04 | 12
2013

Bien sûr il faut en être, mais ce salon n’en reste pas moins une épreuve. Six jours à un rythme frénétique, avec des journées de 9 à 13 heures (auxquelles s’ajoutent les transports). Des enfants qui courent et braillent dans une atmosphère mal ventilée, humide et saturée, propice à la rencontre de germes, tous très joueurs eux aussi ! Des heures à parler en sur-régime pour couvrir le chahut ; à renseigner pour les toilettes, les vestiaires, la sortie, les escalators, la cafétéria…  cette année on a même eu une demande pour du papier cadeau, sur le stand du Kenji (stand d’éditeurs 100% numériques, pour les moins assidus) ! C’est aussi ça Montreuil !

Quel bilan, à part la crève ?
Pour commencer, je vous dois une réponse, puisque je faisais le pari dans mon dernier billet que les acteurs présents sur le Pôle Numérique ne seraient pas plus nombreux en 2013 qu’en 2012, voici la réponse. Nous étions 11 (seulement 1 de plus qu’en 2012), dont 7 éditeurs « pure-players » idem à 2012. Pas de quoi pavoiser sur la progression de ce Pôle, plutôt mal fichu ! On a eu beau argumenter ce qu’il nous semblerait pertinent d’améliorer au regard des expériences passées, rien, nada ! Tout pareil avec des erreurs en plus ! Cette année, le Pôle Numérique se divisait en 3 parties, on se demande encore pourquoi ! E27 – E 37 – E 43 !
E27, le Kenji avec les « pure-players » que vous connaissez maintenant (attention, interro à la fin de l’article). E-37 Totam, une librairie numérique jeunesse pour tous les écrans, co créée par des cadors du numérique Térence Mosca, Nathalie Colombier (Declickids) et Odile Leveugle (Applimini). Autant dire que le monde de l’édition attend beaucoup de cette initiative évidente, qui pourtant n’existait pas sur le secteur de la jeunesse. Enfin E 43, avec encore quelques autres acteurs dont les seuls « pure-players » (j’en profite pour rappeler ici qu’un éditeur pure-player ne publie pas de papier) étaient CotCotCot-apps.com et Audois et Alleuil, deux excellents éditeurs aux contenus de grande qualité. Pourquoi avoir ainsi éparpillés les protagonistes, avec entre le stand Kenji et les autres, un « no man’s land » appelé E35 sur lequel devaient fonctionner 3 tablettes XXL (fierté du SLPJ), qui ont surtout brillé par leurs dysfonctionnements ! Explication par l’image ! Et je vais passer à autre chose car ça pourrait durer des pages !

Pöle numérique salon

Après la partie géo localisation au sein du salon lui-même, revenons sur l’initiative Kenji, et ses répercussions sur le public. Je vous passe le chapitre des questions hors sujet, déjà abordées plus haut, pour vous parler vente ! Ce qui est quand même le premier moteur d’un salon ! Celui de Montreuil, à moins d’un mois des fêtes de fin d’année, ouvrant des perspectives évidentes. Le constat que nous avons tous fait, mes camarades et moi-même, c’est qu’il est possible de vendre du numérique sur un salon ! Le client est confiant, même s’il ne repart qu’avec une carte. Il s’est montré curieux, étonné, et séduit par les offres que le Kenji a mis en place. 5 appli et le sac pour 15€, pour une première, ça a plutôt bien marché ! Mais restons clairvoyants, cela a marché dans le registre numérique que nous connaissons, et le coût de notre stand n’en a pas été amorti pour autant ! Notre groupement a convaincu parce qu’enfin le client retrouve tous les éditeurs membres via une seule url. Pas forcément besoin de connaître le nom des uns et des autres, le collectif ouvre sur une offre globale bien plus intéressante que des initiatives individuelles qu’il n’est pas toujours facile d’identifier. Pourqoui ? Parce que c’est la pagaille chez les fournisseurs de contenus, et que pour trouver des choses de qualité, eh bien non, ce n’est pas simple ! Bien sûr tous les pros se connaissent entre eux ! Je parle plus haut de Térence ou de Nathalie, aux compétences reconnues par leurs pairs, mais la madame Michu, elle, ne connaît ni l’un ni l’autre ! Lui donner un point d’entrée qui lui garantisse contenus de qualité et facilité d’accès, n’est-ce pas cela qu’elle attend avant tout ? Le public dans tous les cas a trouvé l’initiative excellente ! On ne va pas refaire l’histoire de ce marché, écrite d’abord par les professionnels et commentée par les mêmes professionnels.  Le grand public lui, attend quoi ? Demande quoi ? Espère quoi ? On lui raconte des trucs terribles sur l’effet désastreux des ondes, la tablette serait en fait un engin de mort ! Si, si… Ça attaque les enfants entre 0 et 5 ans, mais les jeunes ados qui vivent, dorment, mangent, se douchent (et j’en passe) avec leur smarphone, ne génèrent pas une telle polémique ! Une femme complètement allumée est venue nous sermonner, genre prophète de l’Apocalypse, en nous accusant de stériliser les générations pour les siècles des siècles (Amen) ! Je rigole, il vaut mieux, mais la madame Michu, qu’est-ce qu’elle fait dans tout ça, elle croit qui, comment est-ce qu’elle s’y retrouve ? Pas bien…

Cette réflexion me conduit direct au Mïce où cette année le Kenji avait sa petite table sur le toit du salon. Les pros rencontrent les pros, toujours les mêmes ! Et puis une discussion avec Hervé Bienvault (Aldus) me conforte sur mes propres analyses du marché. La matinée pro « De la page à l’écran » a eu lieu le vendredi (le programme ici) ! De grandes sociétés comme Edmont Kids Media, IGS ou Arte nous ont présenté leurs actions, et pour certaines, parlé de leur modèle économique, mais sans rien dévoiler, faut pas pousser ! C’est d’ailleurs assez marrant, on vous appâte avec des trucs super au point techniquement (qu’on aime ou pas est un autre débat), mais on vous laisse toujours sur votre faim pour ce qui est des coûts et de la rentabilité ! Ce qui, vous avouerez, est franchement frustrant lorsque vous êtes un petit riquiqui, avec des moyens riquiqui, et une énergie a déplacer des montagnes, et que vous aussi aspirez à des solutions  ! Iznéo nous présentait sa plate-forme de BD. Entre 2 000 et 3 000 abonnés depuis son lancement il y a bientôt trois ans, l’imprécision laisse rêveur ! Mais Iznéo c’est Média Participations, donc ils ont un peu de temps (d’argent) devant eux ! Le moment de la matinée que j’ai préféré revient à la présentation que Cédric Naux a faite du « J’aime lire store » ! Du zéro langue de bois ! Oui Bayard rame aussi, mais à la différence des autres gros acteurs qui font passer des vessies pour des lanternes, Bayard assume ! Le numérique jeunesse coûte beaucoup d’argent (développement, production, marketing, commercialisation…), et si des Nathan vous expliquent, sans vous donner de montant, que l’application développée avec IGS pourra être industrialisée et permettre une optimisation des coûts, qu’en est-il de la vente et de la machine qu’il faut déployer pour se mettre en avant ? Aujourd’hui, aucun acteur ne détient la recette miracle, pas plus chez les gros que chez les petits ! Au moins sur ce point on est à pied d’égalité !  Alors merci Cédric pour cette présentation coup de poing qui a du en déranger plus d’un ! Et pour boucler la boucle je reviens à Hervé qui, comme moi, comme Cédric, se demande si oui ou non ce marché a une chance d’exister un jour. Un marché qui, comme je le disais dans un précédent billet, fasse métier et puisse payer auteurs, illustrateurs, créatifs, développeurs, marketeurs, commerciaux, community manager… une équipe quoi, et pas deux ou trois pauvres gars qui s’escriment dans leur garage !

Amis éditeurs jeunesse qui lisez ces lignes, sur ces 6 jours de salon, le Kenji a montré que le public est en attente d’une offre centralisée, dans laquelle il puisse se retrouver. Sans faire de propagande racoleuse, je crois sincèrement à la mutualisation de nos collections, à la mise en commun de nos efforts, de nos démarches, de nos questionnements. Nous regrouper et agir avec un objectif commun me semble être une des clefs de notre réussite future, si vous aussi partagez ce point de vue, n’hésitez pas à le dire ici ou sur le site du Kenji.


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