03 | 11
2015

ac500_salon_du_livre_skyDrôle de titre pour un débrief salon ! Promis, je vous dis pourquoi à la fin de l’article !

Grâce à Blandine Yazbeck, conseillère pédagogique à l’Institut Français du Liban, j’ai vécu, durant 5 jours, une formidable expérience humaine à l’occasion du 22e Salon du Livre Francophone de Beyrouth, intitulé cette année « Libres Livres » . Une appellation lourde de sens à Beyrouth !
Le principe du salon, faire se rencontrer, au BIEL ou dans les villes avoisinant Beyrouth, des auteurs et des classes pour des échanges avec les élèves. Pour La Souris Qui Raconte, et l’auteur Françoise Prêtre, ce sont 7 classes à qui j’ai parlé de mes deux livres Polo le Clodo et Adhi le petit porteur de soufre. La première surprise passée – car si je me sens légitime en tant qu’éditeur, je le suis beaucoup moins en tant qu’auteur – j’ai utilisé le travail des élèves sur ces deux livres pour élargir la réflexion, et leur apporter des précisions  sur ce qui différencie une maison d’édition papier d’une maison d’édition numérique. Et définir les rôles des uns et des autres dans cette grande famille qu’est l’Edition. J’étais l’unique représentante numérique, et les enfants libanais, fortement équipés, découvraient une autre façon de lire et d’utiliser leurs tablettes.

Sept classes, sept rencontres avec chacune son lot de surprises et d’émerveillement. Le lundi, j’étais à Sebeel dans l’école Rachel Eddé. Une école publique qui vise l’excellence. Construite grâce à des fonds privés, au-delà de dispenser ses cours, elle sensibilise les élèves sur les questions d’environnement, en particulier du tri des déchets, nœud névralgique de tension au Liban. Chaque classe est équipée en TBI. Quatre d’entre elles ont donc découvert L’ogresse, notre princesse irresponsable, qui n’a que faire de ce qui se passe sur la Terre et des conséquences de son incommensurable appétit ! Les enfants maîtrisent parfaitement le français, surtout dans les classes supérieures (11-12 ans pour celles que j’ai rencontrées), et comme je le remarquais à Tétouan, lisent parfaitement. L’accueil prodigué par cette école « modèle », tant par les élèves que par le corps enseignant, a été fantastique. Merci encore à la directrice, Mme Wadad Doueihi, pour le panier garni de spécialités locales.

Le tri, une préoccupation cruciale (et engagée)
Le tri, une préoccupation cruciale (et militante)

C’est ce qui ressortait de nos comptes rendus quotidiens entre auteurs, la qualité de l’accueil et la préparation de la visite de chacun d’entre nous. Reçus et ovationnés en héros, car les élèves lecteurs sont tout simplement « fans ». Fans de Dominique Dimey, fans de Yves-Marie Clément (l’une et l’autre récompensés par un prix dont les élèves étaient les jurés), fans de Gilles Barraqué, fans de Lenia Major, fans de Marion Achard, une équipe de choc au sein de laquelle a circulé une immense connivence ! Les débriefs nocturnes autour d’un verre de vin libanais (excellent) ou d’arak relataient tous ces rencontres incroyablement chaleureuses, et notre étonnement concernant le comportement attentionné et humble de nos hôtes (profs et élèves).

Au BIEL, j’ai rencontré d’autres classes. Il était toujours question de L’ogresse, présentée cette fois dans une salle de conférence avec écran et vidéo projecteur. Les élèves arrivent avec leurs questions. Ils ont lu Polo le Clodo ou Adhi le petit porteur de soufre. Une des classes n’ayant lu que les extraits gratuits, en invente les suites, et je ne peux m’empêcher de vous livrer leur vision de Polo :

Il n’est pas très beau Polo le clodo. Hirsute, il traîne souvent dans le métro. Il est bougon et ne sent pas très bon. Parfois Polo boit, pourtant c’est un chouette gars. Alors pourquoi en est-il arrivé là ?
Les hommes naissent égaux en droits. D’où que tu sois, émirats ou favelas, disposes-tu vraiment des mêmes lois ?
L’histoire de Polo a commencé comme beaucoup d’histoires, par  « il était une fois » un petit garçon. A la différence des autres petits garçons des histoires qui commencent par « il était une fois », aucune fée ne s’est penchée sur son berceau. Il n’a pas non plus rencontré de génie ni de lampe à frotter.
… alors il est un garçon sans parents, sans frères ni sœurs. Il vit dans la rue et les gens se moquent de lui.
Un jour, dans le métro, il rencontre une belle dame bien coiffée, bien parée, très parfumée. Il s’approche d’elle et lui dit : « Comme vous êtes belle ».
Elle lui sourit et dit : « Merci, et toi aussi tu peux être comme moi. Tu peux travailler dans mon jardin. »
Depuis lors, il se coupe les cheveux, il prend son bain tous les jours et il se parfume. Puis les gens s’étonnent en le voyant et ils deviennent ses amis.
Il est vrai que chacun a le droit au respect, mais il a aussi le devoir de respecter son corps et de bien le présenter en société.

Ça a été très dur de ne pas pleurer. Cette rencontre s’est avérée particulièrement singulière. Non seulement les élèves ont imaginé la suite de mes deux livres, mais ils m’ont aussi prédit mon avenir, et vous savez quoi… je serai ministre de la Jeunesse ! C’est beau non ?

Cadeaux illustrés sous forme de portrait
Cadeaux illustrés sous forme de portrait, vous reconnaissez les lunettes ?

Les enfants (et les enseignants) sont curieux, attentifs, respectueux, allocentriques… on pourrait prendre des leçons de civisme à leur contact si de ce côté-là de la Méditerranée on était moins blasé. Jamais rencontre de classe n’a été pour moi source de tant d’admiration partagée. Le Liban est un tout petit pays, coincé entre la Syrie, la Jordanie et Israël, et il est peuplé de bonnes personnes !
Et puis il y a l’effet Blandine. Personnage remarquable avec des bras et des jambes en plus, deux cœurs et une tête hyper rangée quand le corps semble débordé. Au-delà des rencontres scolaires, elle a aussi orchestré toutes sortes de rendez-vous. Chez Mr l’Ambassadeur, dans des restau top chef (depuis mon retour je boude la balance), avec des médias locaux… Chacun de nous a eu son moment de gloire cathodique sur MTV (avec mon ami Gilles sur la chaîne locale la plus regardée au Liban). La Souris qui Raconte, éditeur numérique a aussi interpellé deux journalistes Elga Trad de Femme Magazine et Nayla Rached d’Hebdo Magazine (le photographe a pris des dizaines de photos, désolée pour son choix où je ne parais plus avoir 30 ans Séverine !). Dire comment on revient d’un tel voyage est difficile, il faut le vivre. Alors croyez-moi, si Blandine Yazbeck vous invite, ne ratez pas l’occasion.

Quant à Martine, puisque je vous dois quelques explications, c’est le nom par lequel m’a sans cesse interpellé Dominique à peine les présentations faites dans la voiture de Blandine. S’en sont suivis des fous rires inénarrables ! Avant je détestais ce prénom, mais ça… c’était avant !

De d. à g. : Lénia, Gilles, Marion, Yves-Marie, Blandine, Dominique et Martine à Byblos. ©Nathalie
De d. à g. : Lénia, Gilles, Marion, Yves-Marie, Blandine, Dominique et Martine à Byblos. ©Nathalie

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