Co-édité par Flammarion et Actialuna ce conte moderne est pour le moins étrange. Signé par Mathias Malzieu, chanteur du groupe pop rock français Dionysos, il est illustré par Frédéric Perrin. La musique est de Dionysos, mais vous vous en doutiez déjà !
La lecture de cette œuvre originale m’a laissée un peu dubitative !
Le texte d’abord. Il est court et découpé en 7 scènes. Chaque scène compte environ une dizaine de « pages » lesquelles, lorsqu’elles sont ouvertes, se présentent sous la forme d’un écran unique composé d’un épais brouillard qui se dissipe parfois et sur lequel est inscrit le texte, le plus souvent justifié en pavé, écrit en assez gros caractères. Comme le texte ne coule pas jusqu’en bas de l’écran, mais s’arrête à peu près à mi hauteur, certaines coupes de phrase sont parfois inattendues. Pour passer d’un texte à l’autre, puisque se ne sont pas vraiment des pages, il faut « pousser » l’écran, à droite ou à gauche.
Les illustrations. Elles sont très réussies, dès lors que l’on aime les ambiances en « matte painting » car Frédéric Perrin appartient surtout au cinéma et son trait s’en ressent (ceci dit… promenez-vous dans son site, il maîtrise le bougre !). Dans chaque scène, une de ses illustrations occupe tout l’écran et raconte l’histoire différemment. Des animations et des effets peuvent être proposés, pas forcément faciles à trouver. Une « poussée » sur l’écran et c’est à nouveau le brouillard qui l’envahit !
La musique. Euh… Jocker… je ne dois pas être la cible ! c’est un peu rengaine (phrase musicale unique, ou presque), et je ne vois pas ce qu’elle apporte à l’histoire, peu de variantes (voire pas du tout) dans les différentes scènes…
L’histoire. Etrange… je l’ai dit ! Une famille composée de 2 enfants (un garçon et une fille) se promène sur le volcan Snaefelljokull, celui-là même qui ouvre le voyage de Jules Verne ! Le jeune garçon disparaît dans le volcan (oui, oui, il tombe dedans quoi !) et revient visiter sa sœur sous la forme d’un fantôme incandescent. Pourquoi pas… mais lorsque la maman mange la crêpe qui contient son fils mort (forcément) là, j’ai hurlé de rire… et puis d’effroi !
Bref… décevant, et mon coup de cœur n’en est pas vraiment un, car cette application si elle ouvre la voie vers une nouvelle narration, a un contenu limite grotesque. Désolée Monsieur Malzieu, je n’ai jamais rien lu de vous à part cette nouvelle et je ne connaît pas non plus les textes musicaux que vous chantez, mais sur celui là, je n’aurais pas parié un caramel !
L’éditrice que je suis se demande quelle place est faite au lecteur dans ce genre d’ouvrage ? Cette application a-t-elle été pensée pour lui ou bien les auteurs et éditeurs se sont-ils fait plaisir ? A lire les critiques sur le store iTunes, je ne suis pas la seule à avoir cet avis pour le moins mitigé !
Une autre critique, dithyrambique celle-là, que je viens de découvrir chez nos amis eBouquin. Comme quoi les goûts et les couleurs !…
À propos de ce conte, on pourrait conclure que les Français ont le talent du rationnel sinon de la ratiocination mais ils n’ont pas celui de la fantaisie pure ni du merveilleux. La raison en est qu’ils se regardent regarder et ainsi tombent dans le mièvre.
Ludovic, je ne suis pas sûre de bien comprendre votre parole de souris 😉
Quels Français (de manière très général) ont le talent du rationnel sans avoir celui de la fantaisie pure ? Et qui tombe(nt) dans le mièvre ?
Les auteurs et réalisateurs d’émissions de télévision pour enfants.
(Bien entendu je généralise… à partir de mon expérience d’administrateur d’une maison d’édition de « livres pour enfants » ; on voit tout de suite si un texte a été écrit par un Français ou un Anglais, par exemple.)
J’ai toujours du mal à vous suivre 😉
Serait-ce un subterfuge ?!
Pourquoi parlez-vous de ces acteurs là au regard de mon article sur L’homme Volcan ?
Dans tous les cas, j’en profite en cette période de vœux, de vous souhaiter plein de belles choses et de très belles fêtes.
Que vous ayez du mal à me suivre ne m’étonne qu’à moitié car je me rends compte que je ne suis pas trop clair… et le français n’est pas ma langue maternelle… Je tente de le dire autrement la réflexion qui m’est venue en regardant L’Homme Volcan : où est le Lewis Carroll français ? Certes il y a eu le recueil de Perrault mais on sait qu’il a considérablement rationalisé et « moralisé » les contes. Mon idée est que les auteurs, de nos jours, poursuivent cette tradition.
Joyeux Noël à vous aussi !