A part un endroit où grignoter et dévorer des livres ?
Pour répondre à cette question, je vais saisir la balle au bond, suite à la critique de « Conte du haut de mon crâne » paru sur le blog sanspapier.com, une librairie numérique que je vous recommande. Et je m’en explique avec son co-gérant Antoine Garnier, merci à lui pour ses éclaircissements.

« Conte du haut de mon crâne » est le premier epub de La Souris Qui Raconte. Il est donc le premier à se décliner de 3 façons (web, application et epub fixed lay-out). Comme pour les autres formats, j’ai évidemment réfléchi à sa distribution. J’aurais pu faire le choix de le publier sur iBook Store par mes propres moyens, comme cela a été fait pour les applications (pour nos lecteurs les epub sont vendus dans le magasin iBook Store, alors que les applications sont vendues dans le magasin App Store de iTunes). Apple tenant ainsi le rôle du libraire, distributeur  des titres qui lui sont confiés ! Pourtant, pour des raisons que je vais vous demander d’argumenter, La Souris Qui Raconte (pour ce qui est de ses epub) travaille avec un intermédiaire diffuseur, à savoir immateriel.fr. Celui-ci dispatche ensuite les contenus mis en ligne sur son site vers les librairies partenaires, dont Apple, Google et Amazon. Et tout ça dans le « cloud » comme on dit ! Comme j’en vois qui sont déjà paumés, et ayant à cœur de faire comprendre à nos lecteurs les mécanismes de la publication dématérialisée, je vais vous poser un certain nombre de questions. Merci d’y répondre de la manière la plus compréhensive possible pour les néophytes qui nous lisent.

sanspapier.com est une « Librairie numérique ». Pouvez-nous nous expliquer en quoi consiste le travail du libraire numérique et s’il existe un élément de distinction majeur avec son homologue physique (à part la dématérialisation) ?

Fini de soulever des cartons…! Non sans rire le métier de libraire numérique est fort différent de celui de libraire physique lorsqu’il est exercé en complète autonomie. Je m’explique : il existe des outils pour relayer l’offre d’un libraire physique sur le web sans avoir besoin d’être un informaticien qualifié. Les librairies physiques peuvent s’appuyer sur une filière numérique qui leur permet de travailler sur le web assez facilement. Cependant ils doivent alors accepter la contrainte de rentrer dans des schémas prédéfinis de plateforme en marque blanche qui laissent peu de place à l’originalité, à la possibilité de se différencier sur la forme et dans une certaine mesure sur le fond – ce qui fait le sel de la librairie physique il me semble. Alors oui pour être un libraire du web « à part entière » mieux vaut cumuler les profils et disposer de compétences informatiques et littéraires.

Sur votre site, vous mettez en avant un moteur de recommandation. J’ai fait une petite expérience en y recherchant « Conte du haut de mon crâne » et vous ai fait part de ma déception de ne pas le voir ressortir dans le carrousel des préconisations. Pouvez-vous nous en expliquer la raison et comment tout cela fonctionne ?

Ce moteur fait l’objet de toutes nos attentions et constitue, nous l’espérons, un élément d’originalité nous distinguant des autres librairies en ligne. Mais il nous reste du travail ! Comme le moteur de recommandation de Sanspapier.com repose sur le contenu des livres (en plus des métadonnées traditionnelles comme un titre de livre ou un nom d’auteur), nous ajoutons des mots-clés à tous les ouvrages afin de caractériser leur contenu. Et malheureusement tous les livres ne sont pas encore enrichis, nous y travaillons. C’est justement le cas pour « Conte du haut de mon crâne » qu’on ne trouve pas sur le carrousel mais qu’on peut néanmoins atteindre en cliquant sur le lien sous le carrousel. A terme ce lien doit disparaitre, bien entendu, une fois que tous les livres seront enrichis.

Comment une librairie numérique comme SANSPAPIER se positionne-t-elle face à des acteurs comme Apple, Google, et Amazon ?

En allant chercher des livres qui manquent de visibilité chez eux. C’est cette question qui nous a fait démarrer le projet : comment accéder à « l’offre de traîne » occultée sur les grandes plateformes par les best-sellers et la parution ininterrompue des nouveautés. C’est l’enjeu d’un moteur de recommandation basé sur le contenu des ouvrages : tisser des liens entre des livres qui n’auraient pas existé autrement et offrir une proposition qui utilise la profondeur de catalogue des éditeurs. L’enjeu est de taille et d’autant plus important qu’à l’inverse la recommandation commerciale s’impose largement sur la Toile.

Quels sont vos leviers pour attirer vos clients et les fidéliser et pourquoi vous préfèrent-ils à d’autres acteurs plus généralistes ?

Plusieurs questions. Sur l’acquisition client, nous réfléchissons un peu tout le temps, c’est le nerf de la guerre sur le Web ! Vous ne devriez pas tarder à voir des choses émerger sur Sanspapier je ne peux pas en dire beaucoup plus, soyez attentifs ! Pourquoi venir chez Sanspapier plus que chez les autres ? Parce que nous offrons une proposition alternative de livres dans les résultats de la recherche. La proposition éditoriale sur la page d’accueil c’est une chose, mais sur le Web, le parcours utilisateur passe par le moteur et beaucoup moins par les propositions de la page d’accueil. Alors selon nous une proposition alternative au sein du moteur, c’est la clé.

Du reste, sur quel secteur de l’édition êtes-vous spécialisé, si vous l’êtes ?

Non, mais nous réfléchissons à plusieurs projets d’approche par secteur avec nos partenaires.

La jeunesse n’est-elle pas le parent pauvre de l’édition numérique, et si oui, avez-vous une idée du pourquoi ?

C’est un secteur que je connais assez mal. Mais il me semble que la jeunesse s’est fortement engagée dans les applications et en conséquence son offre est plutôt relayée sur les stores Apple et Android. De ce fait elle perd en visibilité sur les plateformes des librairies qui ne diffusent pas ces formats.

Quel est votre vision du livre numérique et de sa diffusion dans les prochaines années ?

Internet va continuer à prendre de l’importance dans les pratiques d’achat, le livre numérique suivra. La diffusion des tablettes va considérablement y contribuer. J’ajoute que lorsque les éditeurs auront pris le mouvement, le papier constituera un horizon pour nombre de publications. En inversant le schéma traditionnel, la parution en papier ne se concrétisera que si le livre a obtenu un succès suffisant du point de vue de l’éditeur pour être vendu en volume de cellulose. C’est déjà le cas et c’est amené à devenir un modèle dominant.

Ma dernière question, qui pourrait faire la synthèse des précédentes :
quel intérêt un acteur comme La Souris Qui Raconte, présent sur le web depuis 3 ans, diffusant une partie de ses contenus en direct via les acteurs qui aujourd’hui font le marché, a-t-il à passer par sanspapier.com ?

Je répondrais par une question : êtes-vous satisfaite de la visibilité dont vous disposez sur ces plateformes ? Notre projet est d’industrialiser l’accès à la « longue traîne » à travers notre moteur de recommandation. Je rappelle ici que 80 à 90 % des ventes sur le site d’une librairie passent par le moteur de recherche. Travailler la profondeur des catalogues, dynamiser les contenus des éditeurs, voilà notre démarche : pas si répandue parmi les enseignes qui constituent le paysage de la librairie en ligne actuellement…

Si je suis satisfaite de la visibilité que ces plateformes me procurent ? Hahaha ! Là vous faites mouche Antoine ! Merci infiniment pour vos réponses, qui j’espère, éclairent un peu plus nos lecteurs.


Commentaire sur

  1. Ah mais je ne savais pas que le Conte était également disponible sous cet autre format !!! Heureusement que je suis revenue pour le VendrediSouris 🙂
    Les autres titres seront-ils aussi déclinés en ePubs ?

    Belle fin de journée, Madame la Souris…

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