Au cirque Boulgome, deux protagonistes, le magicien Magior et le clown Rigoletto rivalisent sur la piste pour séduire le jeune public. Le premier est égocentrique et mégalo. Il cherche le succès absolu au point de « kidnapper » le cirque et tous les spectateurs envoûtés. Le deuxième est tout en rondeur et en douceur, tourné vers les enfants et leur plaisir.

Nicolas, racontez-nous comment cette idée est née dans votre tête. Magior n’est pas vraiment très bienveillant et quelle drôle d’idée de vouloir faire le spectacle à lui tout seul !? Est-ce que des personnages de la « vraie » vie vous ont inspirés ?

Quelle plus belle piste que celle du cirque quand on veut raconter une histoire aux enfants ? J’ai choisi deux grandes figures, le clown et le magicien. Et deux façons de voir la vie : celui qui se nourrit du bonheur des autres et celui qui ne cherche que sa propre gloire, qui n’écoute que son ego.
Ensuite, Rigoletto et Magior ont écrit la suite (presque) tous seuls.
Toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existé est le fruit d’un hasard que l’auteur ne contrôle pas toujours…

Premières esquisses

Romain, les traits que vous avez imaginé pour chacun des personnages leur vont comme un gant. Magior est sec et antipathique, Rigoletto tout rond et coloré ! Pouvez-vous nous dire comment vous avez travaillé sur vos personnages ?

Le personnage de Rigoletto m’est venu assez naturellement en lisant les mots de Nicolas. Son côté chaleureux et altruiste m’a donné envie de le dessiner tout en rondeur et en couleur. C’est un personnage réconfortant qui se soucie des autres. Je voulais qu’on ait envie de lui faire un câlin comme à un gros ours en peluche. D’ailleurs il ressemble un peu à Antiproblemus. A l’inverse pour Magior les recherches ont été plus longues. Dans mes premières ébauches, il était trop dur et inquiétant. J’ai donc gardé cette silhouette grande et mince qui lui donne cet air dominant tout en arrondissant les traits de son visage car au fond il n’est pas si mauvais.

Et tous les petits bruitages (je ne parle pas des musiques hein !) racontez-nous comment vous vous y êtes pris.

Ah ! En fait c’est très simple. Plutôt que de piocher dans des banques de sons, j’ai préféré créer les bruitages moi-même. Donc j’ai pris un micro et j’ai fait tous les bruitages à la bouche, avec les mains, avec les objets qui trainaient autour de moi, des jouets de ma fille, des ballons de baudruche… En plus ça donne un petit côté « fait avec les moyen du bord » que j’apprécie.

Depuis « Antiproblemus veut sauver la Terre », la planète a tourné (et Mars aussi)… et vous qu’avez-vous fait ? 

Après avoir fait Antiproblemus, j’ai intégré un collectif de graphistes, Ménage à Trois. On  a réalisé ensemble des clips musicaux, des génériques et de l’habillage de documentaires ainsi que de nombreuses vidéos corporate pour différentes marques. Le tout toujours dans un style très graphique et illustratif. Aujourd’hui j’ai quitté le collectif (qui s’appelle d’ailleurs maintenant le Studio Biscuit) et je continue en solo à réaliser des vidéos. Suivant les besoins des clients les techniques graphiques utilisées varient. Cela peut-être des photomontages, de l’illustration, de la typographie, de la 3D… Ensuite je donne vie à tout ce petit monde sur After Effects.

J’en profite pour inviter les lecteurs curieux à se promener dans votre univers, très riche… Comment avez-vous appréhendé cette nouvelle publication, au vu de votre job de « Film Maker » ?

J’aime mettre des histoires en images. Que se soit sous la forme d’un film d’animation, de motion design, d’un livre interactif ou d’illustrations, ce qui m’intéresse c’est avant tout la création d’un univers graphique et la narration. La Grosse Tête de Magior s’est inséré naturellement dans mon processus de création. J’ai vraiment pris du plaisir à mettre en images l’univers sans limite de cette histoire.

Magior_EP2b

Que pensez-vous du successeur de Flash, Animate CC ? A votre avis, apportera-t-il une bouffée d’oxygène aux inconditionnels ?

En fait je n’ai utilisé Flash que deux fois depuis que je suis indépendant. La première c’était pour réaliser Antiproblemus veut sauver la Terre et la seconde pour La grosse tête de Magior. Habituellement je travaille sous After Effects et pour être honnête je ne suis vraiment pas à l’aise avec ce logiciel. Donc euh… joker ?

Nicolas, je reviens à vous, pourquoi le choix d’une vie en Autriche ?

Car on y mange de bons gâteaux et qu’il y  a de la neige. Mais pas seulement. Mon épouse est Allemande. Lorsque nous avons décidé de faire découvrir aux enfants leurs racines germaniques, le marché de l’emploi nous a conduits au pied des Alpes plutôt que sur les rives du Rhin.

Départs d'enfantsOù en êtes-vous dans votre processus d’écriture depuis le plébiscité Départs d’enfants– Grand Prix du livre jeunesse 2012 de la SGDL, Éditions Atelier du Poisson Soluble publié en mars 2011 ?

J’ai publié depuis un roman pour adolescents, Enquête d’identité (Eds Le Lamantin), et un recueil de nouvelles pour adultes, Impostures (Eds Émoticourt, un cousin de La Souris Qui Raconte puisqu’éditeur essentiellement numérique). Je travaille également pour des ouvrages de Français Langue Étrangère (FLE) et écris des histoires adaptées au niveau des apprenants (les fameux niveaux A1, A2, B1, …). Ce sont des livres composés d’une histoire, d’activités sur la langue et de dossiers thématiques (rien n’empêche les ados francophones d’y jeter un œil aussi…).

Est-ce votre « seul métier » ?

Père au foyer, c’est un métier ? Oui ! Alors, écrire n’est pas mon seul métier.

Qu’avez-vous pensé du travail de Romain sur votre texte ? Chouette hein !

C’est un moment très émouvant de découvrir les traits de personnages qui n’existaient jusqu’à lors que dans votre tête. Romain leur a donné vie et caractère et a inventé un très bel univers autour du cirque Boulgome. C’est très très chouette en effet !

Nicolas & Romain vos projets à tous les deux, quels sont-ils ?

Nicolas : J’écris en ce moment plusieurs livres FLE, et j’ai un roman pour adolescents qui doit sortir avant l’été. Sans parler des histoires, moitié dans ma tête, moitié sur papier, qui réclament encore du travail pour exister !
Et qui sait si Magior et Rigoletto n’aimeraient pas continuer leurs aventures ?

Romain : En ce moment je termine le générique d’une série documentaire pour France 5, dans un tout autre univers que celui du cirque Boulgome. Ensuite j’aimerai prendre un peu de temps pour commencer un projet de bande dessinée sur lequel je travaille avec un copain. Ce sera encore un truc un peu absurde… je ne peux pas en dire plus.

Grâce à vous, la 42e publication de La Souris Qui Raconte est en ligne sous les traits de deux personnages très intéressants tant dans leur identité narrative que visuelle. Encore merci pour vos réponses et votre confiance et qui sait, à une prochaine !


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