Hier se tenait à l’Institut Océanographique les 9e assises du livre numérique organisées par le SNE. Pour la première fois le temps dévolu à ces assises occupait la journée complète, au lieu d’une demi-journée pour les années précédentes. Un nouveau format qui, à plusieurs égards, m’a particulièrement enthousiasmée !
La matinée s’organisait autour du thème « Les politiques du livre numérique » et l’après-midi abordait « Les grandes tendances du livre numérique » pour se terminer avec un exercice qui a littéralement emballé l’entrepreneuse que je suis. Des « Pecha Kucha » (le bruit de la conversation en Japonais) et que je vais essayer de détailler au mieux !
Avant de revenir plus longuement sur cette heure et demi de présentations courtes et rapides, quelques lignes sur cette journée.
En 2011 je m’étais jurée de ne plus retourner aux assises, que j’avais trouvé inintéressantes voire barbantes. Aucune information nouvelle sur le numérique n’avait nécessité de passer une demi-journée dans un espace, certes remarquable, mais particulièrement inconfortable. Les bancs sont un calvaire pour nos fessiers et, comme si ce n’était pas suffisant, coupent la circulation du sang dans les jambes…
Finalement, j’ai changé d’avis et me suis inscrite à ces Assises quitte à être mal assise (facile, mais trop tentant) !
Je ne vais que survoler les différentes tables rondes, pour me concentrer sur les « Pecha Kucha » , sûre que ça et là vous retrouverez sur le WEB des articles bien plus complets que celui que je pourrais vous délivrer ici. Faire vite, c’est faire des choix. D’abord zapper l’introduction du président du SNE (so borring) et filer direct à la première table ronde « Le livre numérique en bibliothèque » dont les invités, une bibliothécaire, un libraire, des diffuseurs et éditeur numériques, ont présenté à tour de rôle leurs offres de service. Pour les noms je vous renvoie au programme. Bien que l’animateur ait cruellement manqué de punch et globalement assez mal préparé son sujet (désolée, c’est l’impression que j’ai eu et ressenti autour de moi), le débat a montré une fois encore, combien les bibliothèques (trop peu représentées autour de la table) sont les laissées pour compte d’une révolution qui les dépasse. Ce que j’ai retenu : une trop grande disparité dans les offres (sentiment renforcé par les présentations des uns et des autres) et côté usagers : une attente de plus en plus forte de lire en mobilité !
La deuxième table ronde concernait « Les livres indisponibles : de quoi parle-t-on ? » Soit je me suis endormie à ce moment là, soit il n’a jamais été précisé clairement ce que sont les livres indisponibles (ce que j’ai trouvé ici). Dans tous les cas, c’est un dossier d’une extrême complexité sur lequel la SGDL planche depuis plus de 2 ans. Qui est concerné, comment retrouver les ayants droits ? Il s’agit de 500 000 œuvres, une bagatelle (une vision beaucoup plus « journalistique » de ce moment ici) ! L’idée phare de la future plate-forme dont le Cercle de la Librairie et la Caisse des Dépôts seront actionnaires : vulgariser la lecture numérique et proposer des offres commerciales aux libraires. Ce que j’ai retenu : un projet colossal, qui va encore coûter un bras et venir grossir le flot des « offices » avec des titres dont on peut se demander s’ils intéresseront du monde ! En effet, à l’heure de la création numérique, des enrichissements, des nouveaux modèles d’écriture, de lecture, de diffusion, combien seront-ils à se procurer de telles œuvres, dont je ne doute pas que les lecteurs avisés les possèdent déjà ! Les premiers titres ne devraient pas sortir avant début 2014, ce qui, au fuseau horaire numérique, risque de provoquer un beau « jet lag » !
En début d’après-midi, Julian Goarant directeur d’études OpinionWay a rendu publics les résultats du deuxième baromètre SOFIA/SNE/SGDL. Je vous laisse le découvrir dans son intégralité ici. Ensuite, et avant d’arriver à nos « Pecha Kucha » deux personnages aussi brillants l’un que l’autre nous ont parlé de « DRM et moyens techniques de protection (MTP), quels enjeux ? ». Pour les problématiques techniques était appelé à la barre, Bill Rosenblatt, New Yorkais (traduction en simultané pas toujours très claire, et quelques belles coquilles, confondant Adobe – prononcer Abobi – et HADOPI) et pour les problématiques juridiques, maître Jean Martin, un homme plein d’humour s’exprimant avec une grande clarté malgré la complexité du sujet traité. Bref un régal !
Bon, c’est pas tout ça mais il était déjà 16h30, tout juste le temps d’une pose pipi coupable ! Le rythme effréné de cette journée n’a pas laissé beaucoup de place pour ces moments qu’on aurait pu croire triviaux, tant ils ont été occultés ! L’amphithéâtre s’ébroue, on prépare les Pecha Kucha. 15 acteurs sont en lice ! La règle, 20 diapositives défilant à raison de 20 secondes chacune, ce qui vous donne 6 » 40′ pour présenter votre offre ou votre service. Pour un entrepreneur ça s’apparente à un elevator pitch, l’expression est beaucoup moins glamour que Pecha Kucha !
Le premier a entrer dans l’arène (une arène bienveillante, sans note ni appréciation, juste un exercice donnant un peu de visibilité face à un public d’initiés) est Albin Michel avec Paul Veyne et son Musée Imaginaire. Une présentation des fonctionnalités de l’ouvrage numérique nous est faite, avec quelques interventions à l’écran (images et voix) de Paul Veyne, personnage haut en couleur et extrêmement attachant ! Le format n’est pas franchement respecté… il le sera d’ailleurs très peu ! Hatier avec Mon chemin, continue. L’émotion de l’éditrice est tangible et me conforte sur ce que je sais depuis longtemps : pas facile de garder son sang froid et ses moyens alors que tous les regards sont tournés vers vous. Et ça, quand vous devez le faire devant un auditoire d’investisseurs, ça ne passe pas !
Celui qui sera le meilleur dans l’exercice, le plus convaincant avec un respect total des règles du jeu c’est WeLoveWords ! Grégory nous a défilé ses 20 slides, joliment mis en page, avec juste quelques mots. Ceci dit, pour lui, trouver les bons ne devait pas être bien sorcier. Encore fallait-il les dire, clairement et avec conviction. Cela fait longtemps que je crois au potentiel de cette start-up. La Souris Qui Raconte devait d’ailleurs confier à WeLoveWords un projet d’écriture pour une histoire à inventer. En 2013 peut-être !
Ensuite 2 éditeurs se succèdent, les éditions Gründ avec les cinquante meilleures chroniques de La scandaleuse histoire du Rock et les éditions Foucher avec Biologie Fondamentale, un livre enrichi avec fiches de révisions, exercices avec corrigés et QCM interactif.
FeedBooks ensuite, une librairie numérique dont je pensais qu’Hadrien Gardeur se serait mieux approprié l’exercice.
Hachette présente son Guinness World Record. Est-ce parce que le sujet est plus fun ? En tout état de cause, la démonstration en ligne était très bien faite, répondant parfaitement aux critères du défi ! La voix de l’éditrice, posée et en même temps amusée !
Ensuite The Michelin Guide… est-ce parce qu’il commençait à se faire tard, et que je passais d’une fesse à l’autre pour soulager chacune à tour de rôle de la dureté du banc, mais la suite est plus confuse. My book factory une usine à numériser les livres (???). C’est ce que j’ai écrit hier, et j’avoue humblement ne plus me souvenir de quoi il en retourne exactement ! Encore quelques éditeurs : Gallimard avec Pompidou Kids (application chroniquée ici) ; Nathan avec T’Choupi, vous remarquerez en suivant le lien que celui vers l’ebook store ne saute pas aux yeux ; Zarafa, un livre en epub superbement enrichi ; Le Petit Prince, livre enrichi à paraître chez Gallimard ; Les Fables de la Fontaine, présenté par une société dont le nom m’échappe (et que j’ai mal noté), en epub3 fixed lay out avec synchronisation de la lecture. Le dernier a passer, Stéphane Michalon de chez epagine. Très impressionné, alors que le texte qu’il avait préparé pour l’occasion était très beau ! Mais son émotion en a un peu brouillé la compréhension.
Voilà le marathon se termine et mon billet est presque aussi long que la journée ! Je vous prie de m’en excuser et espère qu’il vous a suffisamment intéressé pour arriver jusqu’ici et découvrir ma conclusion ! Car ENFIN, il se passe des choses ! ENFIN ça bouge ! Bon d’accord, La souris Qui Raconte n’a pas été sollicitée pour l’exercice ! J’aurais d’ailleurs été bien embarrassée. Je regrette au passage qu’aucun éditeur « pure-player » n’ait été convié à se présenter. Pourtant, au 24 octobre 2012, Lorenzo Soccavo dans sa liste mise à jour, dénombre pas moins de 82 éditeurs pure-plyer et 18 prestataires de services pour l’édition numérique ! Nous grandissons, nous grandissons… Il va bien falloir compter avec nous Mesdames Messieurs de la SGDL !