Les freins au numérique sont encore nombreux parmi les médiateurs du livre. Méconnaissance, peur de l’inconnu, migration du savoir, divergence générationnelle…  pour ne citer que ceux-là !
Et si on remettait un peu d’humain dans tout ça ?

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Mon billet du jour fait écho à ce que nous avons entrepris avec mes acolytes de Planet Nemo depuis le début de l’année. Démystifier le numérique en racontant ce que nous sommes, ce que nous produisons, et pourquoi, à l’occasion de rencontres organisées ! Hier j’étais dans la très belle bibliothèque de Saint Malo, la semaine dernière nous étions à Nangis, et la semaine d’avant à Bagneux. Le moins que l’on puisse dire c’est que ces événements désacralisent la représentation souvent abstraite que les participants ont du numérique. Si on leur en parle beaucoup, il semble que ce ne soit pas toujours avec les bons mots (exercice trop imposé ?) et ceux qui en disent le plus ne sont pas forcément les mieux placés ! Donc, comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, c’est nous qui s’y colle et on se déplace pour expliquer simplement, avec nos mots et nos images.
On parle de création, d’aventure humaine, de relation entre individus, de petits échecs et de jolies victoires !

J'ai même vu la mer et communiqué avec Chateaubriand !
J’ai même vu la mer et communiqué avec Chateaubriand !

Ce que j’ai appris depuis que je pratique mon métier d’éditeur numérique, c’est que le doute est permis. Plus, il fait progresser ! Dans ma vie professionnelle d’avant, j’étais confrontée aux certitudes hiérarchiques, verrouillées par les « marketteux » . Aujourd’hui, les médiateurs que je suis amenée à côtoyer s’interrogent eux aussi. Et le numérique, clairement, ça en fait flipper plus d’un ! Alors lorsque je les emmène avec moi sur le chemin de ma création, que je leur montre que la route (entre juin 2010 et aujourd’hui en 2016) n’a pas été un long fleuve tranquille, qu’il a fallu progresser, appréhender, corriger, embarquer des gens avec moi, les rassurer pour gagner leur confiance, ça leur parle ! S’interroger à deux (trois, cinq ou dix…), c’est bien plus constructif que de s’interroger tout seul. Et lorsque nous présentons les créations hébergées dans le portail planetnemo.fr ou sur le site de La Souris Qui Raconte, nous montrons, certes, mais nous interrogeons aussi. Nous éclairons, nous informons, et dans tout cela il y a de l’émotion. Le courant passe plus ou moins, mais il se passe toujours quelque chose, et je dois dire qu’hier à Saint Malo, le courant est vraiment passé !

L’équipe est ravie de votre venue et très enthousiaste par rapport aux contenus présentés. Il en ressort aussi que c’était très bien pour elles de « décortiquer » votre démarche de création pour bien comprendre le processus…

Ces retours-là sont précieux pour m’aider à avancer, alors merci à toutes et tous (et spécialement aux bibliothécaires de Saint Malo).
A l’instar de Saint Malo, Nangis ou Bagneux, et prochainement de la Direction de la Lecture Publique de Loir-et-Cher ou encore de Mérignac, vous qui lisez ce billet, n’hésitez pas et sollicitez-moi pour une présentation toute personnelle !


Vendredi dernier, nous avons retrouvé la bibliothèque des Prés Saint Jean pour la deuxième session d’ateliers. Un vrai plaisir partagé !

Le matin, atelier « L’ogresse » avec un jeune public tout aussi attentif que celui du 9 novembre et un peu plus nombreux. Le principe était le même que celui d’il y a quinze jours. Découverte de l’application L’ogresse, illustrations de ses différents costumes et animation. Le résultat en images.

L’après-midi, après une promenade autour du lac sous un ciel beaucoup plus menaçant que la dernière fois, nous avons découvert « Il suffit parfois d’un cygne » (dernière chronique en date sur Milk Magazine) et son atelier Origami ! Les tutoriels disponibles sur YouTube aident bien, parce que faire (bien) des origami, ce n’est pas si simple.

Une bien belle journée, avec des enfants conquis… et des parents aussi ! Merci à la bibliothèque et à Christelle pour son accueil ainsi qu’aux enfants pour leur merveilleuse attention.


BibliothèqueDe très bon matin, samedi 7, nous avons pris la direction de la bibliothèque des Prés Saint-Jean à Chalon-sur-Saône, pour une journée de lecture numérique et d’ateliers autour de « L’ogresse » et « Le livre papillon » , 680 km aller-retour pour rencontrer une dizaine d’enfants curieux !

C’est toujours avec satisfaction que je reviens de ces rencontres. Les premières angoisses passées – le doute étant toujours de mise – et au vu de l’enthousiasme des enfants, le bilan est positif. De plus c’est rassurant de valider « en vrai » et avec un public actif, les ateliers sur lesquels Marianne et moi avons œuvré  toute l’année dernière (à télécharger dans la page « Nos offres pour les collectivités » ), et que je pratique désormais seule (enfin pas tout à fait puisque mon associé, et mari, m’accompagnait… et mon chien aussi, mais ça c’est une autre histoire…).
Le matin, 3 filles et 1 garçon, étaient inscrits pour la lecture et l’atelier de L’ogresse. Aucune lecture ne ressemble à la précédente, et ce qui fait leur richesse et leur diversité, ce sont les échanges entre les enfants et moi, ou les enfants entre eux. Comment ils s’approprient le livre et le récit. S’ils lisent à haute voix ou pas. Comment les plus jeunes interagissent sans tabou sur telle phrase ou sur telle autre ! Des trois fins proposées dans L’ogresse, c’est « Dire non » qu’ils ont préféré, et pour Alexis le vrai fautif dans « Trouver à qui la faute » c’est le roi, qui a mal élevé sa fille ! J’ai adoré ! Au bout de trois quarts d’heure environ, les trois filles, à l’aide de patrons que j’avais préparés pour l’occasion, ont dessiné la robe d’Occidiane. Alexis, que l’activité n’a pas séduit, s’est concentré sur la préparation de la tablette avec Michel, pour permettre la petite animation qui s’en est suivie.
Jeanne, Amandine et Elisa sont reparties chacune avec son dessin, signé avec décalcomanie à paillettes (trop bien…) et Alexis téléchargera probablement l’application iStop Motion qui lui a permis de réaliser l’animation (trop, trop bien…) ! Ça passe très très vite, mais il faut savoir que cela représente plus de 15 mn de prises de vue.

Pause déjeuner, plateaux repas copieux (merci encore Christelle) après une belle promenade ensoleillée autour du lac où moutons, daims, biches et autres cervidés ont titillé les moustaches de notre canidé !

Livret atelier couverture
Un livret à imprimer, découper et façonner soi-même

Reprise à 14h avec Le livre papillon, 6 enfants et une maman… Après la lecture et la découverte des interactions du livre, atelier créatif grâce au support  d’un petit livre d’activité « home made » sur lequel les enfants étaient invités à écrire, dessiner, découper, coller (au bon endroit). Si vous qui me lisez, souhaitez réaliser ce livret pour un de vos ateliers, cliquez sur Livret atelier papillon ! Règle, cutter, trouyoteuse, colle, gommettes et raphia, vous seront nécessaires pour la confection du livret, pour le plus grand plaisir des enfants !

Prochains ateliers samedi 21 novembre, mêmes heures, même endroit !

 


Si 2014 était, au dire de nos politiques, l’année des bibliothèques, 2015 s’ouvre sous les meilleurs auspices entre elles et LSQR !

Affiche illustrant « Il suffit parfois d'un cygne »
Affiche illustrant « Il suffit parfois d’un cygne »

Vendredi dernier, j’affranchissais mon dernier lot d’enveloppes A4 contenant la très belle affiche signée Nicolas Gouny. A peu près à la même époque l’année dernière, je me débattais avec des cartons ronds, pas assez carrés, pour expédier celle réalisée par Claire Fauché. C’est une amie très chère qui m’avait soufflé l’idée de ces affiches, et force est de constater qu’elle fut inspirée !
Pour créer encore plus de lien entre les bibliothèques et La Souris Qui Raconte, je ne devais pas en rester là, et un autre projet a germé en 2014. Des ateliers de contes numériques en bibliothèque ! Mis en place conjointement avec Marianne S. (étudiante en métier du livre à l’université de Cergy-Pontoise -Master1- et rencontrée à l’occasion d’une présentation aux étudiantes en licence pro MEDIT de la Roche-sur-Yon l’année dernière), ces ateliers de médiation concernent les applications et les ebooks de La Souris Qui Raconte (respectivement au nombre de 10 et 3).
Après l’étude de chacun des titres LSQR et la rédaction d’une fiche « mode d’emploi », la mise en pratique IRL (en vrai), entérinera nos choix. C’est ce que nous avons fait à la bibliothèque Montesquieu de Viry-Châtillon ce samedi. Huit enfants âgés de 4 ans et demi (pour le plus jeune) à 9/10 ans ont découvert « Le livre papillon ».
Dans la salle de lecture jeunesse, très cosy avec son épais tapis tout doux et ses gros coussins colorés, la tablette raccordée à un vidéo-projecteur, les enfants écoutent le récit fait par le conteur. Ensuite ils relisent à leur tour chaque page, et découvrent l’autre histoire racontée dans les illustrations. Les niveaux de lecture sont très hétérogènes, mais l’attention générale est soutenue et franchement curieuse ! L’atelier se poursuit par une discussion sur les livres préférés des enfants, lequel, pourquoi… et enfin avec trois mots choisis, Marianne leur demande d’écrire une histoire ou une phrase, contenant les 3 mots. Les bibliothécaires présentes se prêtent elles aussi au jeu !

Bib Montesquieu
Atelier autour du Livre papillon à la bibliothèque Montesquieu

Les enfants sont repartis ravis, se faisant au passage re-préciser le titre de l’application, pour pouvoir en faire une autre lecture à la maison ! Les deux bibliothécaires semblaient également enchantées, et à part la question du temps (nous sommes restées près de 2 heures – trop long), l’atelier s’est déroulé au mieux. J’avais déjà noté à quel point les enfants aiment lire à haute voix. Une fois de plus, c’était flagrant, et rejoint les constats retranscrits dans l’étude menée par Scholastic.

Bien sûr cette première rencontre, n’est qu’une première. Un mois riche de rendez-vous est prévu en février !

BIBLIOTHEQUE MUNICIPALE (LYON) : Mardi 10 février de 14h30 à 16h
LE RIZE (VILLEURBANNE) : Mercredi 11 février de 10h à 11h30-12h – Public 6-9 ans (10 participants) – Atelier Le Livre Papillon et Jeudi 12 février de 14h à 15h30-16h – Public 6-9 ans (10 participants) – Atelier Il suffit parfois d’un cygne
LA PART DIEU (LYON) : Vendredi 13 février de 14h30 à 16h – Public 6-8 ans (10 participants) – Atelier Le Livre Papillon
BIBLIOTHEQUE CONDORCET (VIRY-CHATILLON) : Mercredi 25 février de 15h à 16h30 – Public 6-10 ans (15 participants) – Atelier Il suffit parfois d’un cygne
BIBLIOTHEQUE CENTRALE DE CACHAN : Vendredi 27 février de 15h à 17h – Public 6-8 ans – Atelier Le Livre Papillon

Programme du Rize
Programme du Rize

Bibliothécaires intéressés, si vous passez par là et que vous souhaitez, vous aussi, expérimenter un de ces ateliers (pour l’instant sont concernés « Le livre papillon », « L’ogresse » et « Il suffit parfois d’un cygne »), n’hésitez pas à vous faire connaître !


Lundi dernier se tenaient à la Cité de l’architecture et du patrimoine, les Assises des Bibliothèques, durant lesquelles Fleur Pellerin s’est largement exprimée sur les thématiques du numérique, du statut et du fonctionnement des équipements et de la gouvernance culturelle.

Le numérique en bibliothèque est fondamental pour La Souris Qui Raconte, dont les contenus, exclusivement dématérialisés, sont accessibles par abonnement, en consultation sur place et à distance. Ça c’est pour le site, dont je rappelle qu’il est désormais possible de le découvrir sur les tablettes avec le navigateur Photon. Mais LSQR ce n’est pas seulement un site, ce sont aussi des applications pour tablettes iPad et Android, et depuis le début 2014 des ePub enrichis. Des ressources qui intéressent particulièrement les bibliothèques, mais dont les acquisitions s’avèrent très compliquées ! Pour preuve, le post du 6 décembre dernier rédigé par Simon Royer sur la page Facebook de Tablettes en bibliothèque et qui a soulevé quelques polémiques. Je vous redonne le contexte au travers de la question posée :

Suite à une réunion avec ma chargée de collection, au sujet des acquisitions jeux vidéo, livres numériques, nous dévions sur les tablettes & apps.
Bizarrement à l’inverse des JV, nos tutelles n’exigent de nous aucun droit de consultation concernant l’usage d’apps en Bib’.
Elles sont également souvent plus favorables au modèle d’achat 1 App’ pour un usage simultané sur plusieurs tablettes.
D’où vient cette différence de traitement ?
L’absence d’intermédiaires autre que les géants Apple/Google concernant la distribution d’apps ?
Une appréciation différentes des JV et Apps sur tablettes ??

Ce qui m’a fait réagir une nouvelle fois (pour rappel ma colère sur le vide juridique), c’est le modèle d’achat dont il et question « 1 App’ pour un usage simultané sur plusieurs tablettes », émanant des tutelles ! Un comble !
Cette journée de lundi (à laquelle je n’assistais malheureusement pas) a le mérite de faire avancer le débat. De vouloir circonscrire les utilisations à de bonnes pratiques, qui permettent une rémunération plus juste de toute la chaîne. Ce qui, vous avouerez, devient discutable lorsqu’une application est achetée et multipliée à l’envie (ou pour le moins 5 fois) sur les tablettes de la collectivité.
L’ABF a mis en ligne un document intitulé « Recommandations pour une diffusion du livre numérique par les bibliothèques publiques » signé par les acteurs de la filière. Le préambule en assoit clairement les bases :

Il est de la responsabilité collective de tous les acteurs du livre et de l’État de veiller à garantir à la fois l’accès facilité des usagers à une offre numérique de qualité en bibliothèque et les équilibres économiques permettant aux auteurs, aux éditeurs et aux libraires de mener leurs activités.

Pour qu’un éditeur puisse mener ses activités, il faut donc arrêter les pratiques de duplication, certes autorisées pour un usage familial par Apple et Google, mais terriblement nuisibles aux éditeurs et à leurs auteurs. La Souris Qui Raconte facilite l’acquisition de ses ressources tablettes, en tenant compte du modèle d’achat des bibliothèques et en respectant le travail de ses auteurs.
Je suis heureuse de voir que les lignes bougent et que, si ce n’est pas encore gagné, on avance ! Chacun fait comme il peut dans un marché flou où les cadres juridiques sont inexistants, mais je crois que ceux qui s’entêtent dans ces pratiques d’acquisition, savent maintenant qu’elles ne vont pas dans le sens de ce qui se met en place !