Ce semestre, la parole est donnée à Nathalie Colombier créatrice et rédactrice émérite du site DéclicKids, créé en 2011. Son objectif (que l’on peut lire sur la home page du site) est de recenser et décrire des  applications ou des livres numériques afin de fournir des repères à tous ceux qui souhaitent découvrir et comprendre l’offre numérique jeunesse.

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Nathalie, merci d’avoir accepté de te prêter à l’exercice. Mister Google me renvoie un bel écho des consultations de cette rubrique « Parole d’expert » et la tienne (d’expertise) n’est plus à démontrer ! J’ose donc espérer que notre échange en intéressera plus d’un.

Tu me dis avoir mis ton site en sommeil, peux-tu nous en expliquer les raisons ?

Pour exactement la même raison qui fait que je te rends cet interview très en retard ☺ : je n’ai plus le temps en ce moment. Je cours après chaque minute, littéralement. C’est triste, parce que je continue de penser qu’une veille indépendante est la seule manière d’aller vers un univers d’applications (au sens large) riche, éthique et de qualité pour les enfants.

Quel regard as-tu aujourd’hui sur ce parcours qui, s’il est à mon sens parfaitement abouti et maîtrisé dans la conduite de son objectif, s’avère certainement « frustrant » quant à sa résonance auprès du grand public ?

Ah Françoise, tu sais mettre les mots. Oui, tu as raison : c’est frustrant. Je pense qu’il y a plusieurs choses à dire à ce sujet.

Je pense que la plupart des gens n’ont « pas le temps ». Et quand ils en ont, ils n’ont clairement « pas de temps pour ça ». Quand j’ai commencé à chroniquer longuement certaines applications, à analyser leurs forces et leurs faiblesses, à suivre leurs mises à jour (on n’en parle jamais, mais les mises à jour génèrent un travail titanesque, il suffit de regarder le nombre hallucinant de modifications de certains de mes articles), j’ai eu de très nombreuses réactions négatives.

La plus fréquente est : tldr (c’est trop long personne ne lira jamais ça). Quand les articles sont longs, même quand tu mets un « résumé » en haut ou en bas, il y a tout le temps quelqu’un pour te dire que franchement, ce n’est pas comme ça qu’on communique au XXIe siècle. Et pour te donner gratuitement une palanquée de conseils non sollicités sur le « tunnel » de l’écriture web ou les miracles du SEO. Il se trouve que je connais ces principes ☺ Mais Déclickids n’est pas réellement un média. C’est un catalogue, certes amateur, mais ambitieux. Donc les règles de la « com » ne s’appliquent pas ici.

J’ai également reçu des « cours » m’expliquant que les commentaires « négatifs » (ou perçus comme tels) étaient contre-productifs. Les lecteurs détesteraient en effet qu’on leur fasse « perdre leur temps » : ce qu’ils chercheraient serait une recommandation simple et lisible. Ne pas parler de ce qui est moins bien serait donc « la » seule solution. La réalité, c’est que l’une des raisons de la création de Déclickids était justement de pouvoir contrebalancer, au moins un tout petit peu, le pouvoir de la « com » de ceux qui balancent des communiqués de presse, malheureusement souvent repris tels quels par une certaine presse, web comme papier.

On m’a également longuement expliqué que tout cela n’était que mon avis, qu’il ne fallait pas « cracher dans la soupe » et que je ferais mieux de faire comme les « bloggeurs du livre » qui ne parlent que de ce qu’ils ont aimé, vu la densité de la production littéraire. Mais ce qu’il faut bien comprendre, c’est que je ne prétends pas au statut de « bloggeuse ».

C’est aussi pour cela que je n’ai jamais vraiment « joué le jeu » de la promotion des applications. J’ai fait quelques concours, on a pu me donner quelques codes, mais globalement j’ai dû acheter 90% des applis que j’ai chroniquées, et je n’ai pratiquement jamais fait de promotion. La seule exception était la liste (quasi quotidienne à une époque) des gratuits et des promos, à l’attention des enseignants et des bibliothécaires, qui ont malheureusement des soucis de financement du numérique, qui ont des besoins professionnels, et qui sont des prescripteurs. Je pensais que cette situation serait transitoire, mais elle ne l’est malheureusement pas.

Pour clore cette réponse déjà beaucoup trop longue, je dirais que la frustration est aussi liée au fait de ne pas avoir trouvé (pour le moment) le moyen de développer Déclickids comme je pense qu’il devrait l’être. Là également les conseils ne manquent pas, entre ceux qui me suggèrent de m’associer avec d’autres chroniqueurs (la réponse est « non » si je ne peux pas les rémunérer), ou ceux qui me suggèrent une campagne de dons à la Ulule (pourquoi pas, mais ça demande pas mal de temps de préparation et tout de même un peu d’investissement). J’ai mis un bouton PayPal, mais je peux vous confirmer que tout le monde s’en fiche ☺.

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Depuis l’arrivée de l’iPad en mai 2010, le paysage des éditeurs numériques change et bien peu d’acteurs semblent tirer leur épingle du jeu (quand ils restent debout) ! Rejoins-tu mon point de vue ? Quels commentaires sur ce triste constat ?

Ah oui, c’est très clair. Après quelques mois d’euphorie (avec même quelques levées de fond, les dinosaures s’en souviendront) en 2010-2012, le vent est bel et bien retombé. Le paysage des éditeurs numériques ressemble davantage aujourd’hui à une morne plaine qu’à autre chose, et malheureusement rien ne laisse entendre qu’un « mieux » pourrait se profiler.

Je pense qu’en France (il semble que ce soit un peu différent dans les pays anglo-saxons, même si cela reste à confirmer) la ressource numérique n’est pas considérée à sa juste valeur, dans les deux sens du terme. C’est vrai pour la création littéraire jeunesse, mais c’est vrai aussi dans le ludo-éducatif.

Je pense qu’il manque cruellement une professionnalisation des acteurs qui choisissent et conseillent dans ce domaine. On a besoin que la notion de qualité, qu’on sait je crois faire émerger (dans sa pluralité : il n’y a pas « une » qualité) en littérature ou cinéma jeunesse, devienne un recours réflexe. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, si bien qu’on voit des « curateurs » pointer vers des ressources « merdiques » en prétextant « l’information ». C’est catastrophique de mon point de vue.

Crois-tu que l’intérêt pour les ressources numériques soit moindre aujourd’hui qu’il y a 3 ou 4 ans ? Comment l’expliques-tu ?

C’est incroyable, mais oui. Oui, les ressources numériques n’excitent plus grand monde aujourd’hui (à part l’Education Nationale), alors qu’il y avait un vrai petit vent de folie il y a trois ou quatre ans.

Je suppose que la douche froide opérée par les bilans financiers, année après année, et l’absence de décollage des ventes, notamment en France, explique en partie la désaffection des créateurs de contenus numériques. Quant au grand public, il s’est malheureusement habitué à deux terribles biais : la gratuité (ou quasi-gratuité) et l’absence de repères fiables de qualité. Voir mes réponses précédentes.

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Où en est le projet TOTAM que vous aviez présenté au Salon de Montreuil en 2013 (si ma mémoire est bonne). Reviendra-t-il sur le devant de la scène dans les prochains  mois (années ?) ?

Qu’on se le dise Totam est toujours dans les cartons. En revanche je ne saurai pas dire quand il reviendra sur le devant de la scène.

Personnellement je pense que le concept n’a rien perdu de sa pertinence, et j’adorerais être en mesure de proposer une « expérience culturelle numérique » de qualité aux enfants de notre temps, histoire d’avoir une alternative à Netflix ou à Gulli ou même à Youtube en continu.

Parce que ce qui est triste aujourd’hui, c’est bien ça : nous cédons tous, en tant que parents, à la facilité. Créer pour ses enfants une expérience numérique de qualité, ça prend un temps pharamineux que personne n’a.

Penses-tu, comme on l’entend dire, que les éditeurs papier qui font le marché du livre, freinent l’émergence du numérique ? Et si oui quelles explications (ou excuses) ?

Je pense que, pour le roman, on a récemment franchi un cap et la plupart des éditeurs commencent à trouver naturel de proposer leurs créations en numérique aussi. Parmi les éditeurs jeunesse, certains n’adhèrent malheureusement pas à ce propos, et continuent de ne pas proposer leurs créations en numérique, y compris pour les romans, ou bien opèrent une sélection parmi les romans. C’est désespérant.

Les explications sont peu convaincantes en réalité. Tu as ceux qui disent de manière péremptoire : « les jeunes ne lisent pas en numérique, leur tablette ne sert qu’à jouer » (oui, et bien si on ne leur propose rien de bien en numérique, c’est un peu normal, non ?). Il y a aussi des positions de principe (le livre, c’est du papier, le livre numérique n’existe pas). Il y a également ceux qui s’appuient sur le principe économique (je peux vendre mon roman débutant 5 euros en version papier parce que c’est un objet physique, mais en numérique c’est plus difficile).

En numérique on vend une « expérience de lecture » et pas un livre, c’est différent… Certains éditeurs l’ont compris et commencent à proposer des univers (comme La Souris Qui Raconte d’ailleurs), mais c’est encore balbutiant à mon sens. Et c’est vraiment dommage parce que le goût de la lecture se forge ainsi (par un réseau de lecture) et que le numérique est évidemment royal pour créer ce type d’expériences immersives.

Pour la lecture jeunesse de type album, je ne sais pas si ce sont les éditeurs papier qui freinent, mais il faut bien reconnaître qu’il y a des freins. Le premier, c’est bien entendu le coût. Porter un album jeunesse papier en numérique, ça demande un peu plus de savoir-faire que d’appliquer un algorithme de transformation pondu en 15 secondes dans un atelier à l’autre bout de la planète. Il y a des studios ePub 3 qui savent travailler, mais ils sont rares, et leur travail n’est pas gratuit (ce qui est bien normal).

Conséquences :

  • les albums jeunesse présents sur les stores sont majoritairement de très mauvaise qualité, ne représentent pas du tout la variété et la qualité de la création jeunesse papier, et finissent par décourager les meilleures volontés
  • les quelques bonnes créations sont noyées dans une masse informe et mal organisée ; elles ont d’autant plus de mal à sortir du lot qu’elles constituent autant d’exceptions à la règle.

Bref, le numérique jeunesse est globalement déceptif et ne constitue pas un « univers » suffisamment bien identifié, navigable et compréhensible par les familles (voire même les bibliothèques et les enseignants, pourtant plus « naturellement » attentifs), à la fois en raison de la faiblesse de l’offre, de sa mauvaise qualité quand elle existe (d’un point de vue éditorial et technique) et de son mode de présentation.

Attention ! Il existe une offre de qualité, sur le plan éditorial comme technique. Il existe des éditeurs soucieux de la qualité de leur offre, soucieux des enfants et de ce qu’ils leur transmettent, y compris en numérique. Je dis simplement que cette offre est malheureusement minoritaire et difficile à identifier pour les familles.

Si tu devais conseiller un éditeur jeunesse qui souhaite se lancer dans l’édition pure-player aujourd’hui, que lui dirais-tu ?

Que les conseilleurs ne sont pas les payeurs ? Sans rire, je ne sais pas si je conseillerais à qui que ce soit de se lancer dans l’édition numérique jeunesse pure player en 2016.

Si la personne est passionnée, déterminée et dispose d’un petit pécule de démarrage je dirais de :

  • Bien s’entourer, avec de vrais spécialistes. La création numérique nécessite de nombreux talents : écriture, illustration, ergonomie, game design, sonorisation, animation, édition. J’ai vu trop d’amateurisme, avec de bonnes idées, mais une réalisation qui laisse vraiment à désirer, sur tous les plans.
  • Viser d’emblée l’international, en étant au moins anglophone en plus de francophone dans un premier temps.
  • Donner à sa création numérique une dimension éducative si possible, parce que c’est là qu’est actuellement le seul marché encore un peu vivant. Dans ce cas s’adresser également à des spécialistes de la pédagogie et de la didactique.
  • Ne pas négliger l’aspect « marché » et « écosystème » en se rapprochant des autres éditeurs (au sens large) et des places de marché pour comprendre les tendances et éviter l’isolement.
Secoue la neige…
Wuwu & Co

Pour terminer quelles sont tes trois créations numériques Coup de Cœur de l’année 2015.

Ouh là !! Question vraiment difficile n’est-ce pas !

Alors quelques chiffres pour commencer : j’ai recensé pas moins de 2456 applications (il y a quelques ePubs aussi dans le lot) sorties en 2015. J’ai publié environ 350 chroniques. J’ai également préparé une grande quantité de chroniques qui n’ont pas encore été publiées, faute de temps (peut-être une centaine). Bref, n’en retenir que trois n’est pas chose facile, et évidemment on court le risque que certaines pépites aient pu échapper à ce travail (qui reste, il faut bien le dire, un travail très artisanal de fourmi solitaire besogneuse).

Bon, trêve de précautions oratoires, voici trois propositions, évidemment partielles et partiales, en excluant les jeux et les applications éducatives, qui pourraient aussi avoir leur top 3 ;)…

3 applis :

Le lapin bricoleur CaL
Le lapin bricoleur

3 ePubs :

Merci Nathalie. Tes choix corroborent mes propres « Coups de Cœur » !
A retrouver aussi sur le blog de La Souris Qui Raconte pour David Wiesner’s Spot, Boum!, Wuwu & Co, Le lapin bricoleur, quant à Pour tout l’or du monde, dont la date que tu mentionnes est juste, c’est évidemment un coup de cœur pour moi aussi, puisque c’est une jolie publication LSQR servie par un ePub 3 qui a donné un peu de fil à retordre à mes amies de Carte à Lire.
Et bien voilà, tu n’as pas pu faire court, au grand dam des détracteurs que tu cites plus haut. Mais  tu as des choses à dire ! Qui veut lire lira, et en sortira un peu plus nourrit après cette parole experte (que je partage) sur ce qui me semble bien être un déclin assuré d’une production littéraire numérique enrichie de qualité, trop onéreuse et insuffisamment valorisée !


2 Commentaires sur “Déclikids un média spécialiste en digital pour la jeunesse

  1. Hello …

    « … mais globalement j’ai dû acheter 90% des applis que j’ai chroniquées ».
    « Alors quelques chiffres pour commencer : j’ai recensé pas moins de 2456 applications (il y a quelques ePubs aussi dans le lot) sorties en 2015 ».

    C’est un bon résumé de la situation économique du non-marché des applications numériques.

    Une vraie application coute bien plus cher à produire qu’un livre jeunesse !!!
    En gros un livre jeunesse, c’est un misère pour l’illustrateur (-de 10% de droits d’auteur, mais entre 2000 & 3000€ d’à valoir pour du moyen/gros livre TRES bien payé), des coûts de fabrication & de transport aujourd’hui extrêmement faibles ( bah oui … sinon 60% des bouquins imprimés n’iraient pas au pilon ).
    Tout est finalement basé sur un réseau de distribution « efficace », et disons le un peu « exclusif », donc difficile d’accès .
    Faire une appli, c’est pareil que de faire un livre : l’illustrateur doit faire le même job, voir plus ( vous imaginez une appli avec « juste » 10 pages même bien touffue ?! ).
    Il faut rajouter à ça les coûts de production qui sont évidemment bien plus importants ( et je ne parle pas de demander à des pros pour chaque spécialités citées dans votre article : illustrateur, scénariste, designer sonore, animateur, développeur, graphiste etc … voir la liste du générique de Phallaina ) au final le prix moyen d’une appli moyenne, ( du même niveau qu’une livre jeunesse moyen ) devrait tourner autour de 15 000€ . Sauf que … sauf que … Biiiip : mauvaise réponse, c’est juste IM-POS-SI-BLE !!!
    Certes le GROS problème de la distribution est résolue : c’est Apple qui fait le job. Oui mais …
    Une appli coûte un 1/10ième du prix de la version papier, pour un coût de production au moins 2x plus élevé .
    Qu’Apple qui fait office de distributeur prend ses 30%.
    Ce à quoi il faut rajouter 20% de TVA ( une application n’est pas un livre ).

    Donc pour une Appli à 3€ ( houlala c’est déjà de l’appli très chère ) , l’éditeur touche donc à peu prêt la somme astronomique d’1,5€ !
    Pour rembourser les 15 000€ : je vous laisse faire le compte, sachant que vendre un livre à 5000 ex, c’est « Champagne » !! 😉

    On rajoute la cerise, ou la carotte, c’est selon …
    Comme Apple est super sympa, n’oubliez pas qu’il propose de gérer la distribution WORLD MONDIALE pour toutes les âmes de bonne volonté ( bon accessoirement il touche quand même 30% sur chaque transaction, y compris publicitaire, donc ça motive un peu ) et bien il accepte tout ce qui lui tombe sous la main ( à condition que ce ne soit pas une personne trop légèrement vêtue , évidemment ). Et là … la tuile n°2 :
    Vous avez réussi bon an, mal an, à faire une appli avec vos petites mains ( avec un budget juste risible pour le CNL ), et vous découvrez votre réseau de distribution WORLD MONDIALE ( comme sur la brochure ) … wow !
    Ah ? mais pourquoi il y a docteur Panda en tête de gondole ?
    Et juste à côté c’est quoi le panneau de 3m sur 4m qui clignote ? … ah oui Candy Crush, je reconnais le logo.
    Glups … et oui, c’est la WORLD MONDIALE, et ça marche dans les 2 sens !! Vous avez effectivement une chance de vendre des tonnes d’apps au Burkina faso, mais les autres aussi ont eu la même idée … donc les burkinabés peuvent AUSSI vendre des tonnes d’apps à Caen.
    Bravo … Vous êtes dans « votre » librairie ( qui doit ressembler au stade de France si on transpose dans le vrai monde ) … je vous laisse, je pense que vous en avez pour un moment avant de retrouver dans quelle rayon est rangé la votre, un indice : ce n’est pas dans la Sélection de l’AppleStore ;)))

    Bref, j’arrête là … j’ai réussi à faire plus long que l’article ;))
    Bisoux

    PS : Je met le fameux résumé média moderne :
    Le marché des livres jeunesses est moribond.
    Le marché des applications numériques jeunesse est mort-né.

    PS: votre CAPTCHA me propose de répondre à l’opération( 9x …. = soixante-dix deux ), c’est vraiment super sélectif pour laisser un commentaire !! 😉

    1. Bonjour Fish,

      je ne suis pas sûre d’avoir tout bien compris de votre commentaire, que je vous remercie néanmoins d’avoir posté. C’est toujours sympa d’avoir des lecteurs, et encore plus des commentateurs. Mais vous êtes quoi vous ? Livres ou appli ?

      Quant à la CAPTCHA 9x…=soixante-dix deux, vous avez répondu quoi 😉

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