Dans quelques semaines Noël, la fête, les cadeaux, la joie ! Avec la publication de « Les Noëls de Trouquelune » un livre que j’ai demandé à Cathy Dutruch d’écrire pour La Souris Qui Raconte, nous allons nous réunir à l’abri d’une forêt dans laquelle toutes sortes d’animaux s’offrent un cadeau, bien sûr (c’est Noël tout de même), et… un beau mot !
Catherine, lorsque je t’ai passé commande de cet ouvrage, je t’ai précisé que je voulais parler de Noël autrement. Tu as très vite pigé, pas de bling bling, pas de consumérisme, mais des valeurs de partage, jusque dans les choses les plus simples. S’il te plaît, parle-nous de « Trouquelune » et de cette idée simple et tellement essentielle de Noël.
Trouquelune, c’est un endroit que je connais. Il est en moi, en nous, et surtout ici, là où je vis. C’est aussi un mot inventé par mon arrière grand-père, il appelait ma mère comme ça, c’était un mot pour la tendresse, pour les enfants. Trouquelune, viens par là, Trouquelune c’est l’enfant en nous. Les mots doux, la tendresse, le vrai.
Nous en sommes à notre 5e collaboration ce qui n’est pas rien ! Comment choisis-tu les éditeurs avec lesquels tu travailles ?
Je ne travaille plus qu’avec toi ! Hahahaha !
Et j’attends aussi de rencontrer un éditeur, pas jeunesse, pour un roman en cours.
Tu nous raconteras cela pour notre 6e collaboration (Huhuhu).
Chaque titre publié chez La Souris Qui Raconte a son propre univers graphique, si je te demandais un seul mot qualifiant l’univers de chacun des tiens, le trouverais-tu ?
Ogre doux (Juliette Lancien) : Surréaliste
La petite musique du monde (Farah Allègue) : Liberté
Pour tout l’or du monde (Juliette Lancien) : Puissance
Le prénom du monde (Claire Fauché) : Amour
Les Noëls de Trouquelune (Giovanna Gazzi) : Nature
En listant ces titres, le MONDE y est très représenté, un hasard ou autre chose ?
J’ai en effet pensé la même chose… un hasard, certes pas ! Je pense être obsédée par l’envie de changer le monde.
Et bien, il y a du boulot alors !
Au-delà de tes créations littéraires et poétiques tu aimes chiner des bouts de rien que tu assembles et qui te ressemblent. Ensuite tu partages tes trouvailles, et celles des autres, dans ton « Musée du Bleu ». Et si tu nous en parlais de ce beau projet !
Le Musée du Bleu a ouvert ses portes à Trouquelune l’an dernier. Au début, c’était juste un rêve, ouvrir mon atelier d’artiste, montrer mes collections… Et c’est vite devenu une galerie, un musée vivant dans lequel tous les passionnés de bleu viennent se ressourcer, admirer des créations, tableaux, objets, chiner des idées. Nous sommes également une association qui propose la plus petite librairie du monde. Il y a des livres anciens, rares, littérature jeunesse aussi, il y a également une gratuiterie, on nous donne, on donne. Nous organisons de nombreux ateliers, manifestations, fêtes. Nous proposons des jours d’expo aux artistes, etc… Nous ouvrons la maison et le jardin aux visiteurs.
Ceci dit, ça a l’air fabuleux comme ça, mais c’est très difficile. Beaucoup de gens sont adorables, mais pas tous. C’est une initiative privée et nous devons nous accrocher. J’ai mille remarques méchantes ou jalouses qui me renvoient vite les pieds au cul sur terre. Je ne sais pas du tout si j’aurai l’endurance de poursuivre des années. Ce sont les gens qui entrent au Musée du Bleu avec l’esprit Musée du bleu, poètes et artistes qui m’aident à tenir le coup. Pas facile tous les jours, oui ! Un artiste ça doit manger aussi. Les gens ne comprennent pas toujours pourquoi on doit vendre, même une petite carte postale… Et souvent, je les donne !
Une dernière question. Qui tient en un seul mot, ton mot cadeau ?
Cadeau, c’est gratuit. Alors GRATUIT.
Pour toi Giovanna, « Les Noëls de Trouquelune » est ta 2e participation au catalogue LSQR. Après l’excellent « Le drôle de chat qui mord » (allez vite voir, il est très beau —aussi—), tu as donné vie au bestiaire de Cathy, quel animal a ta préférence ?
Le renard… de toutes les façons le petit renard roussit (ou rougit) toujours, c’est peut-être pour ça que je l’ai mis un peu partout. Et tout de suite après, la martre, parce qu’elle est très photogénique, et enfin les lièvres… parce que, à deux, le jeu est plus amusant et intéressant.
Comment as-tu travaillé sur cet ouvrage de la collection « à jouer » alors que « Le drôle de chat qui mord » appartient à la collection « à lire » ?
J’ai senti une différence non pas dans la quantité ou dans la qualité des mouvements… mais plutôt dans le rythme des textes. Le livre « à lire » a demandé d’aller plus à l’essentiel. Il se passe beaucoup de temps entre une action et l’autre. Les choses se transforment lentement… c’est le temps qui guérit le cœur. Dans ce cas précis les mouvements se devaient d’être plus délicats et les animations plus lentes, au rythme du récit.
En lisant le texte de Trouquelune, j’ai constaté que c’est justement le rythme du récit qui suggère d’ajouter du mouvement et des interactions. Tout arrive pendant la nuit de Noël et quelques jours avant, et les préparatifs sont joyeux et frénétiques. L’interaction est nécessaire pour augmenter l’effervescence de ce moment unique ! Je crois que c’est nous (moi et aussi Catherine ! sans nous connaître) qui y avons joué en premier lorsque nous l’avons créé.
Tes story-boards sont très clairs et ont beaucoup aidé les animateur et développeur (qui font un travail merveilleux ET respectueux —merci vous deux—). Ta formation y est-elle pour quelque chose, et le précédent ouvrage t’a-t-il aidé ?
Quand j’ai fréquenté l’Académie des Beaux Arts, mon prof d’anatomie artistique était un illustrateur de profession et il nous expliquait souvent que l’anatomie ne pouvait se rapporter qu’au seul corps humain, mais concernait n’importe quel objet ou sujet que nous avions devant nous, et cela devait conduire à une sorte de style, une éducation du regard sur toutes les choses. De ce fait le livre aussi a une anatomie. Idem pour la narration, le récit. Il est nécessaire d’en redessiner la structure.
Le drôle de chat qui mord a representé dans ce contexte un excellent entraînement, étant donné que j’ai poussé le raisonnement sur la nécessité de m’expliquer en français…
A l’occasion de notre première rencontre ici, tu parlais de tes projets. Où en es-tu, presque deux ans après ?
Je suis allé immédiatement relire mes projets d’il y a deux ans. Quelque chose s’est passé, quelque chose a grandi et quelque chose doit encore arriver. Pour être précise : ma petite héroïne des aventures est effectivement devenue un livre qui a pour titre Un an avec Emma, alors même que je n’enseigne plus au collège mais en lycée artistique. Je peins des fresques et ça me plaît beaucoup. Pour les deux années qui viennent je ne voudrais, ça me plairait, ce serait fantastique – un véritable rêve – vivre que de murs et de livres.
Et enfin, à toi aussi je vais te demander ton mot, ton mot cadeau ?
ORCHESTRA
Le mien sera tout simplement MERCI !
MERCI à tous ceux qui ont participé à la création de ce livre, et me permettent de publier des œuvres exigeantes.
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