Hier se tenait au Campus Fonderie de l’Image une Masterclasse intitulée : « Créer en papier et en numérique : quelles contraintes, quels défis ? ». Destinée aux artistes et aux professionnels du livre et du transmedia, la journée a été ponctuée par 4 interventions toutes aussi passionnantes les unes que les autres ! Replay !

Le contexte d’abord. La journée (filmée au bout du lienétait organisée par Transbook dont je vous avais dit quelques mots à l’occasion de mon article sur la journée professionnelle du Salon du Livre et de la Presse Jeunesse de 2014.
Les axes d’intervention du projet sont :

Inciter les acteurs à investir les nouveaux business models et modes de création
Dynamiser les carrières des créateurs
Favoriser l’appropriation de pratiques de médiation innovantes.

de-nouvelles-perspectives-dans-la-relation-entre-le-tangible-et-le-numrique-dans-le-domaine-du-jeu-et-du-jouet-etienne-mineur-7-638Et c’est bien dans ce sens que le SLPJ, un des organisateurs phare de l’événement a préparé ces quatre rencontres, présentées sous forme de keynote. Pour ne pas être redondante avec l’enregistrement que je vous invite vivement à visionner sur le site de Transbook, je voulais revenir sur quelques moments forts. En premier lieu la présentation d’Etienne Mineur, décrit comme un pionnier de la création numérique en France, et qui, comme le dira plus tard Julie Stephen Chheng est « the one », ce en quoi je la rejoins totalement. La Souris Qui Raconte est fan, même si nous deux, on ne joue pas dans la même cour ! Lorsque l’on est éditeur, numérique ou non, Les Editions Volumiques font figure d’exemple. Et même si parfois leurs productions sont très loin du livre, parce que « objets connectés » plus que codex, la curiosité et l’ingéniosité de leur directeur de création nous transportent. Il nous présente ces objets, créés avant l’arrivée de l’Ipad et dont il nous assure qu’ils ne sont pas très compliqués à faire (un livre qui tourne les pages tout seul, qui sait où vous en êtes dans sa découverte, un autre qui s’efface définitivement au bout d’un certain temps…). Il nous explique le rapport physique à l’objet, qui ne doit pour autant pas occulter son but ultime, celui de raconter des histoires ! Merci Monsieur Mineur !

Julie Stephan ChhengLes histoires, il en a été largement question pendant toute cette journée. Julie Stephan Chheng, que j’avais aussi rencontrée au dernier salon de Montreuil, puisqu’associée à l’équipe des Volumiques sur plusieurs projets, nous en a raconté plein. Toutes colorées et délicieusement poétiques. Elle nous a conté « Les aventures du petit train postal » (un projet que vous pouvez aider sur KissKissBankBank), les Aventures d’un village, Les dépliables… mais surtout le livre et l’application sur lesquels elle travaille depuis 2 ans « La pluie à midi » un des 5 projets ayant obtenu la bourse d’aide du SLPJ en 2014. L’histoire raconte les aventures de Joe, un petit poisson qui voulait être requin. Il y a très peu de texte dans ce récit, la narration étant celle que l’enfant élabore en aidant son poisson à accomplir ses quêtes, dont la principale est de retrouver son aileron perdu un jour de tempête (n’hésitez pas à regarder l’enregistrement de la journée, c’est vraiment intéressant).

Ce que j’ai retenu de ces deux keynote, c’est d’abord la passion des intervenants ! Deux envies énormes de faire des choses en utilisant tous les potentiels des tablettes. Mais ce sont aussi les difficultés rencontrées. Les coûts, bien sûr, exorbitants, mais aidés dans leur monétisation par un grand nombre de subventions (comme le fera remarquer Etienne). Si j’ai bien compris (sous réserve quand même), Julie a obtenu 60K€ de subventions sur son projet ! Des sommes de dingue pour créer des objets qui sont de véritables OVNI dans le monde de l’édition, avec aucune garantie de résultat ! Quel éditeur papier français, ou étranger d’ailleurs, est prêt à miser pour voir, à parier sur un concept, sur son porteur de projet comme on dit… et le financer !? Même si les choses bougent comme le disait Albin Michel Jeunesse, ça ne bouge pas assez vite, et les freins sont encore extrêmement fort !

crusoe-3-artikel2-410Tenues respectivement en espagnol et en anglais, les deux keynote de l’après-midi ont donné la parole à trois autres grands créateurs.
Alberto Morales Ajubel est originaire de Cuba. Avant de travailler en numérique, Alberto dessine pour la presse, dans son pays d’abord, puis en Espagne où il vit aujourd’hui. S’il parle avec humour, son univers graphique est assez noir, bien que coloré ! L’homme semble avoir de sacrées valises, mais un bien beau karma ! Bref, après nous avoir emmené loin dans son passé au travers de nombreuses illustrations, il arrive à ses créations d’aujourd’hui. En grand adepte d’iBooks Author, il publie des œuvres illustrées comme « The Cat that Walk by himself  » de Kipling (sélectionné en 2012 par Apple comme l’un des 5 meilleurs livres publiés avec IBA), ou encore « Robinson Crusoe » dont la version papier a été éditée chez Plume de Carotte. De fil en aiguille, ou plutôt, d’images de presse en illustrations pour la jeunesse, il nous entraîne vers ses prochaines publications : applications et jeu vidéo en réalité augmentée. Sous le sceau du plus grand secret, il nous montre des images que vous ne verrez pas sur l’enregistrement, et dont je ne dirai rien non plus, si ce n’est Whouhaaa !!! Aidé par sa compagne Irène Blasco sur la partie développement (si j’ai bien compris), il surprend toute l’assistance par l’adaptation dont il se montre capable tout au long de son parcours. Il y a quelques temps de cela, il avait juré à l’un des ses amis que JAMAIS personne ne pourrait dessiner avec un ordinateur. A bientôt 60 ans, l’homme jongle avec les nouveaux médias, curieux et avide d’en découdre !

imageGen.ashxAlors que la température monte dans la salle, il a fait chaud hier, mais moins qu’aujourd’hui (un peu comme l’amour ça…!), nos deux derniers intervenants prennent la parole. Ben Newman, illustrateur quand il ne prend pas les chats en photos, et son acolyte James Wilson, directeur de création numérique chez Nobrow. Ensemble ils nous présentent « Professor Astro Cat’s Solar System », l’application. Le livre, publié en France chez Gallimard Jeunesse « Professeur Astrocat aux frontières de l’espace » est traduit dans plusieurs pays. Fort du succès de son ouvrage, Ben a eu l’envie (toujours elle) de mettre son personnage en mouvement et en musique. A tour de rôle, Ben et James nous expliquent comment le livre a été repensé pour utiliser le potentiel de la tablette, passer d’un format contraint fini, dont les pages imprimées entravent l’action, à un format plus ouvert, animé, où il suffit de glisser le doigts sur l’écran pour voir au-delà ! Quelles ont été les sources d’inspiration pour la musique, quelles nouvelles expressions pour Astrocat et Astromousse…
Le concept de l’application est l’exploration du système solaire (idem pour le livre) mais en y associant du jeu, lequel permet à l’enfant de progresser en apprenant (mine de rien) pour construire, in fine, sa propre fusée et partir lui aussi à la conquête de l’espace !

Je vais m’arrêter là sur mon bla-bla, qui est fort long, finalement, mais la journée était bien remplie ! Vous l’aurez compris, j’ai passé un moment riche. Les échanges et les partages, éclairés par les présentations d’Etienne, Julie, Alberto, Ben et James m’ont nourrie d’une belle énergie, et m’ont appris aussi !

 


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