Un alphorêt, c’est une forêt dont les arbres sont rangés comme dans un dictionnaire, par ordre alphabétique, du A au Z ! Pour le A c’était assez facile, mais pour le Z, le W ou le Q, il fallait les trouver, et avoir toute la connaissance sylvestre de son autrice Marie-Laure Depaulis. Quant à leur représentation, Claire Fauché a probablement passé beaucoup de temps dans le manuel de botanique dont il est question dans le récit !
L’alphorêt est notre 51e publication numérique, et sera notre deuxième co-édition papier, dont j’espère bien que les arbres de cet alphorêt soient tous épargnés. Publication jubilatoire par l’humour et l’originalité du texte et par la richesse et la beauté des illustrations de Claire, et je ne vous dis rien sur l’inventivité des interactions mais vous invite plutôt à découvrir comment planter un dattier ou épiler le goyavier !
Marie-Laure, j’ai eu un immense plaisir à découvrir votre texte, lorsque vous me l’avez confié. Il est tellement original qu’il a forcément une histoire, quelle est-elle ?
Lorsque j’habitais en Grèce, au cours d’une soirée à refaire le monde, une très bonne amie à moi a évoqué un souvenir qui m’a immédiatement charmée. Encore étudiante, elle avait planté, tout le long d’une allée de sa maison de famille, vingt-six arbres : chacun avait un nom qui commençait par une des lettres de l’alphabet.
Le lendemain, j’ai accroché une grande feuille de papier dans mon salon, j’y ai dessiné les vingt-six lettres de l’alphabet latin et j’ai passé plusieurs jours à écrire là les noms d’arbres qui me venaient à l’esprit en appelant tout mon entourage à la rescousse ! J’ai arrêté lorsque j’ai obtenu une liste dont les sonorités me plaisaient et, comme Alphaki, je la fredonnais sans cesse !
Au même moment, je jetais sur papier les premières lignes de L’alphorêt que j’ai souhaité devenir une ode à l’acceptation des nouveaux arrivants.
Claire, je me souviens que lorsque je cherchais un•e illustrat•eur•rice pour mettre des images sur les mots de Marie-Laure, alors que vous aviez décliné plusieurs textes que je vous proposais, celui-ci vous à conquise instantanément. Quel écho a-t-il fait résonner en vous ?
Un texte nous faisant sourire avec ses incongruités poétiques et pointes d’humour, ça ne se refuse pas ! Et c’était l’opportunité de revoir les connaissances en botanique. Je peux me targuer de reconnaître un robinier maintenant, c’est un faux-acacia !
Marie-Laure, quels commentaires sur votre livre numérique en images animées, en voix et musiques ? Et quel écran a votre préférence ?
Je suis enchantée du résultat !
Je trouve les illustrations de Claire drôles et très poétiques. Alphaki a le physique qu’il devait avoir et il m’est à présent impossible de l’imaginer autrement qu’avec ses bretelles orange et sa barbe frisottante ! J’aime la brouette tracée en noir sur fond blanc, la palette de couleurs choisie et la singularité de chacun des arbres. L’histoire s’est considérablement enrichie grâce aux images.
Pour ce qui est de l’aspect sonorisé et animé, la musique me semble renforcer les différentes atmosphères et les animations, quant à elles, apportent un soupçon de magie supplémentaire ! Un aspect ludique également.
Il m’est très difficile de choisir l’écran que je préfère. Celui sur lequel on peut dessiner le petit alpha me replonge en Grèce avec bonheur, j’adore la galerie de portraits sylvestres et l’apparition du dattier après lecture du manuel de botanique. Mais j’aime aussi la fantaisie avec laquelle sont rendus les cauchemars et la poésie qui émane du petit voilier glissant sur fond de soleil couchant !
Claire a eu des idées géniales !
Claire : Merci Marie-Laure, ça me fait plaisir que vous accueilliez mes illustrations avec autant d’enthousiasme. Merci pour votre texte aussi.
M.-L., vous qui êtes aussi conteuse, et m’aviez confié vouloir lire votre texte, comment avez-vous entendu la lecture de Thierry ?
J’ai souvent raconté cette histoire, et je la raconte bien sûr encore avec plaisir. Je ne tenais cependant pas absolument à l’enregistrer pour le livre et la version que propose Thierry Ragueneau est parfaite ! Il a ce petit sourire dans la voix qui va très bien à l’alphorêt !
Claire, nous n’en sommes pas à notre première collaboration, et « Conte du haut de mon crâne » reste le must de La Souris Qui Raconte. C’est vous qui aviez (en 2011) fait toute l’animation en Flash. Expérience renouvelée plus tard avec « Le livre papillon », que vous aviez traité d’une tout autre manière. Vous savez donc « animer ».
Pour cet ouvrage-ci, vous avez, avec une infinie minutie, préparé chaque étape des animations, ou interactions que vous souhaitiez. Celles-ci ont été faites (et sous traitées) en html5, et html n’autorise pas ce qu’autorisait Flash, c’est frustrant pour nous aussi. Là où nous étions presque dans un dessin animé avec Conte, j’ai bien senti votre déception avec « L’alphorêt ». Le résultat pour vous n’était pas satisfaisant. Avec le recul, et les analyses que vous avez recueillies auprès de vos amis, qu’en pensez-vous après sa dernière lecture ?
Il faut savoir y trouver son compte et faire des compromis et surtout, reconnaître la masse de travail et la bonne volonté de l’équipe. Mon entourage n’y voit que du feu de toutes façons !
M.-L.Vous avez déjà prévu de le montrer en bibliothèque, avez-vous une idée de la manière dont vous vous y prendrez ?
Je serai sans doute tentée de raconter l’histoire avant de dévoiler le livre, comme je le fais pour d’autres récits que j’ai publiés. Puis il me paraît indispensable, dans un second temps, de laisser les lecteurs explorer et découvrir seuls les trésors cachés des animations…
Merci à vous deux pour votre confiance.
Merci aussi à Sabine Chalaguier et Prakash Topsy, pour « la masse de travail » accomplie sur les animations et interactions, car dans ce livre, on déplace et plante des arbres, on en arrose d’autres. On aide Alphaki à épiler le goyavier et on mange son fruit délicieux ! Mais surtout, surtout… on découvre cet arbre étrange à la feuille unique !