C’est en découvrant les sélections des bonnes lectures du Salon du Livre et de la Presse Jeunesse que j’ai repéré BOUM! Une application tout à fait étonnante.

Un petit tour vers le site du SLPJ sur les bonnes lectures du premier semestre, vous donnera déjà une idée des applications, e-books et webdoc retenus par le salon. Au passage, remarquez la présence de « Pour tout l’or du monde » de Cathy Dutruch avec les très jolies illustrations de Juliette Lancien (une des bonnes nouvelles de cet été pour La Souris Qui Raconte). Et puis cette petite interjection m’a interpelée, BOUM!

BOUM! ICÔNEAu commencement était Prévert, apprend-on sur le site des Inéditeurs (créateurs d’applications à prendre très au sérieux). J’y ai aussi vu du Trénet et du Magritte. Dans cette œuvre, la place laissée à l’imaginaire est telle que chacun y butinera selon ses propres inspirations ! Imaginée et superbement illustrée par Mikaël Cixous, l’application s’ouvre sur un chapeau noir qui, soufflé de la tête de son personnage, s’envole le long d’une interminable façade blanche aux fenêtres rouges. Le chapeau commence ainsi sa descente virevoltante, au gré de ses passages devant les fenêtres, dont certaines dévoilent une illustration. Si le chapeau devait rester un tantinet coincé sur le bord de la tablette, il vous suffit de l’incliner, à droite ou à gauche, pour redonner de l’impulsion à cette descente sans fin. Mais attention à l’effet hypnotique, car si vous accompagnez trop longtemps le chapeau, et que vous cliquiez sur une fenêtre bien après son envol (c’est en effet cette action qui vous ouvre les portes — fenêtres — du livre), vous arrivez directement à la fin de l’histoire (un petit bug à corriger peut-être ?) !

Entrons donc par une des premières fenêtres. S’ouvrent alors à nous, des images totalement dépourvues de texte, où seule l’ambiance sonore raconte. Une bande sonore signée Jean-Jacques Birgé, elle aussi remarquablement soignée, accompagne ce récit horizontal en noir et blanc au début, puis rouge, noir et banc…, puis blanc et bleu…, puis… place à la couleur !
L’histoire est celle d’un homme, chapeau toujours vissé sur la tête, qui dort jusqu’à ce que sonnent 7 heures, intimant le réveil. Après la douche et le petit déjeuner, l’homme prend alors la direction de l’usine, avec au bout du bras une mallette dont il ne se départit pas plus que de son chapeau, et à l’intérieur de laquelle il a mis une banane jaune Warhol.

Chapeau bas, notre homme voit rouge ! (3 illustrations côte à côte)
Chapeau bas, notre homme voit rouge ! (3 illustrations côte à côte)

Si rien n’est écrit, on devine que notre personnage est bougon. Tout devient rouge autour de lui quand la neige lui fait lever le nez et sortir de sa torpeur. Sa rencontre avec un papillon très rare va initier une aventure transgressive et inviter notre personnage à rêver à d’autres lieux que ceux qu’il emprunte chaque matin. Oh bien sûr, au début il se sait pas bien comment s’y prendre. Et puis d’écran en écran, c’est le grand saut dans le noir, qui ouvre sur le bleu du ciel et de la mer. L’homme est heureux. Il sourit. Des couleurs s’épanouissent autour de lui. Ce pourrait être la fin. Mais non ! Notre homme est rattrapé par ses habitudes. L’usine revient, obligatoire ! Il a pourtant fait une rencontre insolite. Essentielle ! Comme il n’est pas question que je vous dise tout, n’hésitez pas une seconde à acheter cette très belle application (disponible sur iPad et prochainement sur Android), financièrement soutenue par le SLPJ et le CNL !

Cette œuvre ne s’adresse pas aux plus jeunes. Exigeante, elle se mérite. A mon sens, l’absence de texte ouvre encore plus le dialogue entre enfants et médiateurs, et elle se bonifie lorsqu’on y revient. Comme le chapeau du personnage, acceptez ce souffle malicieux et à votre tour, virevoltez !


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