20 | 02
2017

Et de trois… « Le drôle de chat qui mord » troisième livre numérique nativement HTML vient tout juste de paraître et Pierre Canthelou sera sur ces questions-là mon expert HTML5. Mais, n’est-ce pas ce qu’il est dans la vraie vie ?

Pierre Canthelou (Onzedix), ingénieur en génie logiciel (ça claque) pouvez-vous rapidement nous expliquer ce qu’est un ingénieur en génie logiciel. Quelles études et compétences sont nécessaires ?

Bonjour à tous nos lecteurs et bonjour à vous petite souris. Pour faire court, j’ai un diplôme officiel d’ingénieur maître en mathématiques et génie logiciel, délivré à la suite de 3 ans d’études à l’I.U.P de Rouen. Je ne suis donc que bac+4, je ne sais même pas si ce diplôme existe encore… Il nous préparait à la conception de logiciel, algorithmes, programmation orientée objet, gestion de projet (bon là ils ont vraiment raté leur coup…). Mais, un diplôme reste un diplôme, et j’ai tout appris avant et après. Ma vraie culture informatique s’est enrichie de lectures nombreuses (la plupart du temps des ouvrages en anglais…), d’une veille constante et de la possibilité (ou la prise de risque) de faire des projets avec des technos émergeantes, pour moi ou mes clients. Comme avec vous par exemple !

Comment en êtes-vous arrivé à cette spécialisation ?

C’était pour moi une suite logique : j’ai démarré en 2004 dans la création de sites web, et à cette époque j’ai fait le choix de ne faire que des sites full-css alors que beaucoup utilisaient encore des tableaux ou Flash. Ça a été payant car c’est cette techno qui a pris le pas. Comme je développais aussi avec le PHP, j’ai fait 10 ans de bons et loyaux services dans le domaine de la création de sites… Et quelques applications, mais rien de bien folichon. Avec l’arrivée des terminaux mobiles (téléphones et tablettes), j’avais encore une fois le choix entre une spécialisation (sur iOS) ou garder mes acquis et me lancer dans le « HTML5, l’aventure continue ». J’ai donc délaissé peu à peu le développement de sites au profit des clients m’offrant des perspectives dans la création d’applications, soit mobiles, soit très animées et interactives. Je remercie d’ailleurs La Souris Qui Raconte de m’avoir permis d’embarquer avec vous sur la réalisation de ces livres animés (j’ai trois grands enfants, je leur lisais beaucoup d’histoires, c’était génial, et j’avais envie de créer des livres comme ça).

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Un projet fait pour Mustella

Pour rappel, il y a eu « Ma rentrée colère » collection histoires « à lire », suivie de « PCR Company » collection histoires « à jouer » et le tout beau tout neuf « Le drôle de chat qui mord » collection histoires « à lire » encore. Pouvez-vous expliquer les différences majeures entre ces trois titres et comment le premier vous a permis de décliner plus rapidement les suivants (c’est bien le cas n’est-ce pas ?).

C’est le cas. Le développement informatique a beaucoup évolué, il est moins rare dorénavant qu’un logiciel sorte ou soit développé sans avoir 100% de ses capacités. En tout cas moi c’est comme ça que je conçois mon travail ; ce qui fait que je suis souvent en retard en fait. Parce que dans le développement, on tâtonne (au début), il y a plusieurs manières d’aborder une action ou un algorithme, et les technos HTML5 sont encore jeunes… Pour « Ma Rentrée Colère » je me souviens avoir démarré en utilisant le moteur de jeu Phaser, qui promettait de belles choses. Mais à l’usage et dans la construction même du livre c’était long et complexe. De fil en aiguille j’ai construit mon propre langage pour créer rapidement les écrans, ce qui fait que, entre le code des premiers écrans de « Ma Rentrée Colère » et le dernier, on peut voir l’évolution ! La complexité était dans la déclaration des objets graphiques, leur positionnement puis leur animation, la synchronisation avec la voix et la musique, le poids des images, les passages de pages etc…
Avec « PCR Company » on a changé de registre, il fallait pouvoir cliquer ; là encore j’ai inventé un langage pour faciliter la création des écrans, en complément de ce que j’avais déjà écrit pour le précédent ouvrage. Et là encore, on voit la différence et l’évolution du code entre le premier écran et le dernier. Ce qui me prenait 5 ou 10 lignes de code dans les premiers ne me prenait plus qu’une ligne à la fin (mais j’avais quelque part 15 lignes de code qui permettaient ce raccourci).
Enfin, avec ce dernier très bel ouvrage « Le Drôle de Chat qui Mord », nous avons introduit la notion d’écran double, qui avait un impact sur la gestion des écrans et des flèches de navigation, et des animations, qu’il fallait arrêter et cacher…
A l’heure actuelle, notre moteur, loin d’être parfait, permet de créer des suites d’écrans chapitrés (écrans simples ou doubles), avec musique, voix et effets sonores, des animations d’objets et des actions diverses sur ces objets, et ce avec un minimum d’instructions et de lignes de code (alors que le premier livre ne permettait de faire que des suites d’écrans simples non chapitrés, avec musique, voix et effets sonores, et animations d’objets).

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Exemple de codage de la première scène du drôle de chat

Si vous avez géré les animations sur le premier livre numérique, nous avons décidé ensemble de travailler avec Prakash Topsy (producteur pour le cinéma d’animation) sur la partie animation pour les suivants. Comment votre complémentarité se formalise-t-elle, en trois mots « qui fait quoi » ?

  • Nous recevons le script de l’illustrateur et ses prérogatives d’animations.
  • Nous étudions ces recommandations et définissons ce qui sera animé par Prakash, et ce qui sera de mon ressort, en fonction des mouvements demandés.
  • Prakash réalise des animations et me fournit des suites d’images : de l’animation traditionnelle à la Walt Disney, image par image. On se base sur des cadences de 12 images par seconde, voire 10…
  • Je récupère l’énorme travail de Prakash et transforme chaque série d’images en 1 image qu’on appelle « sprite ». J’ajoute une ligne de code pour informer notre « logiciel » qu’il doit traiter cette image comme une animation, un peu comme un GIF animé.
  • J’anime avec Javascript ces éléments pré-animés (en leur attribuant translation, rotation, …) et les autres.

Par exemple pour les oiseaux, Prakash fait entre 2 et 8 images d’un oiseau en vol stationnaire, qui bat des ailes, que je transforme en sprite ; ensuite j’insère cet objet graphique dans l’écran avec une ligne de code précise, et avec une autre ligne de code (ou plusieurs) je lui commande d’aller d’un point A à un point B de l’écran à une certaine vitesse.

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J’ai quelques angoisses concernant le format HTML5. Pensez-vous que l’on puisse aujourd’hui parler d’un standard ? Le HTML4 a été un standard du web pendant plus de 10 ans (si j’en crois cet article). Quelles différences existent entre la version 4 de HTML et la version 5, avez-vous un avis sur la version 6 ?

Le problème c’est qu’on parle de HTML5 comme on parlait de HTML4+CSS2+JS ; HTML5 ne veut rien dire en soit car on utilise au final toujours les mêmes langages : du HTML, des CSS et du JS. Là où cela évolue, c’est que HTML a de nouveaux TAGs (comme le tag canvas pour le dessin), les CSS se sont enrichis d’instructions d’animations et le Javascript s’enrichit aussi d’instructions d’animations, de gestion de la géolocalisation, des notifications, etc…
Donc en gros, ce qui était impossible à faire il y à 3 ans le devient car l’écosystème logiciel du web s’enrichit de fonctionnalités nouvelles, qui viennent d’ailleurs souvent du monde du portable… C’est pour moi identique à HTML3 et HTML4, la même « révolution » qui n’est en fait qu’une « évolution ».
Donc je n’ai aucune idée de ce que réserve la sixième évolution du web, mais on peut se dire que la possibilité de stockage d’informations, de mise en cache, d’échange direct avec une autre machine, etc. vont pointer le bout de leur nez afin de contrecarrer les applications natives de Apple et Android. Cela va simplifier pas mal de choses !

Avez-vous suivi ce qui s‘opère entre l’IDPF et le W3C. Je suis loin d’être une experte sur ces questions, mais j’imagine que vous avez un avis sur ce rapprochement ? Ça va changer quoi pour des gens comme vous, et par ricochet des éditeurs comme La Souris Qui Raconte ?

Pour être franc, c’est une découverte ! Je vois même qu’il y a une ancienne cliente qui fait partie de l’équipe avec laquelle je bossais pour Magnard. Qu’est-ce que cela pourrait changer ? Techniquement j’imagine qu’ils vont introduire de nouvelles fonctions pour faciliter la conception d’ouvrages (couverture, préface, ligne, pagination, …), ainsi que la lecture (démocratiser la lecture automatique de textes) donc il va falloir, comme on le fait déjà maintenant, apprendre de nouvelles techniques… Rien de bien nouveau. Pour vous ? On peut se dire que ça va faire comme pour la disparition annoncée de Flash. Une refonte des moteurs techniques d’affichage, mais très certainement aucun changement sur le fond.

Alors que Flash (logiciel d’animation) a été le roi du web pendant deux décennies, le voilà déchu et détesté pour cause de failles de sécurité ! Pour avoir entendu dire un paquet de fois « Flash… c’est mort ! » pourquoi HTML (langage de description de pages) ne suivrait-il pas le même destin ? Quelle garantie avons-nous que demain (dans 10 ou 20 ans) HTML(?) ne sera plus HTML(?) mais autre chose et que ce qui marche aujourd’hui ne marchera plus dans 10 ans ?

Le truc c’est que HTML était là avant le Flash. Je pense que c’est une erreur non pas de Macromédia/Adobe mais du W3C d’avoir tant attendu avant d’introduire directement dans le HTML tout ce qui faisait la force de Flash : timeline pour l’animation (le pendant étant les animations CSS et bientôt la timeline JS), dessin vectoriel (SVG), logiciel-éditeur complet. Flash, tout le monde l’aimait parce que l’outil était très bien fait, qu’il permettait de faire assez facilement ce qui était impossible dans une page web, et qu’un graphiste pouvait l’utiliser directement. Dans l’immédiat, on a besoin d’un graphiste puis d’un développeur. En extrapolant, regardez ce qui se déroule avec React ! Ça va faire pareil ! HTML, CSS et JS seront toujours là : ils vont évoluer, intégrer les technos qui auront émergé en avance sous forme de plugins, et ils perdureront.
Pour finir, parler de 10 ans en informatique, c’est comme se demander si les dinosaures pourraient encore fouler notre terre. Ne serait-ce que parce que le matériel évolue trop vite.

J’imagine que vous programmez en HTML pour faire ce que HTML sait faire, des sites web, bien plus que pour « co-créer » des livres comme ceux de LSQR. Que retirez-vous de cette nouvelle expérience ?

Alors en fait non ! J’ai déjà répondu à la question plus haut ! C’est plutôt l’inverse, je préfère largement co-créer avec vous, j’ai déjà fait assez de sites web… Et maintenant avec WordPress, le métier est totalement différent. Je fais en parallèle des sites animés interactifs pour une agence qui bosse beaucoup avec le médical/pharmacie, et c’est très bien aussi. Je me tourne vers l’animation et l’interactivité, c’est un choix d’orientation professionnelle et j’en apprends beaucoup beaucoup avec la réalisation de livres.

Pour avoir pratiqué Flash et sa performance en matière d’animations (c’est quand même ce qu’on fait chez LSQR depuis presque 7 ans, des livres numériques animés), je n’ai pas encore retrouvé cette fluidité avec HTML5, pensez-vous pouvoir me contredire un jour ?

Oui, comme je le disais en début d’interview, au début j’avais envisagé d’utiliser Phaser, un moteur de jeu, moteur qui en fait utilise principalement un objet appelé « canvas », et cet objet permet de faire des animations fluides. Il faut le comparer à un conteneur comme l’était Flash en fait. C’est pour ça que je disais que le HTML absorbe les technos, et les rend finalement plus accessibles. Sauf que pour Flash ils ont attendu trop longtemps.

Autre inconvénient, les questions de poids, ça pèse vite lourd en HTML et je sais que vous bataillez pour trouver des solutions dans vos chargements. Quel régime pour un livre animé et interactif de 30 écrans ?

Notre dernier livre fait 350Mo, nous avons 45 écrans je crois. Il y a un sprite d’animation qui fait 5Mo à lui tout seul… Mais je n’ai pas encore eu le temps de me pencher à fond sur ce problème de chargement et de préchargement, il faut que j’essaye une autre approche en me basant sur les deux approches déjà pratiquées pour ces trois livres. Les nouvelles technos comme Progressive Web App devraient apporter quelques éléments de réponse.

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3 images transformées en une seule pour l’utilisation en tant que « sprite »

Ah oui, une dernière question, pourquoi Onzedix ?

C’est hyper intime !
Onzedix, c’est binaire et informatique : 1110
Et je suis né le onze octobre 1971… 11/10
Avant ce nom, je me faisais connaitre sous « codesign » (co design, code, design), mais j’ai voulu accompagner ma transition vers l’animation numérique avec un nouveau nom.

Jeunot ! Huhuhu !!!
Merci Pierre, j’ai presque tout compris ! et j’espère que nos lecteurs apprécieront ces petites ficelles qui vous sont propres, et participent à l’élaboration de notre beau catalogue. Le virage que vous prenez avec LSQR a été dur à décider pour moi (d’où mes questions sur Flash, afin d’être sûre de ne rien regretter… mais non… rien de rien …). On ne change pas une équipe qui gagne, et je ne me voyais pas relayer Ivan, notre docteur ès Flash sur le banc ! Finalement il a trouvé sa place dans la suite de l’histoire que j’écris un peu chaque jour, puisque lui aussi passe au HTML, mais avec Animate CC.
Mais C une autre histoire !


Parce qu’il est partout question de tablettes à l’école, et que les « succes story » entrepreneuriales  touchent plus les applications de la rubrique « Éducation » que celles de la rubrique « Livres »*, je persiste à dire (et écrire) que lire à haute voix des livres (ou applications) numériques depuis les supports ad’hoc est indispensable pour nos enfants.

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Alors que le Grand Plan Numérique progresse, au grand dam de certains réfractaires qui s’en expliquent, La Souris Qui Raconte milite plus que jamais pour la lecture à haute voix sur outils numériques.
Les usages des tablettes en classe se vulgarisent avec des ressources éducatives de plus en plus nombreuses. L’élève utilisant une tablette pour des apprentissages comme l’alphabet des mots, le B.A.BA de la lecture, l’écriture en cursive ou encore l’orthographe, ne devrait-il pas continuer d’utiliser la tablette pour LIRE ! Pourtant, si les curseurs d’utilisation des applications éducatives sont au plus haut, il n’en va pas de même pour les applications ou eBooks « littéraires » ! Ce que j’énonce ici est le fruit d’un simple constat, il vous suffit de regarder dans la rubrique « Enfants » de l’App Store pour vérifier mes dires. A peine une quinzaine d’applications intitulées « Livres » dans le classement des 200 premières applications via mon ordinateur.
Mais voilà, lire n’est pas seulement une question d’apprentissage ! Lire demande un entraînement, une culture au goût de lire, et comme tous les goûts, celui-ci s’exerce et s’affine à l’usage. Pourquoi donc ne pas utiliser des LIVRES numériques conçus par des éditeurs qui publient pour les nouveaux supports de lecture et ainsi développer ce goût ? Nos enfants aiment les tablettes, et bien utilisons-les pour leur donner le goût de lire, et ainsi leur proposer autre chose que des applications éducatives, ludo-éducatives ou ludo tout court !

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Un écran magique ?

Pour info, le 14 octobre prochain, je serai à Canopé Orléans, invitée par Michèle Drechsler, pour expliquer et montrer comment utiliser les applications et ebooks de La Souris Qui Raconte pour de la lecture en classe. De la lecture à haute voix. Mes constats n’ont rien de scientifique, ils sont le résultat de rencontres, en classe et sur des salons, et montrent combien les enfants aiment lire à haute voix, debout devant un TBI, ou un écran de tablette (ou ordinateur) projeté. Le TBI est interactif, plus ludique donc. Mais l’écran peut le devenir. Il suffit de simuler, là ou l’enfant agit sur l’écran, vous agissez vous même sur la tablette, et une action se produit, ou pas ! L’enfant peut aussi, après avoir écouté la narration faite par le conteur, imiter celui-ci, et ainsi « jouer » son texte. Dans le cas de dialogues, plusieurs élèves peuvent se donner la réplique, et « jouer » les saynètes. Le livre numérique ne diffère en rien du livre papier, si le texte est bon, s’il parle aux enfants, ils n’hésitent jamais à lever la main pour être invités à venir déclamer devant la classe.

* Je voulais ici souhaiter bon vent à la maison d’édition numérique Square Igloo, qui annonçait récemment sur sa page Facebook le retrait de ses applications sur les stores pour cause de « non business ». Je suis triste pour eux, et pour les autres, ceux qui ont déjà décroché et ceux qui, obstinés s’accrochent encore, redoutant la suite… Bon vent les amis !

Ça y est… la rentrée, c’est fait ! Avec elle les emplois du temps et les cahiers de texte où noter les tâches (« devoir » c’est trop moche, mais tâche ce n’est guère mieux !) vont ponctuer l’année de rendez-vous, événements et autres réjouissances ! Je vous dévoile sommairement les nôtres, sachant que je reviendrai avec force détails dès que l’actualité le nécessitera !

Pour commencer, les nouveautés à paraître :

Le 11 septembre sortira « Le prince de Venise » collection Histoires à Lire. Ecrit par Christophe Loupy (La petite flamme et Les deux rois, la sorcière et la sage), ce conte nous relate la quête absurde d’un prince frivole suite à la découverte d’une noix magique qui exauce tous les vœux de celui qui la tient dans sa main. Les illustrations sont de Bérengère Le Gall (Chacun cherche Papy), Ivan Timsit anime (et il le fait toujours très bien) et Jean-Marco Montalto raconte.

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Bernardino et Luigi
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Bernardino et le vieil homme

En novembre (le 13 si tout va bien) « Une botte pour deux » dans la collection Histoires à jouer a été écrite par Sophie Belin. Les illustrations et animations sont de Anne-Sophie Gousset (Zila et le chevalier). Cette histoire de princesses qui ne sont pas toutes des potiches et d’un roi aux idées sombres qu’il faut marier au plus vite, devrait aussi être publiée sous forme d’application.

Un décor de conte de fées
Un décor de conte de fées

Fin janvier, nous serons en 2016 et j’aurai une décennie de plus (nom d’une souris !), « Nasreddine Hodja » revient avec son chat nous délecter de 3 nouveaux contes. Les textes et illustrations sont toujours de Marjorie Vial Topsy.

Le bol de lait
Le bol de lait
La bonne recette
La bonne recette
Nasreddine et les villageois
Nasreddine et les villageois

En avril, je vous emmènerai une nouvelle fois au cirque faire la connaissance du clown Rigoletto et de l’odieux Magior, un magicien à la très grosse tête ! Ecrit par Nicolas Gerrier et illustré par Romain Egea (Antiproblemus veut sauver la terre« La grosse tête de Magior » donnera l’occasion de reparler  de modestie. Le talent (même pour le plus grand magicien du monde), ne donne pas tous les droits ! Un livre numérique de la collection Histoires à jouer.

Rigoletto le clown et Magior le magicien
Rigoletto le clown et Magior le magicien

On terminera l’année (scolaire) avec notre troisième Histoire d’Ecole avec Lecture Jeunesse et le collège Valmy (après Une île juste parfaite et Troubles). Celle-ci clôturera le cycle entamé en 2013.

Cinq livres numériques sont donc en production, à des étapes différentes du processus de fabrication. Dans le même temps, pour valoriser le travail des auteurs et illustrateurs, salons, formations et ateliers en bibliothèques et écoles se succèderont. Ces quatre prochains mois, La Souris Qui Raconte sillonnera l’hexagone, de Carpentras à Chalon-sur-Saône en passant par Grenoble, sortira de ses frontières direction Beyrouth et ne manquera pas de revenir à Montreuil pour la quatrième année consécutive.
Enfin le 29 octobre à la médiathèque Robert Desnos de Montreuil, j’invite les bibliothécaires qui le souhaitent à venir me rencontrer à l’occasion d’une matinée organisée par Fontaine O Livres.

C’est tout pour le programme connu à ce jour… et vive l’inconnu !


« Tout allait bien, jusqu’à ce qu’Amazon intervienne sur le territoire français, avec son offre Kindle Unlimited. […] » ainsi commence le billet traitant de l’abonnement illimité du livre, sur l’incontournable blog Actualitté.

En lisant cet article, j’ai été prise d’un profond écœurement (pour ne pas dire colère) !
Pourquoi en France, entreprendre et innover s’avère-t-il parfois si compliqué ? Tout le monde s’accorde à dire (et les chiffres en premier), que le livre numérique peine à décoller. Mais comment, bon sang, peut-il en être autrement, alors que les premiers freins semblent émaner des acteurs de la filière eux-mêmes ? DRM, prix trop élevés… et maintenant cette interrogation sur l’offre d’abonnement illimité comme offre possiblement illégale ! Dans un marché qui a montré toute sa puissance en 2010, avec l’arrivée de l’iPad, le recul manque ! Pour preuve, la première étude d’usage du livre numérique réalisée conjointement par SOFIA/SNE/SGDL a été rendue publique en mars 2012. Alors que la numérisation d’ouvrages au travers du projet Gutenberg remonte à 1971…

Si les investigations demandées par Mme Fleur Pellerin, au sujet de ce qu’elle croit « ne pas être conforme à la loi », visaient en premier lieu Amazon, comment pouvait-elle ignorer les dommages collatéraux que cela risquait d’engendrer, l’abonnement illimité du livre ne datant pas d’hier ?

[…] Les premières formules destinées aux particuliers apparaissent quant à elles à la fin des années 2000. Elles sont donc contemporaines de l’émergence des plates-formes de streaming musical. Si ces dernières sont souvent présentées comme antérieures, c’est principalement en raison du fait qu’elles ont eu un impact plus marquant. Elles sont en effet parvenues à imposer, dans leur secteur, le modèle de l’abonnement comme un nouveau paradigme de commercialisation des biens culturels à l’ère numérique, même si la viabilité du modèle, pour l’ensemble de la filière, demeure encore l’objet de débats et d’interrogations. […] *

Publie.net en 2008. Izneo, YouScribeYouboox, StoryPlayr (et j’en passe), ont suivi entre 2010 et 2013 ! Chacun avec sa ligne éditoriale propre mais avec des fondements communs, rendre la lecture numérique accessible au plus grand nombre, de façon SIMPLE !
Le cheval de bataille d’Amazon SIM-PLI-FI-CA-TION, achat en un clic… certes dans un univers fermé (on le lui reproche assez), mais un service inégalé pour l’utilisateur final. Soyons au moins honnête sur ce point ! La société change et ses usages avec. Pourquoi la lecture ne s’essayerait-elle pas à de nouveaux modèles ? C’est ce qu’ont cru possible les Youboox et consort !
Mais ça c’était avant !

[…] À la suite du lancement par Amazon de son offre d’abonnement Kindle Unlimited, dans un secteur d’activité déjà occupé par quelques opérateurs français, un débat a émergé relatif à la légalité de ces offres au regard de la loi de 2011 sur le prix du livre numérique. La ministre de la culture et de la communication, Fleur Pellerin, a fait part le 22 décembre 2014 de son intention de saisir le médiateur du livre de cette question, pour avis. […] *

Avant l’arrivée d’Amazon et son offre illimitée, Mme Pellerin estimait-elle ces services « ne pas être conforme à la loi » ? Pas que je sache… ! Et voilà qu’à la fin 2014 le vilain méchant loup entre dans la bergerie ! Déjà qu’à l’instar d’Attila les librairies disparaissent sur son passage, si en plus ce loup conquérant propose une offre illimitée de plusieurs milliers d’ouvrages à 9,99€/mois, où va-t-on ?
En France on aime bien les bouc-émissaires, celui-ci à le cuir dur, mais quid des conséquences sur nos intrépides entrepreneurs ? Comprenez-moi bien, ce contre quoi je m’insurge c’est la chronologie de toute cette affaire !

Chasse aux sorcières

Pour un livre à 20€
Pour un livre à 20€

A la lecture du rapport Engel, que lit-on entre les lignes, si ce n’est la PEUR compulsive du numérique qui étreint le lobby de l’édition ? C’est bien Amazon le catalyseur de ce qui risque de devenir un sacré bazar !
Aujourd’hui, les éditeurs indépendants sont rares et les grands groupes d’édition disposent de leur propre service de diffusion, voire de distribution. Le graphique ci-contre montre la répartition des gains avec un livre papier vendu à 20€. La somme des points 2. 4. et 5. nous donne entre 14,40€ et 16€ contre 1,60€ à 2,40€ pour l’auteur (détail ici) ! Ce que personnellement je trouve parfaitement injuste au regard du rôle indispensable de l’auteur dans la chaîne du livre. Je conçois bien qu’il faille encadrer les pratiques, mais l’argument majeur énoncé par les détracteurs du modèle d’abonnement étant la rémunération de la création… cela me fait bien rire !

[…] Les partisans des offres d’abonnement les présentent comme l’expression, dans le secteur du livre, d’un basculement irréversible dans un âge de l’accès, propre à l’économie numérique. Pour eux, l’abonnement peut être un adjuvant à la pratique de lecture, un levier pour le développement de nouveaux marchés et un moyen de lutter contre le développement du piratage. Les détracteurs de ce modèle doutent du bien-fondé de chacun de ces arguments en faisant valoir que l’abonnement, dont la viabilité économique n’est pas avérée, est inadapté au livre et à la pratique de lecture et qu’il présente donc un très fort risque de perte de valeur pour la filière, ce qui affecterait inéluctablement à terme la rémunération de la création. […] *

La viabilité économique n’est pas avérée… hum et ne risque pas de l’être dans ces conditions ! Quant à la perte de valeur pour la filière, évidemment… ! au vue du graphique, tout le circuit est chamboulé à commencer par la librairie qui n’existe plus dans le modèle de l’abonnement et hop – 6,60€ !
— Chouette on baisse le prix de vente du livre alors, et on augmente les droits aux auteurs !
— Ah mais t’es folle toi !
Et le rapport de conclure :

[…] L’abonnement n’apparaît pas être la condition du développement du marché du numérique, relativement faible en France. Si les freins à cet essor – notamment le niveau de tarification du livre numérique et les modalités trop contraignantes de protection – risquent de favoriser le piratage, l’abonnement n’apporte de réponses que très relatives. Dès lors, compte tenu de l’importance de la régulation pour assurer un développement équilibré de la filière du livre et du caractère insatisfaisant des solutions alternatives, il n’est pas justifié de renoncer au système de régulation par le prix. Le médiateur ne préconise donc pas de modifier la législation. Il revient aux acteurs de la filière de développer, de manière dynamique, des offres légales. *

En d’autres termes, démerdez-vous ! Ce qui était légal ne l’est plus !
C’est vrai quoi, votre business d’abonnement repose sur un modèle que vous avez installé, testé, corrigé (financé… mais ça c’est un gros mot) depuis combien… 3 ou 4 ans, voire plus pour certains ! Et maintenant on vous dit de développer, de manière dynamique, des offres légales, qui n’étaient pas contestées jusqu’à décembre 2014 !
Remercions donc de concert les groupes d’édition, dont je ne puis croire qu’ils n’aient pas inspiré cette étude, parce qu’ils tremblent devant le géant Amazon (qui lui, aura les moyens de trouver la pirouette) au mépris des initiatives et tentatives des opérateurs français !

*Extrait du Rapport Engel sur le modèle d’abonnement illimité du livre


30 ans sur six jours qui furent une nouvelle fois denses, bruyants et écumants… Mais ce furent aussi, six journées riches, vivantes et enthousiasmantes !

Je crois pouvoir dire sans trop me tromper que le Salon du Livre et de la Presse Jeunesse est un salon à part dans sa catégorie. Les six longues journées imposent aux exposants un rythme de marathonien dans une ambiance survoltée avec cette année encore plus de 160 000 visiteurs comptabilisés.
Petit calcul pour rire. Les niveaux 1 et 2, les plus visités par le public, puisque c’est là que sont installés les éditeurs, ont une surface de 11 715 m2. En moyenne, le SLPJ a donc accueilli 26 600 (et quelques) visiteurs/jour sur ces 11 715 m2. Soit 2,27 individus au m2, en moyenne ! Sauf que la moyenne n’est pas trop de mise sur ce salon. Le hall 1 accueille bien plus de visiteurs que le 2, et la concentration du public est bien plus importante autour de certains stands. Bref, beaucoup, beaucoup de monde, et c’est super (bon je le dis parce que c’est fini, hein !) et cela fait du SLPJ un très grand salon !

SLPJ2014

Les moments forts des évènements professionnels

Vendredi matin avait lieu la présentation de Transbook. Un projet européen innovant  œuvrant pour la transition numérique du secteur de l’édition jeunesse. Des sociétés comme Ubisoft, Toca Boca ou Dragon Box étaient présentes (programme complet) et chacune nous a fait part de sa vision et de sa méthode de travail. L’observation du comportement de l’enfant a été fréquemment évoquée. Partir de lui ! Le regarder jouer avec des objets tangibles pour créer des applications ou des jeux dans lesquels il se retrouve. La présentation de Willow Tyrer Mellbratt (Toca Boca) a du faire quelques envieux ! Pour approfondir je vous donne le fil twitter de la matinée et vous invite à suivre ce projet qui, j’espère, nous apportera un éclairage nouveau, avec un spectre d’observation plus large, sur les questions de narration numérique.
Lundi, journée professionnelle au Mïce, sur le toit du salon. Nous y avons parlé de Kenji et des Cartes à Lire, moyen de diffusion de livres numériques. Quatre des membres du Kenji utilisent ce moyen pour vendre leurs livres numériques, ce qui leur assure, au-delà du site, une présence en librairie. Nombre de professionnels, rencontrés tout au long de la journée, se sont déclarés très intéressés par cette solution. Beau cadeau pour Noël, dont je reparlerai !

Bientot tous à poil
© Clothilde Delacroix

Au niveau 1

De belles rencontres et de beaux échanges. Une inauguration en rouge étoilé, avec des amis et des auteurs bientôt tous à poil. Alarmes incendie et défilés militants ont apporté leur note de personnalisation à cette édition anniversaire. Il paraît que Fleur Pellerin est passée, elle n’a pas du nous trouver. Manuel Valls aussi. Je l’ai vu devant la tablette XXL. Y aurait-il été conduit si celle-ci ne disposait pas de contenus dignes d’intérêt ? Et qui produit ces contenus ? Des Tchèques… Alors lui non plus n’est pas passé ! Un moment de fierté, l’échange avec Timothée de Fombelle qui déambulait par là. Nous avons parlé numérique, et de la frilosité des éditeurs papier à y aller !
Et puis, pour la première fois les dédicaces de nos titres numériques, avec par ordre de signature Séverine Vidal et Claire Fauché pour Conte du haut de mon crâne ; Cathy Dutruch et Juliette Lancien pour Pour tout l’or du monde et enfin Nicolas Gouny pour Il suffit parfois d’un cygne, et l’immense plaisir de rencontrer enfin certains d’entre eux !

Dédicace SLPJ2014

Bruits de couloirs

200 : nombre de tablettes iPad acquises par la ville de Paris et financées (en tout ou partie) par le CNL.
15 : montant de la carte iTunes (sans précision de l’échéance de renouvellement) donnant droit à l’acquisition des contenus pour chacune de ces tablettes.
Un joli budget auquel il manque quand même un brin d’analyse !