Avril… poisson suspendu à un fil… Avec la sortie de « Un rêve de sardine » le 1er avril, ou comment une petite sardine voulait devenir poisson d’avril, j’aimerais bien partager avec nos lecteurs quelques-uns de vos petits secrets ! Sylvie et Gaëlle, racontez-vous !

SARDINE blog

Sylvie, avant de parler de Justine (notre petite sardine), je voudrais que vous nous parliez de votre métier d’éditeur. Comment est-ce que cela s’organise pour vous ? Travaillez-vous pour une maison ou pour plusieurs ? À votre avis, quelles sont les 3 premières qualités qui « font l’éditeur » ?

Je suis indépendante, ce qui veut dire que je travaille pour plusieurs éditeurs d’où une grande diversité dans mon activité.
Je pense que la première qualité qui pourrait faire de moi une bonne éditrice est justement le fait que je sois également écrivain, ce qui me permet d’appréhender parfaitement les joies et les difficultés de l’écriture. La deuxième est sans doute d’être passionnée par ce que je fais. La troisième de travailler beaucoup, car c’est un métier exigeant qui demande un vrai investissement.

Avez-vous écrit avant d’être éditrice, ou bien est-ce l’inverse ? Comment passez-vous d’une casquette à une autre ?

J’ai commencé par écrire avant de devenir éditrice. Je passe sans difficulté et avec grand plaisir d’une casquette à l’autre, car chacune apporte ses plaisirs et ses responsabilités spécifiques. Chacune me permettant également de m’améliorer dans l’autre…

Pour en revenir à Justine, comment l’idée de cette petite sardine vous est-elle venue ? Et pourquoi la faire rêver de devenir poisson d’avril ?

Nous étions le premier avril et mes filles m’avaient, comme d’habitude, collé de nombreux poissons dans le dos ! Plus sérieusement, je suis également très sensible à la notion de différence, si présente dans notre monde. Nombreux sont ceux qui rêvent d’être différents, alors que paradoxalement, cette différence effraie souvent la plupart des êtres humains. J’ai voulu traiter à ma façon ce thème, de façon légère, puisque je m’adresse à des petits.

Vous m’avez soumis ce projet avec Gaëlle aux commandes des couleurs, pouvez-vous nous parler de cette rencontre.

Sylvie : Après avoir découvert le travail de Gaëlle, tout en collages et en poésie, j’ai eu très envie de lui proposer d’illustrer cette histoire. Je savais que l’aventure de Justine, qui se déroule évidemment dans l’océan, n’allait pas être évidente à mettre en images… Et elle y a parfaitement réussi !

Gaëlle : Un jour j’ai reçu un petit mail sympathique accompagné d’un texte d’une auteure que je ne connaissais pas encore. L’histoire douce et originale m’a tout de suite plu. Un coup de téléphone après, cette aventure en binôme démarrait joyeusement !

10-illus Sardine-blog

Lorsque j’ai reçu votre projet, j’ai eu un énorme coup de cœur pour votre style graphique Gaëlle. Pourtant ensemble nous avons pas mal tâtonné pour retrouver le caractère des premières maquettes. Ce n’est pas forcément facile, mais j’aimerais que vous nous parliez de vos (nos) atermoiements. Comment on peut se tromper, vingt fois sur le métier remettre son ouvrage et vaincre ses doutes pour réussir à produire des images dont la facture très graphique est assez unique.

Tout d’abord merci pour les compliments sur mon style graphique. J’avoue que j’ai toujours du mal à me définir graphiquement, j’aime tenter de nouvelles choses, ne pas m’enfermer dans un style, tester, jouer et m’amuser pour progresser. Mais c’est vrai que pour cette histoire, ça n’a pas été facile et c’est bien la première fois que ça m’arrivait. En général quand je lis un texte, les images me viennent et un style graphique les accompagne. Ici, ça a débuté aussi comme ça, mais ensuite je me suis perdue dans la narration et je suis devenue descriptive. Chose qu’il ne fallait pas faire, les mots de Sylvie suffisaient. J’ai donc essayé un style avec des bouts de bric et de broc, des éléments naturels mais ça n’allait pas, pas pour cette histoire. D’ailleurs ça a failli tomber à l’eau (c’est le cas de le dire), mais je ne voulais pas rester sur un échec. J’étais pleine de doutes ! J’ai quand même demandé de tout refaire encore une fois. Vous avez gentiment accepté. Là il fallait oublier les deux essais précédents, redémarrer de zéro pour retrouver ce style graphique qui vous avait tant plu. Je me suis donc remise en question, chose dure car l’on passe par des phases difficiles moralement mais cela s’avère indispensable pour progresser dans ce métier. J’ai commencé à découper, à faire comme je le ressentais, à faire abstraction de tout ce qui se passait autour de moi, à y mettre de la poésie, des émotions et nous y étions, là c’était bien moi, je me suis retrouvée dans ces images. Et d’ailleurs je pense avoir franchi un petit cap en illustration grâce à ces péripéties aquatiques.

Comment avez-vous appréhendé le côté animation ? Ça n’a pas été facile au début n’est-ce pas ? Expliquez-nous cela aussi !

Si ça n’a pas été simple, ça a été très intéressant et instructif, j’ai adoré. Il fallait penser à tout, chaque élément devait être attractif, rien n’a été laissé au hasard et ça a été très formateur.

Aviez-vous l’une comme l’autre travaillé par le passé pour l’édition numérique ? Si oui, pouvez-vous nous rapporter vos expériences.

Sylvie : Je travaille effectivement pour l’édition numérique, mais plutôt dans le domaine ludo éducatif puisque je crée et coordonne des applications de révision du programme scolaire. À mon sens, le numérique et le papier sont très complémentaires et je suis donc ravie de voir ma petite sardine prendre vie sur écran.

Gaëlle : Oui, j’ai déjà travaillé plusieurs fois pour l’édition numérique mais avec La souris qui raconte c’était une première et le résultat est vraiment gratifiant. En tant qu’illustratrice voir ses images s’animer, être rythmées par un univers sonore bien choisi, chaque détail est pensé, réfléchi et tout ça donne un résultat sublime. Vous êtes exigeante et c’est une qualité que j’apprécie énormément et qui fait la qualité de vos publications. J’ai été épatée de redécouvrir l’histoire une fois animée. Bravo à cette belle équipe.

« Un rêve de sardine » est le 30e titre de La Souris Qui Raconte. C’est une histoire charmante, fraîche et légère. Une histoire d’amitié héroïque (toute proportion gardée, Justine n’est qu’une sardine, et ses amis une anémone, une étoile de mer et un grondin !), mais pensez-vous que vous aurez l’une et  l’autre, l’occasion de prendre nos 4 comparses sous le bras et de les présenter aux enfants des écoles dans lesquelles vous aimez vous rendre ? 

Sylvie : J’interviens régulièrement dans les écoles pour parler de mes albums et romans, ainsi que de mes différentes « casquettes » éditoriales. J’aime beaucoup partager ma passion et faire comprendre aux enfants et aux adolescents qu’ils ont tous en eux (même s’ils n’ont pas de bonnes notes en français) la capacité et l’imagination nécessaires pour inventer une histoire. Et rien ne me fait plus plaisir que d’entendre finalement l’un d’entre eux me dire qu’il deviendra écrivain !

Gaëlle : Bien sûr, notre petite sardine a largement sa place dans les écoles. De plus en plus de classes sont équipées d’ordinateurs et l’ouverture d’esprit des enfants est immense. En plus c’est une histoire qui leur parle. Elle évoque l’amitié, le rêve, la persévérance, l’inconnu, l’effort,… c’est une jolie métaphore de la vie des petits et même des plus grands. Je leur parlerais d’eux, de leurs rêves, de leurs craintes, de leurs amis, … de l’universalité … de tout ça quoi ! Pourquoi une toute petite sardine ne pourrait pas ressentir ces émotions, se poser ces questions, avoir ces envies… dans son bel univers aquatique ?

Merci à vous deux pour vos réponses. Elles m’aident à mieux comprendre les personnes avec lesquelles je travaille, et j’espère que les lecteurs y trouvent également leur compte ! C’est un peu l’idée… en fait !


Commentaire sur

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *