« Par une soirée de pleine lune, la Chouette du cinéma se pose sur sa branche et salue les enfants… » ! La promesse faite par cette Chouette est de visionner 5 très jolis courts métrages – disponibles en salle depuis le 19 octobre dernier – mais pas seulement… C’est aussi un projet transmédia où images animées sur grand et petits écrans, et images papier imprimées se répondent, proposant à l’enfant une découverte pluri-sensorielle !
L’originalité de cette création est qu’elle est la première collection d’albums papier et numériques inspirée du cinéma d’animation. Ce programme produit par Les films du Nord, La Boîte,… Productions, que j’ai eu le plaisir de visionner, comptabilise déjà 50 000 entrées en 3 semaines d’exploitation. Il se compose des courts métrages intitulés « Compte les moutons » de Fritz Standaert (6 min 50), « Une autre paire de manches » de Samuel Guénolé (6 min), « La moufle » de Clémentine Robach (8 min 11), « La soupe au caillou » de Clémentine Robach (7 min 08) et enfin « La galette court toujours » de Pascale Hecquet (7 min 45). Arnaud Demuynck, réalisateur, scénariste et producteur, et Julie Guilleminot éditrice à L’Apprimerie ont voulu pousser plus loin l’expérience des seuls films d’animation et proposer, pour 4 titres (pour l’instant), une déclinaison sous forme d’ebook et de livres imprimés.
J’en ai testé deux pour vous, « La moufle » et « Le parfum de la carotte » , pour deux raisons très différentes.
Pour ce qui est du premier, Clémentine Robach étant illustratrice pour La Souris Qui Raconte avec L’ogresse, je ne pouvais pas passer à côté. De plus La moufle est un vrai petit bijou de délicatesse (— dis Clémentine, quand reviens-tu faire un livre chez La Souris ?).
Le film d’animation sans parole « La moufle » est tellement abouti que le défi d’en faire un autre objet n’était pas facile à relever ! Pourtant, il l’a été. C’est un livre de 48 pages de 21 x 15 cm dont Arnaud Demuynck a écrit le texte (à partir de l’animation existante). C’est aussi un ebook qui propose au jeune lecteur trois options : JE LIS / JE DÉCOUVRE / JE JOUE.
JE LIS : L’ambiance musicale de l’ebook est celle du court métrage. Comme dans les livres de La Souris Qui Raconte, la lecture est optionnelle en l’actionnant dans le menu audio d’iBooks. La voix est douce, la lecture bien sentie. L’enfant peut lire seul ou écouter la jolie voix de la narratrice.
JE DÉCOUVRE : cette partie est très enrichissante et met en œuvre ce qu’on aime faire chez LSQR, dévoiler des petits secrets de fabrication. 7 secrets nous apprennent ainsi comment Clémentine a travaillé et créé ses personnages (principalement en papier découpé), comment elle les a animés et jusqu’au travail fait sur les bruitages. Vous vous souvenez d’Occidiane qui court dans la neige dans la fin de « Trouver à qui la faute » de L’Ogresse ? Eh bien la petite fille qui dépose une de ses moufles au pied de l’arbre marche elle aussi dans la neige « Quel étrange son fait la neige fraîche à chaque pas, quand les pieds s’enfoncent dedans ! » J’aimerais bien savoir si Marina, l’ingénieure du son de « La moufle » a utilisé les mêmes « astuces » que Michel, l’ingé son de La Souris (répondre en MP) !
Enfin JE JOUE : l’enfant est invité, soit à remettre dans le bon ordre les animaux qui se sont invités dans la moufle au cours de la nuit, soit à faire un memory.
Le livre coûte 12€ et l’ebook est gratuit sur le site www.lachouetteducinema.com dès lors que vous répondez juste à la question posée, dont la réponse est dans le livre. Vous ne souhaitez disposer que de l’ebook, c’est aussi possible sur le site de Carte à Lire. Bravo à l’équipe pour cette adaptation réussie qui bouleverse un peu les normes auxquelles on est habitué. En effet, on adapte plus souvent un livre pour en faire un film que l’inverse !
Autre film, autre adaptation ! Plus difficile celle-là et à mon sens moins réussie que celle de « La moufle ».
N’ayant pas vu le court du « Parfum de la carotte » j’ai eu plus de mal à « comprendre » le livre. Si on saisit instantanément l’importance du chant (des notes de musique nous y aident), je me suis un peu perdue dans le récit qui mélange chansons et textes narratifs. J’ai imaginé que l’ebook exploiterait ce petit défaut pour jouer pleinement son rôle, rendant les deux media (livre et ebook) solidaires. Malheureusement, de mon point de vue, ça ne fonctionne pas.
L’ebook est développé avec les mêmes ressorts que « La moufle » mais en quatre parties cette fois : JE LIS / JE CHANTE / JE DÉCOUVRE / JE JOUE.
JE LIS : livre et ebook diffèrent, oh pas de beaucoup, mais ils diffèrent et ça m’a perturbée. La musique arrive par touches confuses, quelques notes de-ci de-là, elles aussi perturbantes ! La lecture, souvent chantée, mais sans musique, passe moins bien que dans la version « Je chante » .
JE CHANTE : c’est pêchu et enlevé, les enfants vont adorer. Une idée comme ça… apprendre les chansons par cœur et retourner dans la partie JE LIS. Les faire chanter ensuite, plutôt que lire !
JE DÉCOUVRE : vous apprendra en 4 étapes les astuces de fabrication du projet. C’est à mon sens moins explicite que dans « La moufle » et peut-être aussi moins parlant pour le jeune lecteur, mais intéressant.
JE JOUE : propose un puzzle et un memory.
Si je suis moins emballée par cette déclinaison-ci, elle mérite cependant tout votre intérêt pour ce qu’elle apporte d’entrain et de bonne humeur côté musique. Le message du texte sur le « vivre ensemble » est joliment tourné (chanté) !
« Le parfum de la carotte » est également en format 21 x 15 cm et en 48 pages et coûte 12€, et 6€ en Carte à Lire.