Une réflexion nourrie par deux colloques successifs qui se tenaient la semaine dernière, à la Gaîté Lyrique et aux Arts Déco !

textures_540bleuLe premier des deux, intitulé Lecture et culture des adolescents dans un monde qui change, du cross-média au transmédia, était organisé par l’association Lecture Jeunesse en partenariat avec la Gaîté Lyrique. Le second, se jouant sur 3 jours, se tenait alternativement à la BNF et à l’école Nationale des Arts décoratifs et avait pour thème Text/ures : l’objet livre, du papier au numérique.
Mon propos ici n’est pas de faire un compte rendu de ces journées, des restitutions sont certainement prévues, mais plutôt d’utiliser quelques points clés pour réfléchir avec vous à haute voix.
La journée du 18 novembre, d’une remarquable qualité, interrogeait largement sur la question des usages dans un monde qui change. Usage du livre face au numérique, usage du lecteur (de l’usager donc) également, avec comme point d’orgue la lecture, et le lien indissociable entre lecture et écriture ! Celle du 21 présentait plutôt un état de l’art, à un instant T, de certains ouvrages ou typologies d’ouvrages.
Depuis la création de La Souris Qui Raconte, j’ai tout entendu sur le livre et l’édition. Les questions récurrentes (obsessionnelles) sur le devenir de la lecture continuent d’alimenter tous les fantasmes et sa mort annoncée nous joue régulièrement l’arlésienne ! Mais la question n’est-elle pas ailleurs, et ce « monde qui change » entre bel et bien dans les paramètres de réflexion. Prenons comme postulat qu’écriture et lecture sont intimement liées et interrogeons-nous sur la désacralisation de la première, et ses conséquences ! Yann Leroux nous le disait ici, et ce fut un axiome fort des échanges à la Gaîté Lyrique, l’auteur est descendu de son piédestal. On le rencontre, on communique avec lui, il vous informe de son actualité… Tout le monde écrit ! Certains éditeurs recrutent sur le web ! L’écriture n’est plus réservée à une élite à l’instar de la musique ou de la cuisine (pour preuve les Nouvelle Star et autre Chef Pâtissier).

La génération Y (née entre 1980 et 2000 —34 ans pour les uns et seulement 14 pour les autres— un grand écart !) change les paradigmes de l’édition. Réservée jusqu’alors aux « professionnels » du secteur, cette génération crée de nouvelles formes d’écriture et de communication*. Elle zappe entre Facebook et Twitter. Elle poste ses images sur Instagram et ses films sur YouTube. Elle se regroupe en communauté grâce a des réseaux sociaux de plus en plus nombreux et spécialisés. De nouveaux formats émergent également, par l’exploration de narrations visuelles à base de vidéos ou de courts métrages, impliquant de plus en plus le public qui devient alors spect-acteur ! Les nouveaux entrants de l’édition numérique proposent des formats courts, pour une lecture « fractionnable » entre trajets de bus ou de métro et attente dans un cabinet, par exemple. Des expériences de grande ampleur sont menées, avec des œuvres comme Endgame, une super production littéraire made in USA ! La sollicitation du lecteur y est également multiple. Ces changements radicaux de narration bouleversent irrémédiablement les comportements de lecture et d’écriture.

Si je vous raconte tout ça, au-delà de vous faire regretter définitivement de ne pas en avoir été (parce que c’était vraiment vachement bien !), c’est que les interrogations que ces colloques soulèvent, empiètent largement dans mon champ d’intervention. Les premiers prescripteurs acheteurs de la  littérature de jeunesse (celle qui arrive avant la littérature dont il fut question lors de ces journées) sont les parents ou les grands-parents. La génération Y n’est pas encore tout à fait parent. Comble, elle consomme plutôt du gratuit (mais ça c’est juste pour mettre du piment dans mon histoire) ! Les lecteurs potentiels de nos livres arriveraient donc à maturité dans  8-15 ans (lorsque madame et monsieur Y se seront rencontrés et auront mis au monde les premiers exemplaires de la génération suivante dont il faudra encore attendre qu’is atteignent l’âge qui m’intéresse, entre 5 et 10 ans).
N’est-ce pas à la génération Y d’apporter des idées pour créer du contenu pas cher, intelligent, mobile et qui permettent à leurs enfants d’entrer dans une lecture plaisir ? Une narration inédite destinée spécialement à leur progéniture ? Mes parents m’ont donné le goût de la lecture avec Hugo et Balzac. Je ne suis pas sûre que mes petits-enfants les lisent jamais ! Ce sont bien les temps qui changent, et les habitudes de lecture, comme tout le reste, avec !

* voir MediaEntity ; Foliomatic ou le phénomène des booktubers


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