« La tristesse de l’oiseau bleu », qui vient d’être mis en ligne sur notre site est un livre atypique dans la collection de La Souris Qui Raconte. A l’instar de « Le prénom de monde » c’est un livre de commande qui vient de fort loin. De plus il est écrit et lu dans deux versions de langues, français et espagnol.

Lise Goussot vous êtes responsable de la médiathèque de l’Alliance Française de Quito (AFQ) en Equateur, et vous m’avez sollicitée pour la production d’un livre interactif dont l’écriture, les illustrations et la très belle musique sont le fruit du travail d’artistes locaux. Pouvez-vous revenir sur la genèse du projet.

L’album numérique de « La tristesse de l’oiseau bleu » est né suite à un appel à projet de l’Institut Français, qui cherche à valoriser, entre autres choses, l’usage des nouvelles technologies.
Nous venions de recevoir à l’AFQ Charlotte Gastaut pour une exposition sur ses illustrations et elle m’avait présenté son très beau livre en réalité augmentée (Copain ?, chez Albin Michel, coll. Histoires animées). Cela m’a donné envie de suivre cette piste, et allier le talent équatorien au savoir-faire français. Connaissant le travail de La Souris Qui Raconte, j’ai pris contact avec Françoise Prêtre, qui m’a très bien reçue et aidée dans l’étape de préparation de ce projet.
Nous avons alors lancé le concours sur nos réseaux, pour réaliser un album numérique bilingue français/espagnol, qui serait édité par LSQR et diffusé sur la Culturethèque (la médiathèque numérique du réseau français à l’étranger). Parmi les projets qui nous sont parvenus, deux ont particulièrement retenu notre attention de par les thématiques abordées et la qualité de l’illustration, mais c’est finalement « La tristeza del pajaro azul » qui l’a emporté, car il se prêtait davantage à l’animation.
Pour la musique, nous souhaitions aussi quelque chose dont la couleur corresponde au texte. L’auteur-compositeur équatorien Alex Alvear a eu la gentillesse de nous prêter sa musique dès que nous le lui avons demandé, ce dont nous le remercions grandement tant ses mélodies complètent l’univers de l’album.
À côté de ce projet, nous travaillons avec des classes de français sur l’album jeunesse et ses différents supports. Au final, les élèves équatoriens vont écrire en français et illustrer leur propre conte que nous mettrons aussi en ligne sur la Culturethèque. Ces travaux seront alors visibles dans le monde entier.

Comment les rôles se sont-ils répartis entre Institut Français (IF) et Alliance Française (AF) et pouvez-vous nous expliquer la différence entre l’un et l’autre ?

À la différence des IF qui dépendent de l’Etat, les AF sont des associations privées locales, à but non lucratif, et sont autofinancées. Mais nous accomplissons le même travail, à savoir la diffusion de la langue et de la culture française à l’étranger.
L’AFQ est à l’origine du concours auprès des auteurs/illustrateurs équatoriens. Une fois l’album sélectionné, nous l’avons traduit et nous avons fait le lien entre LSQR et Maria del Carmen Herrera (l’illustratice) pour toutes les demandes techniques de l’adaptation de l’illustration au format numérique.
Sur ce projet, le rôle de l’Institut Français concerne surtout le financement. Mais il ne se résume pas qu’à cela : sans la « Culturethèque », fournie et gérée par l’Institut Français, sur laquelle sera diffusé « La tristesse de l’oiseau bleu », ce projet n’aurait pas vu le jour.

Lorsque vous m’avez interrogée sur « La tristesse de l’oiseau bleu », ce n’est pas la demande qui m’a étonnée, mais de qui elle émanait. L’Équateur est un tout petit pays coincé entre la Colombie, le Pérou et l’océan Pacifique. L’Équateur, pays innovant sur les questions numériques ? Quelles raisons vous ont incités à éditer un livre numérique plutôt qu’un livre papier ?

À l’AFQ, le numérique est au cœur de notre action pédagogique (cours à distance) et culturelle (Culturethèque, « Novembre Numérique » spécialement consacré aux cultures numériques).
Quant à notre public, il est effectivement très friand de nouvelles technologies… et beaucoup moins de la lecture. Le format numérique rend les livres plus accessibles, moins « sacrés » et plus « modernes » et interactifs. J’espère que le travail mené avec nos jeunes élèves les incitera à s’ouvrir davantage à la lecture, quel que soit le support.

Pouvez-vous aussi nous préciser où en est le numérique en Amérique du Sud, quels éditeurs pour quels lecteurs ?

L’Equateur n’est malheureusement pas un pays de grands lecteurs. Les librairies se fournissent généralement auprès des éditeurs espagnols, argentins (qui ont une belle production en littérature jeunesse) et en Colombie. Même les auteurs équatoriens se font généralement publier à l’étranger. Cela me semble regrettable, car il y a ici beaucoup d’auteurs et illustrateurs de grand talent. Mais, mis à part quelques éditeurs indépendants, rares sont les maisons d’éditions locales qui mettent sur le marché des albums dont la qualité physique mette en valeur son contenu, et encore moins à des prix accessibles à toutes les bourses.

Pour terminer, je voulais remercier l’Alliance Française de Quito et plus particulièrement vous, Lise, pour avoir permis la réalisation de ce projet. Merci à l’auteur Kevin Cuadrado, à l’illustratrice Maria del Carmen Herrera et à Alex Alvear pour ses très belles musiques andines. Nous sommes bel et bien transportés aux portes de l’Amazonie !
Si l’histoire aborde des thèmes préoccupants pour l’écologie de l’Équateur, l’espoir que fait naître l’« enfant oiseau » en se mobilisant et en appelant à la solidarité nous invite vivement à le suivre.  

L’Equateur est un petit pays, certes, mais c’est un pays d’une grande richesse culturelle et naturelle : il est le plus grand réservoir au monde de biodiversité et il est important de le préserver. C’est une terre de contrastes, depuis les plus hauts plateaux andins semés de volcans aux Galápagos, en passant par ses plages chaudes et ses forêts humides !
Nous vous invitons à venir découvrir tout cela sur place.
Pour ma part, je souhaitais vous remercier, Françoise, pour votre aide et votre patience dans l’élaboration de ce projet.
Kevin Cuadrado et Maria del Carmen Herrera se joignent à moi pour remercier toute l’équipe de LSQR pour le travail accompli sur leur conte. 


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