, puisqu’associée à l’équipe des Volumiques sur plusieurs projets, nous en a raconté plein. Toutes colorées et délicieusement poétiques. Elle nous a conté « Les aventures du petit train postal » (un projet que vous pouvez aider sur KissKissBankBank), les Aventures d’un village, Les dépliables… mais surtout le livre et l’application sur lesquels elle travaille depuis 2 ans « La pluie à midi » un des 5 projets ayant obtenu la bourse d’aide du SLPJ en 2014. L’histoire raconte les aventures de Joe, un petit poisson qui voulait être requin. Il y a très peu de texte dans ce récit, la narration étant celle que l’enfant élabore en aidant son poisson à accomplir ses quêtes, dont la principale est de retrouver son aileron perdu un jour de tempête (n’hésitez pas à regarder l’enregistrement de la journée, c’est vraiment intéressant).

Ce que j’ai retenu de ces deux keynote, c’est d’abord la passion des intervenants ! Deux envies énormes de faire des choses en utilisant tous les potentiels des tablettes. Mais ce sont aussi les difficultés rencontrées. Les coûts, bien sûr, exorbitants, mais aidés dans leur monétisation par un grand nombre de subventions (comme le fera remarquer Etienne). Si j’ai bien compris (sous réserve quand même), Julie a obtenu 60K€ de subventions sur son projet ! Des sommes de dingue pour créer des objets qui sont de véritables OVNI dans le monde de l’édition, avec aucune garantie de résultat ! Quel éditeur papier français, ou étranger d’ailleurs, est prêt à miser pour voir, à parier sur un concept, sur son porteur de projet comme on dit… et le financer !? Même si les choses bougent comme le disait Albin Michel Jeunesse, ça ne bouge pas assez vite, et les freins sont encore extrêmement fort !

crusoe-3-artikel2-410Tenues respectivement en espagnol et en anglais, les deux keynote de l’après-midi ont donné la parole à trois autres grands créateurs.
Alberto Morales Ajubel est originaire de Cuba. Avant de travailler en numérique, Alberto dessine pour la presse, dans son pays d’abord, puis en Espagne où il vit aujourd’hui. S’il parle avec humour, son univers graphique est assez noir, bien que coloré ! L’homme semble avoir de sacrées valises, mais un bien beau karma ! Bref, après nous avoir emmené loin dans son passé au travers de nombreuses illustrations, il arrive à ses créations d’aujourd’hui. En grand adepte d’iBooks Author, il publie des œuvres illustrées comme « The Cat that Walk by himself  » de Kipling (sélectionné en 2012 par Apple comme l’un des 5 meilleurs livres publiés avec IBA), ou encore « Robinson Crusoe » dont la version papier a été éditée chez Plume de Carotte. De fil en aiguille, ou plutôt, d’images de presse en illustrations pour la jeunesse, il nous entraîne vers ses prochaines publications : applications et jeu vidéo en réalité augmentée. Sous le sceau du plus grand secret, il nous montre des images que vous ne verrez pas sur l’enregistrement, et dont je ne dirai rien non plus, si ce n’est Whouhaaa !!! Aidé par sa compagne Irène Blasco sur la partie développement (si j’ai bien compris), il surprend toute l’assistance par l’adaptation dont il se montre capable tout au long de son parcours. Il y a quelques temps de cela, il avait juré à l’un des ses amis que JAMAIS personne ne pourrait dessiner avec un ordinateur. A bientôt 60 ans, l’homme jongle avec les nouveaux médias, curieux et avide d’en découdre !

imageGen.ashxAlors que la température monte dans la salle, il a fait chaud hier, mais moins qu’aujourd’hui (un peu comme l’amour ça…!), nos deux derniers intervenants prennent la parole. Ben Newman, illustrateur quand il ne prend pas les chats en photos, et son acolyte James Wilson, directeur de création numérique chez Nobrow. Ensemble ils nous présentent « Professor Astro Cat’s Solar System », l’application. Le livre, publié en France chez Gallimard Jeunesse « Professeur Astrocat aux frontières de l’espace » est traduit dans plusieurs pays. Fort du succès de son ouvrage, Ben a eu l’envie (toujours elle) de mettre son personnage en mouvement et en musique. A tour de rôle, Ben et James nous expliquent comment le livre a été repensé pour utiliser le potentiel de la tablette, passer d’un format contraint fini, dont les pages imprimées entravent l’action, à un format plus ouvert, animé, où il suffit de glisser le doigts sur l’écran pour voir au-delà ! Quelles ont été les sources d’inspiration pour la musique, quelles nouvelles expressions pour Astrocat et Astromousse…
Le concept de l’application est l’exploration du système solaire (idem pour le livre) mais en y associant du jeu, lequel permet à l’enfant de progresser en apprenant (mine de rien) pour construire, in fine, sa propre fusée et partir lui aussi à la conquête de l’espace !

Je vais m’arrêter là sur mon bla-bla, qui est fort long, finalement, mais la journée était bien remplie ! Vous l’aurez compris, j’ai passé un moment riche. Les échanges et les partages, éclairés par les présentations d’Etienne, Julie, Alberto, Ben et James m’ont nourrie d’une belle énergie, et m’ont appris aussi !